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Nuit épaisse - François Moussirou
mardi 16 novembre 2010 par penvins

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Les Editions du silence 2009 - Diff. : www.Afrilivres.com

Bien sûr les grands écrivains ne respectent pas toujours la grammaire, bien sûr les usages ne sont pas les mêmes partout dans l’univers de la francophonie, tout de même je suis un peu gêné pour rendre compte d’un ouvrage dont la langue heurte parfois ma conception de la syntaxe et je me dis que beaucoup des livres que je lis ont été travaillés et retravaillés par les équipes de correcteurs de leur maison d’édition et que celui-là n’a sans doute pas eu cette chance, chance qu’ont eue parfois d’autres auteurs africains, chance dont je me souviens que l’un d’eux qui l’avait eu avec un petit éditeur l’avait perdu avec un très grand éditeur parisien (un comble !) comme si cette littérature là n’avait, elle aussi, pas le droit au meilleur. Et pourtant tout cela est fort dommage, parce que la langue française qui s’écrit par des Africains est riche de particularités et d’invention, parce qu’elle comprend sans doute mieux le rythme que ne le comprennent les écrivains de France et parce que ce petit roman en est l’illustration.
Un petit roman sec et nerveux comme certaines improvisations, un roman qui revendique la force des percussions, un roman au style affirmé qu’il serait stupide de laisser de côté en raison de quelques imperfections syntaxiques. Nuit épaisse comme une quête à travers le Paris de la nuit de ce que la littérature nous avait promis avec le surréalisme et qui s’est envolé laissant plus que jamais la place libre à la consommation : La grandeur d’esprit avait dû se fourvoyer dans une rue de Paris ou s’engloutir dans la Seine.
Pedro est parti à sa recherche et la trouvera avec Electra, une prostituée qui lit Nadja et le conduira auprès des poètes romantiques aimés des surréalistes. Parce que la littérature que revendique François Moussirou est celle-là, une littérature du rêve qui exècre l’esprit parisien et qui méprise ces jeunes dont il dit : ils ont peur de tout, ils épargnent, s’endettent, se détruisent. Le rêve n’est plus, l’abondance a tout endormi.
Bien sûr tout cela a déjà été dit, bien sûr le rêve surréaliste est tout sauf neuf, mais Moussirou semble en retrouver l’esprit à travers une écriture pleine de vie dont on aimerait qu’elle ne renonce jamais, parce que le Paris qu’aime Pedro c’est celui de l’éboueur, du clochard, du clubber paumé… tout le contraire du Paris bien léché qui le contemple comme un prisonnier du tourbillon existentiel, victime de l’agitation et de l’abondance, tout prêt à se laisser attaché à une fleur de stabilité.
La promesse de ce court roman est là, dans ce refus du confort et dans cette langue qui se cherche et qui invente, souhaitons à François Moussirou de trouver les lecteurs qui lui permettent de continuer dans cette voie.



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