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En marge des jours - J.-B. Pontalis
par Florence Trocmé

J

Gallimard 2002

En marge des jours, un très beau titre, qui sied admirablement au propos de l'auteur qui écrit comme posté sur la rive d'un long fleuve qui serait sa vie, en marge de ce texte que sont ses journées et aussi les séances d'analyse. Puisqu'en effet c'est une double existence qu'il mène, étant à la fois éditeur chez Gallimard et psychanalyste comme il l'expliquait bien dans un de ses précédents livres Fenêtres. Psychanalyste et pas des moindres, auteur en particulier du fameux Vocabulaire de la Psychanalyse, en collaboration avec J. Laplanche.

Rien d'intimidant ni d'ésotérique et encore moins de jargonnant pourtant dans le propos, bien au contraire. J.-B. Pontalis fait preuve d'une grande simplicité, qui se pare parfois, et on se prend à croire que ce n'est pas volontaire, de quelque chose de presque naïf, de la naïveté de l'enfant qui s'émerveille ou s'étonne de tel ou tel aspect du monde, des choses ou des hommes. C'est aussi un grand lecteur qui sait extraire le suc de ses lectures (Pancrazi, Bergounioux, Michon, Novalis, Quignard, Zweig, Freud).

Le livre repose sur le fragment : pensées au fil de la plume, souvenirs de séances d'analyse, citations, exercices d'admiration, aphorismes, caractères (au sens de la Bruyère comme celui, magnifique humainement et du point de vue du style, de cet homme qui se précipite chaque jour sur le carnet du Monde, se rassurant tant avec ceux qui meurent plus jeunes que lui que devant les longévités magnifiques : "Il ne parle jamais de sa mort et je crois bien qu'il ne pense qu'à ça" !).

Pontalis donne lui-même une excellente définition de son projet parlant de ses " cahiers privés " : "ce que j'y consigne : le moins possible de plaintes (propension du journal intime à n'être qu'un recueil de plaintes), le moins possible des mes humeurs du jour. [...] Plutôt des propos recueillis ici ou là, venus du divan, d'une rencontre, d'une lecture, l'ébauche d'une idée. Une sorte de " livre de raison " ou une comptabilité des jours ". Et d'insister sur le mot consigne, au sens de coffre à bagages où l'on dépose sa valise en attendant le train ! "Ca m'avance à quoi ? Je n'en sais rien. Peut-être quand même à m'assurer qu'il y a une certaine continuité dans ma vie, une fragile permanence du " Je " à travers les années".

Le lecteur lui la perçoit parfaitement cette unité dans ce propos très humain, dénué de prétention mais qui s'attarde autour de questions essentielles, à partir de la triple expérience de l'analyste, du lecteur et de l'écrivain, de celui qui écoute, de celui qui lit, de celui qui écrit.

Florence Trocmé

27/05/2002

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