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Les égouts de Los Angeles - Michael Connelly
jeudi 30 août 2012 par Ange Philippe

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« C’était comme de descendre en enfer. Sous terre, on sentait l’odeur de sa peur. On avait l’impression d’être déjà mort. »

Los Angeles, la cité des anges, son quartier chic de Berverlly Hills, son mythique Walk of Fame, son glamour Chinese Theater, ses studios d’Hollywood, sa chaude plage de Malibu, ses célèbres universités USC et UCLA, son gigantesque Staples Center, son cadre angélique, … et ses égouts. Quand on évoque la deuxième ville des USA, il est difficile de penser à autre chose qu’à son cadre idyllique. M. Connelly, lui, choisit L. A. comme environnement de son polar, mais plutôt que de tomber dans le raccourci d’un choix des beaux quartiers célèbres et fréquentés, il choisit une des faces les plus sombres de L.A. : ses égouts. À titre personnel, je pense que la pire facette de L.A., encore pire que les ghettos et les quartiers chauds comme Watts, ce sont les égouts et la fameuse Los Angeles River. D’une part, pour des raisons historiques, car les égouts et la Los Angeles River ont fait l’objet de magouilles politiques et de corruptions durant les années 30 ; d’autre part, pour les raisons actuelles, les égouts étant les endroits où sont régulièrement trouvés des macchabées indésirables.

Plantant comme décor de l’action la facette la plus sombre et la moins visible de LA, Connelly va remarquablement nous faire une visite guidée de la ville à travers une précision du détail des noms de rues, des intersections et carrefours et un réalisme du temps de trajet entre deux boulevards. Cette impressionnante justesse montre l’apologie subliminale que fait l’auteur de cette ville. Cette ville si attirante, cette ville associée à la Gloire, cette ville associée à la Violence et aux rêves brisés. La puissance d’écriture se symbolise par cette plongée souterraine dans les entrailles de la ville à divers moments du roman : lors de la découverte de la victime, de la recherche d’indices du FBI et lors du dénouement final. La mise en scène de Connelly se fait sous les traits d’une allégorie splendide : en dessous, de la Ville du Rêve (cette sorte de paradis sur terre), se trouve sa facette la plus sombre : l’enfer des égouts. Ces égouts où il règne une chaleur caniculaire, des odeurs fétides et irrespirables et l ‘obscurité la plus totale. Ces égouts qui dissimulent des méfaits ingénieux et malsains, des égouts cachant les vérités les plus terrifiantes.

Comme premier roman, on ne peut atteindre un tel degré de tension et de suspense, Connelly, lui, le fait. L’histoire, à contre-courant des polars stéréotypés des années 90, fait office de roman visionnaire. Vingt ans plus tard, des scénarios identiques sont plébiscités et retranscrits à toutes les sauces. Ce roman est une véritable innovation à remettre dans son contexte.

Là où l’innovation est moindre, c’est le profil de l’enquêteur. Harry Bosch est presque une caricature du flic moderne. Ancien du Viêtnam, psychologie en vrac, cauchemars, etc.… Et pourtant, il n’est en rien commun aux héros modernes. Son prénom (Hieronymus) est déjà exceptionnel, son amour pour l’art moderne et en particulier un tableau (Cf. les oiseaux de la nuit de Hopper) le classent dans une catégorie de flic jamais rencontrée jusqu’à présent. Et que dire de son comportement ? Bosch, c’est le flic rebelle, loin des flics conformistes qui travaillent main dans la main avec la hiérarchie. Il aime mener son enquête tout seul, en décidant tout seul de l’orientation à prendre. J’ai adoré la scène où il se joue des enquêteurs de la police des polices dans le bureau de son supérieur. Bosch n’a pas peur de la hiérarchie, il n’hésite pas à désobéir et va jusqu’à menacer même le FBI !! Jouant constamment sur la corde raide, s’appuyant sur un instinct infaillible, il n’est pas le plus futé mais il est certainement de la trempe des inspecteurs qui anticipent et connaissent le coupable rien qu’en établissant leur première liste de suspects. Pour le plus grand plaisir du lecteur qui découvre un nouvel héros policier en même temps qu’une facette de Los Angeles.



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