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Les fiancés - Alessandro Manzoni
par Meleze

UN LIVRE A CŒUR OUVERT

UN LIVRE A CŒUR OUVERT

Manzoni « les fiancés »

 

 

Imaginer une poitrine que vous ouvrez en deux. Vous en prélevez le cœur comme faisaient autrefois les prêtres sacrificateurs. Il est là entre vos mains. Il bat. Et ses battements dépendent de la foi que vous placez dans l’avenir du héros. C’est son histoire qui palpite maintenant entre vos mains. Faites un faux mouvement, relâchez votre attention un instant, le cœur s’arrête. Vous l’avez tué avant de connaître la fin de l’histoire.  C’est ainsi que se lit le livre de Manzoni « les fiancés » chef d’œuvre classique de la littérature italienne.

Un livre a cœur ouvert ! N’est-ce pas ainsi qu’on pourrait définir de nos jours tout ce qui se rattache à la littérature classique. L’histoire de fiancés se déroule entre Lecco Milan et Bergame. Le héros parcoure tout à pied. Aujourd’hui celui qui ferait le même chemin ne trouverait même pas un kilomètre de terre sur ce parcours tant ce périmètre est urbanisé, industrialisé. Le pied sur le goudron lui indiquerait, tout comme le cœur ouvert par l’imagination la distance qui nous sépare de la littérature classique.

Après avoir ouvert ce roman j’ai eu la curiosité de me demander si Bernard Pivot l’avait retenu parmi la liste des 100 livres des siècles qu’il fallait avoir lu pour passer l’an 2000 en honnête homme. J’ai eu l’intense satisfaction de savoir que non, de savoir que souvent la vraie critique ne lisait pas les livres avec son cœur, qu’elle avait ainsi des grilles d’analyse, des systèmes de référence auxquels Manzoni avait échappé.

D’ailleurs qui s’occupe vraiment du cœur en fait. Il bat, c’est tout ce qu’on lui demande. En dehors du corps humain il serait mort. Il ne fonctionne bien que si on l’oublie. Manzoni a beau avoir donné son nom à des rues dans toutes les villes d’Italie c’est ce qui lui est arrivé de temps en temps.

Il faut reconnaître que certains épisodes de l’histoire des fiancés sont un peu invraisemblables (histoire de la conversion de l’homme sans nom). Ca tient au parti pris du roman historique ou Manzoni comme Stendhal conserve des épisodes de la chronique historique de base, même au prix de l’ennui. Il n’empêche que son travail dans son ensemble, fortement inspiré de la Divine Comédie de Dante est passionnant. Il appartient à cette classe de la littérature ou les héros ont toute une série d’épreuves à traverser pour se retrouver. Comme il s’agit de fiançailles, entre des jeunes gens, évidemment très croyants et vierges, le psychanalyste verrait peut-être une signification symbolique aux différentes épreuves traversées par la virginité avant le mariage.

Mais pour ma part je préfère retenir l’épisode du Lazaret, institution par laquelle la ville de Milan a, en 1629/30 enfermé ses fous, que je ne me rappelais pas non plus avoir été citée par Michel Foucault dans son « histoire de la folie à l’âge classique ».

Donc Manzoni après avoir décrit l’enfermement des fous et des pauvres fait arriver la peste au milieu de tous ces miséreux.

 

            Et là je dis que c’est un roman magnifiquement moderne. Au diable les modèles, les ressemblances, les influences, le découpage en classes sociales. Seule reste l’épidémie et le courage d’y faire face quand nous sommes comme ces héros du début du 17° siècle confronté à une autre épidémie le SIDA. Or, contrairement à eux nous ne voulons prendre la maladie à bras le corps et nous attendons que les laboratoires trouvent le remède miracle.

 

MELEZE

11/10/2002

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