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La Femme-Précipice, Princesse Inca alias Cristina Martin

Ouvrage traduit de l’espagnol par Laurence Breysse-Chanet et publié aux Editions La Contre Allée dans la collection La Sentinelle

dimanche 10 février 2013 par Françoise Urban-Menninger

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Paru en 2011 à Madrid sous le titre "La Mujer Precipicio" aux Editions Libros Del Silencio, ce recueil composé de soixante-sept poèmes vient de paraître en France dans une traduction taillée dans le vif de l’être et à fleur de peau que l’on doit à la sensibilité de Laurence Breysse-Chanet, agrégée d’espagnol mais également poète.

D’emblée le cri qui émane de ce livre et qui s’élève telle une oriflamme interroge sur la vie même de son auteure. Dans une préface lumineuse et inspirée, Laurence Breysse-Chanet nous éclaire sur le parcours atypique de Princesse Inca alias Cristina Martin née à Barcelone en 1979.

Ecrire pour Princesse Inca est une nécessité absolue qui lui ouvre les barreaux de sa prison mentale. Le poème, de sang et d’encre mêlés, y danse dans cette pleine lumière de l’âme où l’on perçoit une sauvagerie qui semble surgir de très loin, des tréfonds de l’être et qui pourtant nous donne à percevoir des échos qui nous paraissent familiers...Cette musique des abîmes qui nous vient de l’autre côté des mots, Cristina la porte en elle, elle en est irriguée et envoûtée. Altière, elle descend d’une lignée de gitans à la parole rebelle et au verbe haut qui virevolte autour d’un feu qui n’a de cesse de renaître de ses cendres.

Laurence Breysse-Chanet nous le dit "la peau des poèmes s’offre à nous dans sa brutalité, son silence violent, contre lequel les mots viennent frapper". Alors les yeux ouverts entrons dans cette danse qui a partie liée avec notre propre mort trop souvent mise en sourdine dans une société aseptisée, trop normalisée pour être vraie.

Car Princesse Inca nous le crie dès le premier poème "La Vérité et la Raison sont des créations de l’être humain" et d’ajouter "Il n’ y a pas de folie, rien que des gens qui rêvent debout".

Mais "rêver debout", c’est toujours et encore se tenir au bord du précipice, au bord de soi-même jusqu’à ne plus savoir qui l’on est :" /je suis/ je-ne-le-sais-pas/ je suis ?".

Errance du verbe, errance de l’être... Mais c’est cette errance qui met le poète au monde :" Pour vivre, on ne peut que vivre près du bord, installé sur la ligne dans un équilibre inquiétant qui permette d’observer la douleur, et d’y participer, et aussi du baiser, de l’après, de la pluie..."
Mais c’est dans cette errance au plus loin de soi et dans le même temps au plus près de son entité où se confondent folie et raison que naissent les poèmes de Princesse Inca dans "le Non-lieu" où il n’y a plus d’écart entre soi et soi, plus de masque mais où la chair brûle et parle de cette petite voix déchirante qui traverse le poème et nous touche jusque dans notre chair : "Faites-moi prendre beaucoup de cachets/ pour que je ne sache même pas prononcer mon nom,/ pour que je cesse de sentir/ la somnolence d’une vie percée de poignards". Cette voix qui traverse l’écriture de Princesse Inca est celle des "grands blessés de la vie" nous dit Laurence Breysse-Chanet, elle est celle de toutes ces femmes qui telle Sylvia Plath se sont transcendées dans leurs écrits. "J’écris pour une seule raison/ Il y a en moi une voix/ Qui refuse de se laisser réduire au silence" , dira Sylvia Plath en 1948 (Letters Home), Princesse Inca quelques années plus tard semble lui répondre : "Une voix crie : buleria par solea. Cette voix je la sens aussi mienne que le battement de mon coeur. Elle est mienne. Mienne. Gitane blanche".

Françoise Urban-Menninger



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