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Le Bûcher des Vanités -Tom Wolfe
samedi 18 septembre 2010 par Meleze

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Tom Wolfe

En constatant qu’Exigence Littérature ne contenait aucune note ni mention de Tom Wolfe soit en tant qu’auteur soit sous la forme d’une note de lecture sur un de ses livres, il nous a fallu passer à l’action car bien que nous le considérions comme un auteur à succès, un peu secondaire il nous a accompagné toute notre vie.

Le premier livre, nous l’avions acheté par intérêt pour les USA. Le professeur de sciences politiques avait recommandé Acid Test, un recueil de nouvelles, comme une pénétration de l’Amérique profonde qui date de 1968 . Puis il y a eu "Le Bûcher des vanités" en 1985 qui a signé la rencontre de l’auteur avec le cinéma et enfin "Un Homme un Vrai" en 2007.

Pour être sincère « Un Homme, un vrai » ne nous a pas énormément plut et nous n’aurions pas essayé de faire cette note de lecture sur cette seule base. En effet ce livre contient quelque chose d’invraisemblable qui est la lecture du philosophe stoïcien Epictète qui parviendrait par le miracle de l’ignorance dans laquelle on le tient aux USA, à réunir entre eux un riche homme d’affaire avec l’un de ses anciens employés qu’il a licencié. Or cette conversion générale de l’Amérique au stoïcisme demandé par Wolfe est complètement irréaliste.

C’est aussi pourquoi nous n’admettons pas le jugement rapide de la critique qui classe Wolfe comme le Zola américain. Zola irréaliste ça ne passerait pas vraiment. Pourquoi qualifier Wolfe d’Émile Zola alors qu’il exprime une volonté philosophique précise non empruntée au romancier français ? Wolfe aime à se représenter souvent la chute de la richesse en haut de laquelle on a mis toute sa vie à parvenir. C’est le cas du « Bûcher des vanités » comme c’est le cas de Charlie « le vrai homme ». A ce titre Tom Wolfe choisit des héros qui sont en avance sur le déclin de l’empire américain dont on lit partout qu’il se replie sur lui même . Est-ce à cause de cette philosophie qu’il faut le retenir ? Est-ce qu’on doit le considérer comme un philosophe raté mais comme un sociologue achevé ?

Moi, je ne dirais pas cela !

Chacun des trois livres cités contient des descriptions absolument passionnantes de la société américaine qui font qu’on s’attache à l’ouvrage, à la vie des personnages et à leur rencontre. Il faut reconnaître qu’on lit 1000 pages sans presque jamais s’arrêter. Saluons le professionnalisme, la profondeur et l’originalité des enquêtes.

Il nous semble nous rappeler que les nouvelles qui composent « Acid Test » avaient paru dans la presse ou Wolfe travaillait encore à l’époque. Ça nous a donné l’idée de le rapprocher de Dickens plutôt que de Zola. Dickens aussi vivait comme feuilletoniste.

C’est plus chez Dickens que chez Zola qu’on trouve la description de la société de ses écoles de ses prisons, des bureaux de placement.

Donc à la description sociale de Dickens, Wolfe ajoute une technique par laquelle il va entrecroiser ses personnages, surprendre constamment le lecteur et dominer de toute sa hauteur ce qu’on appelle les ateliers d’écriture américain. Les deux derniers romans cités sont des ateliers d’écriture à eux seuls. L’auteur les a écrit chapitre par chapitre selon un plan bien organisé mais il n’a jamais participé à des ateliers. Et il est donc l’auteur d’une méthode qu’il n’enseigne pas.

C’est cela que j’admire et que je voudrais souligner. Dans « Un homme, un vrai » les descriptions des différents milieux de la ville d’Atlanta sont absolument passionnantes et extrêmement bien documentées. Puis en faisant rencontrer ses personnages comme par exemple Charlie et Martha tous les deux anciens conjoints et divorcés à ce moment de l’histoire, l’auteur crée des situations désopilantes où les dialogues ont beaucoup de charmes et sont très drôles.

Paradoxalement l’insolite dans ce roman est son côté Zola, son côté social. Ainsi Wolfe va consacrer un très grand nombre des pages de « Un homme, un vrai », peut être un tiers des 1000 pages, à suivre un de ses héros en prison. Ce dernier va nous renseigner sur le langage et les mœurs de l’incarcération, comme si Wolfe avait été impressionné par la série OZ et qu’il avait voulu lui ajouter quelques épisodes.

Dans le scénario général c’est une imperfection qui amène d’ailleurs avec lui d’autres invraisemblances. Certes ça s’explique par le temps dont l’auteur a besoin pour nous faire parcourir la philosophie d’Epictète. Mais on ne peut s’empêcher de comparer « Un homme, un vrai » avec « Le Bûcher des Vanités » et se dire que décidément ce dernier était mieux équilibré.

Acid Test ; 1968
Le Bûcher des Vanités ; 1985
Un Homme, un vrai ; 2007

Mélèze



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