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Par les fossés et par les haies d’Emile Storck

Poèmes traduits de l’alsacien par le Cercle Emile Storck, Prix du Patrimoine Nathan Katz 2013, paru chez Arfuyen

mercredi 19 juin 2013 par Françoise Urban-Menninger

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Dans sa préface éclairée, le philosophe Jean-Paul Sorg nous rappelle que l’oeuvre poétique d’Emile Storck jamais rééditée depuis plus de cinquante ans sauf quelques traductions de Verlaine ou de Baudelaire, est restée dans l’ombre. Son aîné Nathan Katz disait pourtant de la poésie d’Emile Storck qu’elle était plus "forte" (stärker) que la sienne.

Voici cette injustice en partie réparée grâce aux Rencontres Européennes de Littérature et de l’attribution du Prix du Patrimoine Nathan Katz pour la traduction de "Par les haies et les fossés" par le Cercle Emile Storck où l’on retrouve Jean-Paul Gunsett, Richard Ledermann, Jean-Paul Sorg et Albert Strickler.

Très vite à la lecture de ce recueil, qui comme son intitulé l’indique, va nous entraîner sur des chemins de campagne où sont "tombés des morceaux d’azur", on songe immanquablement à René Schickelé et à ses "Paysages du ciel". Le même lyrisme irrigue ces poèmes de ciel, de terre et d’eau mêlés. La grâce émane de chaque vers et avec le poète, nous transcendons le continuum espace-temps pour nous transporter dans ce lieu merveilleux et intemporel où l’âme, pareille à un papillon, vient "baigner" ses "ailes dans le souffle de la brise".

Dans une parfaite symbiose avec la nature, Emile Storck crée des synesthésies qui semblent couler de source. Ainsi dans "Orage dans la nuit", il écrit :"Ensuite dans le silence un long soupir parcourt la nature". Le poète devient ce souffle qui génère une musique où le poème est dansé au bout des mots tel "un ballet de libellules". Emile Storck se parle à lui-même et nous tutoie dans le même temps :"Souffle/ en ces lumineuses heures bleu ciel" et l’on ne peut que le suivre lorsqu’il réveille notre regard en s’écriant "La beauté est vivante partout, même si ton regard/ émoussé par l’habitude ne lui prête plus d’attention".

La lecture de ce recueil procure au lecteur un vrai bonheur, nul doute que les traducteurs ont pris beaucoup de plaisir à accompagner le poète. Albert Strickler dans le dernier tome de son Journal "Les andains de la joie" évoque cette rencontre et l’on imagine volontiers que le poète des "riens somptueux" et celui du "Papillon Aurore" qui sont de la même lignée ont eu partie liée au coeur même de cet ouvrage. Et chez l’un comme chez l’autre, la mort semble par avance consentie dans une sérénité apaisée, voilà ce que nous confie le Papillon Aurore :"et quand viendra l’instant de la mort je m’effacerai en silence".

Emile Storck nous offre indubitablement avec ce recueil l’un des secrets du bonheur. Dans le poème "Paix au bord du chemin", l’auteur nous parle de "la joie profonde" qui l’envahit et d’ajouter "comme alors tout est simple dans ta vie :/ ici un chemin en lisière des bois, là un prunellier/ avec ses petites baies bleues, une pierre plus loin".

Emile Storck nous permet de renouer avec notre cosmicité et de la faire chanter en pleine harmonie avec ce paysage alentour qui renvoie à notre jardin intérieur où notre enfance chemine tout au bord de cette lisière où notre origine et notre fin confinent.

Françoise Urban-Menninger

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