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Heureux soit ton nom - Sotiris Dimitriou

Traductrice Marie Cécile Fauvin

mercredi 4 mai 2022 par penvins

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Quidam éditeur

La langue, celle que l’on parle, celle également qui définit, langue de ceux qui se battent pour survivre face à ceux qui parlent une autre langue ou qui n’ont pas la même religion. Mais surtout une langue qui se heurte à la langue officielle celle de ceux qui, fusil à la main, profitent de votre faiblesse. Langue qui se fiche de dominer, qui préfère ne rien dire de la douleur et ignorer les mâles indignes :

‘Coutez, femmes. C’était des ogres, des cadets, pas des mâles. Dès que possible on ira à l’église et on se dessouillera. Mais vous direz rien. Jamais. C’est compris ?

Ce parti pris d’une langue orale pour dire la violence des humains, la traductrice le respecte en faisant appel à des équivalents, voire en les recréant à partir des patois de France, seule façon sans doute de donner à entendre la langue de l’Epire des années quarante, langue qui n’a pas encore subi l’influence purificatrice de la katharevoussa. La pureté a toujours été l’obsession des régimes autoritaires. Ainsi peut-il être donné témoignage de ce qui se vit entre Albanie et Grèce avant que l’Albanie ne s’isole et que les Grecs comme Sophia ne soient coupés de leurs racines.

Trois récits disent ce que vivent les Grecs en Albanie en ces temps de guerre. Celui d’Alexo toute jeune fille partie de l’autre côté de la ligne de démarcation avec d’autres gamines chercher de quoi se nourrir, puis celui de Sophia sa sœur, retenue par la fermeture des frontières et qui devra subir les diktats et les humiliations du régime totalitaire d’Enver Hodja lui interdisant toute relation avec les siens, enfin celui du petit-fils de Sophia, Shpejtim qui lorsqu’il entre au pays de ses grands-parents découvre l’hostilité des Grecs à son égard.

Racontée par des historiens, les haines, mais aussi l’entraide par-delà les méfiances intercommunautaires, ne sont que des jeux de pouvoir qui se disent en langage académique et ce qui se vit dans la chair des hommes et des femmes disparaît sans cicatriser. En allant chercher au cœur du langage vivant, Sotiris Dimitriou met à jour les impasses où s’enfoncent les peuples, il rend compte de ce qu’une langue pure telle la katharevoussa ou, bien évidemment, la langue de bois des régimes totalitaires, ici celui d’Enver Hodja, ne veulent pas que l’on dise de la complexité des relations entre les humains et de la misère où les plongent les nationalismes.

Un texte qui se devait d’être traduit et l’a été au prix d’un travail remarquable.



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