par Meleze
Curieusement bien que des milliers de pages aient été écrites sur Paris et sa région je nai trouvé nulle part quil ait été fait mention de cette caractéristique qui dépayse le touriste et désoriente lhabitant et qui est la géographie des fourches. En y réfléchissant elles sont bien naturelles dans une ville qui bien que ronde nest pas dessinée par un géomètre. Il faut bien que le piéton séloigne du centre. Mais justement le marcheur qui voit cela à son échelle et ne domine pas le plan densemble séloigne plus ou moins directement du centre jusquà perdre sa direction..
Les fourches sont si célèbre quil y en a même une, celle de lavenue de Clichy et de lavenue de Saint-Ouen qui a donné son nom à la station de métro. Et celle qui ma donné le plus de mal du point de vue de lorientation cest celle de la nationale 34 et de la nationale 4 dans le bois de Vincennes.
Parmi elles, une fourche sest prise à son propre piège. Dans un tracé si inconsciemment caractéristique de la région parisienne, il y en a une dont une des branches change de nom sans que personne en ait jamais été informé.
Cette branche se trouve au Bourget. Elle sappelle la nationale 2 puis la nationale 17. Cest la branche nord de la fourche, tandis que lautre branche, la N2 disparaît à lest car on a utilisé son trajet pour refaire lautoroute. Elle ne réapparaît donc sous son nom que du coté de Soissons.
Ainsi on peut se surprendre en montant du Bourget ?à Marly la Ville, à aller absolument tout droit alors quon a changé de route. La construction de lautoroute du nord date des années 60. A cette époque javais commencé à lemprunter comme auto stoppeur. Le Bourget avait sacrifié sa "Nationale" pour offrir une piste de décélération idéale pour arrêter les voitures à destination dAmsterdam tout en triant pour lauto stoppeur les grands trajets et les petits.
35 ans plus tard le secret de lorientation en région parisienne na toujours pas été révélé: Leo Mallet tu dors!
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Aujourdhui dans la Région Parisienne, quelque soit l endroit où on se perd, il aurait existé une façon plus simple de sy rendre, par une limite extérieure, après avoir emprunté une voie rapide.
Ainsi on peut dire, en région parisienne, que "linfiniment perdu nexiste pas". Impossible de séloigner à linfini en étant de plus en plus perdu. On retombe toujours, fatalement sur une limite, en général un de ces cercles concentriques hérité des fortifications ou autoroutier dont les militaires puis le génie civil ont raffolé.
Parfois le besoin de se perdre triomphe cependant du cartésianisme. Cetait le cas autrefois avec la "zone", qui sétait établie sur lancienne fortification. La limite sétait elle même transformée en "no mans land".
Jai découvert que de nos jours il y avait encore plus remarquable. Car on a commencé à construire des autoroutes en hauteur par dessus des ponts et des viaducs. Donc, quand on veut se perdre on trouve comme limite la vie souterraine qui sest développé en dessous des échangeurs. Elle se glisse sous la limite et séchappe dans lirrationnel.. "Lile" cest ainsi que
J.G. Ballard anglais et specoaliste de la sauvagerie urbaine appelle ces zones.
NONEVILLE existe: cest le nom dun quartier dAulnay sous bois;
Nest ce pas dailleurs un jeu de mot avec langlais signifiant que la ville quon cherche a disparu quil ny en a plus aucune (none). Claude Nougaro aussi la relevé dans sa chanson: il y avait une ville et il ny en a plus rien". En tout cas aussi rationnellement quon ait voulu aménager cette région on y a créé des limites puis on a tenté de les supprimer alors quon avait juste réussi à les déplacer.
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La fourche à bien des égards sépare Céline, le docteur Destouches et Henry Miller. Piétons ils prenaient la même branche de la FOURCHE, lavenue de Clichy qui les conduisait lun vers Clichy et lautre jusquà Bezons car cétaient de fameux marcheurs. Mais écrivant ils ont suivi chacun une branche. Un ami de Miller prétend que dans lhiver 1934 (où était-ce une autre année) Miller qui était correcteur de nuit chez Denoël, aurait eu le "Voyage au bout de la nuit", manuscrit, entre les mains et quil en a été terriblement influence pour son tropique du capricorne. Mais Céline était un introverti tandis que Miller sest lancé dans un éloge débridé de lhétérosexualité.
Un homme et une femme que cela fait du bien. Cest aussi un sens de la fourche. La ville telle quelle existait à lépoque offrait de nombreuses possibilité de se perdre. Ils ne se reconnaîtraient plus aujourdhui
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Pourquoi un juif parisien irait-il coloniser Israël? Cest ce que je me demandais à la suite dune discussion sur le cas dune jeune fille qui en cette fin de siècle voulait sinstaller la bas.
Ne suis-je pas né ici! Ma famille nest-elle pas installée en région parisienne depuis la nuit des temps. La Région parisienne jen suis plein dans tous mes écrits. Je la parcoure tellement dans tous les coins, quelle sue de mes pages, de mes thèmes de mes mots, broyant mon imagination.
Alors la vérité ne serait-elle pas que je suis utile? Une sorte de veilleur dans cette région que jhabite et que jai pu voir se nuire à elle-même, se déformer, senlaidir. Si je partais ailleurs, comme émigré nest-ce pas que je naurais pas finalement reconnu mon incapacité dy participer, de lempêcher de se détruire un peu plus?
Céline aussi ladorait, et y a été enfermé pour les même raisons. Bien plus quaprès la guerre de 1914 les blessures de cette région sont impossibles à réparer. Mais ce ne sont pas les autres les coupables. Nous ne pouvons nous en prendre quà nous-même. Je ne vis pas enfermé sur "la cote des gardes moi"!
Quelque part en moi jai encore lespoir quon va revenir en arrière, quon me rendra le droit de perdre mon chemin.
Les limites entre les communes ou entre les départements cesseront dêtre des autoroutes pour redevenir des collines ou des croisements. Les rivières redeviendront rivière; les côtes de la Seine porteront des vignes; et quand on montera sur le plateau du cote de Trappes ou dans la plaine de France on craindra les embruns on se réfugiera dans les vallons et on détruira les promotions immobilières qui de fient orgueilleusement le climat et les vents dominants en faisant le malheur de ceux qui y logent. Autour des parcs comme celui de la Courneuve se construiront de belles allées bourgeoises; les jeunes et les amoureux retrouveront le canal de la bastille à Gennevilliers comme Miller qui prenait le coche deau pour aller à St- Cloud ou au Vésinet.
Mélèze