Bon sang, quel beau roman !
mercredi 4 août 2010 par Josy Malet-PraudPour imprimer
Ed. Chloé des Lys – 2007
L’été…J’aspirais à voyager, je rêvais d’un dépaysement, j’avais besoin d’un bon roman… Les Romanichels attendaient ce moment propice.
Une jolie couverture aux couleurs -terre et feu- et 260 pages pour une croisière sur trois générations. Des escales en Belgique, dans le sud de la France, sans oublier l’Italie, Torino en particulier. Un beau voyage avec trois familles, pour une histoire émouvante à plus d’un titre.
Les romanichels s’inscrivent dans la lignée des fresques familiales où les personnages s’animent en 3D sous les yeux du lecteur : un univers tout en relief.
Les secrets de famille auraient pu dormir pour l’éternité si la maladie d’Alzheimer n’avait brandi son épée de Damoclès sur la tête de Suzanne. Elle est la mère d’Olivia, devenue femme. Mère et fille se connaissent en surface, Olivia ayant été élevée par sa grand-mère sans vraiment savoir pourquoi.
Si l’annonce de la maladie fait figure de menace, elle sera aussi pour Suzanne l’occasion de lever le voile sur un secret à la portée fondamentale, avant qu’il ne disparaisse, englouti par les trous noirs de la mémoire. Un secret conséquent, bien gardé par le clan familial, injuste pour la mère comme pour sa fille qui ne peut avoir eu jusque là qu’une vision parcellaire de la femme que fut sa maman. Un secret offert en héritage avant qu’il ne soit trop tard…
Un voyage aussi au cœur de deux familles dont les équilibres et les relations sont soumis aux épreuves du temps, aux convenances, aux carcans éducatifs, aux rêves et aux désillusions... Les destins s’entrelacent ou s’éloignent, tantôt soudés par l’amour, la tendresse ou les obligations, tantôt dispersés par les aléas de l’existence, les contingences sociales et les rancœurs. Un récit où conventions et conformismes, soumissions et rébellions conduisent en cadence l’évolution du roman.
Il faut du souffle, de l’endurance et une maîtrise certaine pour mettre au monde un tel roman. L’entreprise, périlleuse, compliquée, ne pouvait être portée que par un auteur de talent. Une écrivaine.
Dans Les Romanichels, Edmée De Xhavée ne se contente pas d’écrire. Elle compose une partition complexe, elle dessine des tableaux animés, elle sculpte les émotions et les sentiments, elle parfume les ambiances et les lieux. Elle imprime sa marque par un style élégant, limpide et dense, ouvragé comme une pièce de dentelle de luxe quand les circonstances s’y prêtent. Une écriture qui éprouve les cinq sens pour le plus grand bonheur du lecteur. Présent et passé, narration et dialogues s’associent sans rupture et sans discordance préjudiciables à la visibilité du lecteur ou susceptibles de rompre l’enchantement.
J’ai tourné la dernière page comme on ferme la porte sur un univers familier. L’esprit réquisitionné par les souvenirs et le plaisir, le cœur encerclé par la nostalgie. Pour ne pas quitter les Romanichels trop vite, j’ai relu les premières pages, puis les nombreux extraits signalés par un post it en cours de lecture ; et j’ai résumé pour moi-même ce que j’expose plus largement ici : « Bon sang ! Quel beau roman… ».
Josy Malet-Praud@Août 2010 / www.lascavia.com
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