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Les andains de la joie d’Albert Strickler

Journal 2012, Le chant du merle

lundi 15 juillet 2013 par Françoise Urban-Menninger

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La dernière page du Journal 2011 à peine tournée que voilà sur nos tables de chevet, un nouveau volume qui témoigne au jour le jour de la pensée itinérante, voire de "l’état poétique" tel que le définissait Haldas, de son auteur Albert Strickler.

Tout à la fois carnet de voyages, chronique littéraire, musicale ou artistique, ce livre nous amène à partager avec le poète des moments de grâce, de joie mais de peine également. Le premier janvier 2012 annonce le retour du "Je" disparu dans "Hors je" et dès les premières lignes le ton et le rythme sont donnés. On s’invite avec l’auteur à la table des mots, on côtoie "Mère" dont le mot d’ordre est "Mourir l’évier propre" ou qui affirme une préférence avérée pour Le Monde en raison de la qualité du papier qui lui sert "à faire les vitres"...
L’humour dont on prétend qu’il est l’expression de la politesse du désespoir est bien présent dans ce Journal où le temps s’ébroue au fil des saisons. Albert Strickler de nous confier sur le ton de l’aparté cette constatation juste et lucide :"Toute sa vie, n’avoir fait la courte échelle qu’avec son ombre ; barreau d’un poème à l’autre". Et c’est bien d’un jour à l’autre que l’oeuvre de l’écrivain se construit sur les fameuses fondations que sont "les riens somptueux" que l’auteur nous dispense généreusement depuis le Tourneciel sur les hauteurs de Sélestat où il vit en parfaite symbiose avec la nature. Les murs en sont cette bibliothèque immatérielle que l’auteur transporte avec lui et où il puise des extraits des écrivains qu’il affectionne et qui font partie intégrante de son vécu, les portes et les fenêtres sont les séjours en Bretagne, les escapades à Paris ou un voyage mythique en Argentine où il nous convie à le suivre.
Mais partout et à tout propos, la voix du poète surgit, elle se fait l’écho des voix de Char, Storck, Kern, Dadelsen et de bien d’autres poètes encore qui viennent prolonger cette musique de l’âme qui donne au Journal son tempo et sa couleur.
Albert Strickler, une fois de plus, nous tend le miroir liquide du temps qui passe et où nous nous plaisons à plonger nos pensées, nous y reconnaissons nos joies, nos émois mais aussi nos angoisses les plus secrètes sur cet andain ou "chemin que trace le faucheur à mesure qu’il avance dans son travail". Ce chemin qui est traversée de l’écriture mais aussi traversée de la vie nous renvoie à un art de vivre qui est une manière d’aborder la mort car écrire n’est-ce pas tout simplement apprendre à mourir ? Albert Strickler nous le confirme :"C’est ça, tu es ta propre mort qui avance vers toi, andain après andain".
Mais nul doute que la définition qu’il donne de la joie "conçue comme une déflagration intermittente de l’être" illumine chaque page de ce livre où il fait bon se ressourcer !

Françoise Urban-Menninger

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