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Felten, Exposition - Galerie Paris, New-York, La Galerie - Luxembourg
lundi 12 mars 2012 par Jean-Paul Gavard-Perret

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MONSTRATION :
FELTEN ET LE MOUVEMENT DES COULEURS.

Felten, Exposition, Galerie « Paris, New-York, La Galerie », Luxembourg du 8 au 31 mars 2012.

Par (et entre autres) l’utilisation des couleurs François Felten transgresse tout édit de chasteté dans la peinture. Sans fausse pudeur mais sans outrance orgiaque il fait dilater les sujets inépuisables que sont les apparitions des monstres et des lieux obscurs de l’inconscient. Dans l’œuvre la raison n’est pas forcément en fuite mais elle n’est pas - tant s’en faut - le souci majeur du créateur.

En contemplant son travail il est facile de penser à Cobra qui soudain se mettrait en concubinage notoire avec le lyrisme abstrait. Mais les couleurs comme les traits des toiles de Felten les poussent plus loin : du côté de la jouissance sensorielle portée à l’obsession - sans laquelle l’art n’est rien.

L’œuvre est débridée, elle déhanche le réel. L’ineffable devient un bestiaire sauvage et fabuleux et suscite une irrésistible attirance voire une attraction irrépressible. Au théâtre de la cruauté fait place une vigueur plus sensuelle.

Face aux Kandinskieurs et à ceux pour qui la ligne et le noir et blanc délimitent des champs, le créateur invente des espaces mordorés. Ils atteignent la puissance des forces des profondeurs. Felten les fait remonter en des distorsions capitales. Elles deviennent les structures d’un imaginaire qui se moque de la cérébralité. Les formes giclent de manière apparemment irrationnelle pour prendre l’inconscient au dépourvu.

L’artiste héros se fait passer pour un histrion. Il rappelle à bon escient que la vie n’est pas qu’un leurre et que la mort n’est pas un Shakespeare. Nous pouvons enfin entrer dans le non stratifié à la jonction de diverses tensions de vie et de mort.

Le travail de Felten devient le lieu de la mutation de la composante humaine ouverte soudain à ses gouffres (pas forcément amers). Les formes ovulent et giclent afin de proposer une avant-scène à nos coulisses. Si bien que la confrontation plastique est autant spectrale que spectaculaire.

Le corps sort de ses abris, son identité cachée se déploie. Felten en déploie les monstres Le peintre les mitonne sur d’étranges étals ou plutôt sur ses tables de dissection et sous multiples avatars. « Je vous la prépare ? » semble dire l’artiste. Sans attendre de réponse il tranche dans le vif pour que des mets amorphes osent…

A chacun bien sûr ses bêtes, leurs fourrures et leurs tripes. Mais dans tous les cas l’animal rit. Felten rappelle que l’âme humaine est donc soluble dans la bête et que nous vivons dans les porcs (épiques ou non). L’art naît dans une fièvre de cheval.

Face aux artistes philosophes à qui il faut toujours un mitigeur de morale Felten fait passer du fleuve du songe aux affluents du réel. L’ivresse est là. Séduisante comme jamais dans le fouillis des formes et la joie des couleurs. Nous sommes livrés au risque de la défaillance panique au sens où Arrabal et Topor - dans leurs belles années - l’entendaient. Cette pratique n’est plus une possibilité de comprendre, mais l’impossibilité de ne pas comprendre ce qu’il en est de nous. Dans l’œuvre le rat d’eau méduse. Se découvre en lui un manteau de visions.

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