par penvins
Se résigner à la mort, à ne pas en connaître lheure : " Deus no sabe o teu destino " Dieu ne connaît pas ton destin, cest se résigner à labsence du corps de la mère et il faudra à Catherine Mavrikakis tout ce livre pour y parvenir, pour dire son homosexualité - lhomosexualité est toujours une question daveu - et faire le deuil de tous les morts qui lencombrent.
Qui sont tous ces morts dont elle laisse à penser que cest la mère, toujours recherchée et vers laquelle il faut continuer à se diriger ?
Ce nest pas le lieu de naissance qui compte dans notre vie. Cest la recherche du lieu de notre mort qui nous pousse à continuer à vivre.
Ou encore :
Cest mon devenir-mort qui maccroche à la vie
A limage de ce que sa mère lui a appris : ma mère mamenait fleurir les tombes de tous les défunts du passé [à noter quelle parle ici des défunts dEurope tous ceux que je navais jamais connu mais à qui je devais tant] Catherine Mavrikakis nous parle de tous ses morts qui ne sont peut-être quun seul, tous ces homosexuels qui tous sappellent Hervé ( R.V. ?) et quemporte le sida. Cest toute une génération la sienne qui disparaît, disparition dont elle rend notre société responsable : Un ami dOlga pense que notre société est devenue infanticide. [ ] On dirait que la mort des enfants est devenue la seule épreuve de réalité qui nous reste.
Tout un livre donc pour faire le deuil en avalant ses morts. Il faut avaler nos morts ou cest eux qui nous bouffent. Tout un livre pour digérer la mort, pour exhumer et réenterrer les morts, pour sapproprier leurs corps comme pour sapproprier le corps de la mère :
Je mimagine souvent bébé goulue, avide du liquide amniotique, voulant à tout prix garder en moi quelque chose de ma mère. Je tétait déjà à lintérieur du ventre.
Jétais déjà en deuil de celle que jallais perde.
et enfin tout un livre pour loublier.
Catherine Mavrikakis faire preuve dune fascination pour la mort qui laisse le lecteur abasourdi. Jeu avec la mort lancinant qui donne parfois une impression dimmobilité.
Quand Catherine Mavrikakis dit quelle déteste le grec, la poésie, la campagne cest comme un refus du monde, un rejet de la réalité du père dailleurs, elle dit bien le grec (on pourrait risquer de souligner que cest son père qui lui a donné ce nom de Mavrikakis quelle ne veut pas assumer Mavro : noir kako : le malheur) cette réalité quelle ne pourra accepter que lorsquelle aura trouvé lhumilité de lire en lautre sa propre fin . Dans la mort de sa mère, la sienne !
Cest là quelle découvre enfin sa vérité, quand en un rêve elle avoue rechercher le corps de sa mère disparue au large du Chili et peut enfin brandir sa propre carte de la mort et enfin devenir une Antigone celle qui enterre.
Penvins
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Le 01/05/2002