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L’Homme qui avait peur des livres de Marcel Cohen

Prix Jean Arp de Littérature Francophone 2014 paru aux Editions Arfuyen

dimanche 4 mai 2014 par Françoise Urban-Menninger

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Les Neuvièmes Rencontres Européennes de Littérature viennent de s’achever à Strasbourg avec la remise de différents prix dont le prestigieux Prix de Littérature Francophone attribué cette année à Marcel Cohen qui succède ainsi à Henri Meschonnic, Marcel Moreau, Pierre Dhainaut, Valère Novarina ou encore à Silvia Baron Supervielle.

Avec "L’homme qui avait peur des livres", Marcel Cohen, auteur d’une oeuvre en prose considérable, appréhende dans un ensemble de textes divers son approche personnelle de l’écriture et de la lecture.

Dans le texte intitulé "Made à China", la faute de syntaxe dans l’étiquette consistant à ne traduire que la préposition devient le prétexte pour l’auteur d’une intrusion dans l’univers des détails réputés insignifiants. Or c’est pourtant cette manière de regarder et de percevoir le monde par le biais du "reflet d’une croisée d’une fenêtre sur les yeux d’un personnage anonyme" d’un tableau du Louvre que Marcel Cohen nous touche au plus vif de l’âme.
Dans le récit "L’Homme qui avait peur des livres", l’auteur se met en scène à la troisième personne du singulier mais c’est bien son expérience propre qu’il évoque. Et de nous affirmer avec justesse : "Si les masques ne tombent pas dans les livres, s’ils dénudent de grands pans de réalité, la lecture retranche aussi sûrement qu’elle ouvre les yeux". Et de nous livrer son interrogation quant au "monde dont il venait de s’extraire" et qui peut-être" n’était pas partageable". Autant dire que la solitude du lecteur s’apparente à celle du "coureur de fond" à propos de laquelle écrivait Alan Sillitoe.

Quant au chapitre que Marcel Cohen baptise "Naissance d’un écrivain", il nous évoque sans détour l’angoisse de celui qui s’enferme dans "une impasse" et de conclure ainsi avec une bonne dose d’ironie :"En somme pour se sauver, le futur écrivain comprend avec terreur qu’il doit commencer par accepter de se perdre".

Dans l’entretien repris en fin d’ouvrage où Marcel Cohen répond aux questions de Philippe Hamon, l’auteur déclare être "résolument réaliste".
Et c’est véritablement dans "les faits" qui l’obsèdent que l’auteur atteint cette réalité qui ne peut être que dégradée dans la fiction. Marcel Cohen pense évidemment à la Shoah et à "l’abattage de masse" inventé dès la Première Guerre Mondiale". Et l’écrivain d’ajouter avec une extrême clairvoyance : "Il n’y a a aucune raison d’avoir meilleure conscience aujourd’hui" et de citer François Mauriac :" Cet hymne au progrès indéfini s’éleva onze ans avant la première tuerie, trente ans avant Hitler".
Nul doute qu’avec "L’Homme qui avait peur des livres" Marcel Cohen soulève les questions qui dérangent la conscience des bien-pensants ! Dans un monde où la fuite en avant élude toute forme de lucidité, les livres de Marcel Cohen sont des cris de lumière qui traversent et éclairent notre nuit.

Françoise Urban-Menninger

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