vendredi 1er octobre 2010 par Stéphanie Chabert
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Récit de voyage, chronique autobiographique, l’histoire post-coloniale livrée par Romain Gary est celle d’un chassé-croisé passionné avec les trésors de l’âme humaine, diamants enfuis au cœur des terres dévastées de la Mer Rouge.
Romain Gary : trésors du bout du monde, chronique d’une rencontre
De Djibouti au Yémen, à dos de chameau ou à cheval sur une mob made in vieille Angleterre, Romain Gary transporte le lecteur dans un paysage de pierres calcinées et d’étendues or sablée, chronique vaporeuse d’un voyage au bout du monde. Étape après étape, le « je-Gary » évoque une Afrique sauvagement culturée par l’homme occidental, terre en friche compressée par le rouleau colonial, abandonnée aux mains d’une armée devenue l’ombre d’elle-même. Kaléidoscope post-colonialiste, ce récit de voyage esquisse des paysages de cendre et de feu, d’odeur de kat et de sueur. Immersion en terres hostiles, face à face grinçant avec les débris de l’Empire, avec ses laissés pour compte et ses âmes vides, la chronique du voyageur Gary ne s’englue cependant jamais dans la complainte funèbre ou le pamphlet pacifico-contestataire. À mi-chemin entre le cynisme et l’humour, l’écriture file une parole rude, poésie crue faite d’une révolte intérieure sans cesse ironisée et distanciée. De l’Afrique au Yémen, la route fournit son lot de rencontres, écrins uniques, feuillets particuliers que le récit permet de lier. C’est en tant que collectionneur de trésors humains que se révèlera peu à peu Romain Gary, happant et traquant les poussières d’humanité dans un continent pillé. Chronique d’une rencontre entre l’éternel et l’instant, le récit devient voyage initiatique, quête de l’ancestrale beauté du monde, toute entière contenue, tel un trésor, dans l’éphémère regard d’une enfant yéménite.
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