mardi 4 janvier 2011 par Jean-François Ponge
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Librairie Générale Française (collection Le Livre de Poche), 2006, 350 pp. (traduction de Claude Seban)
Dans ce récit, probablement autobiographique (du moins on le pense tant la narration est dépourvue d’artifices), l’auteure nous raconte ses jeunes années, de son départ de la ferme familiale, pour suivre des études supérieures, jusqu’à la mort de son père, qu’elle va revoir après une longue, trop longue absence. Désarrois de la fin de l’adolescence lorsque, étudiante boursière, elle loge dans une résidence universitaire pour filles (une « sorority ») où ses « consœurs » et la « mère supérieure » (?) lui en font voir des vertes et des pas mûres. Découverte de l’amour, dans les bras d’un étudiant attardé, brillant philosophe mais piètre compagnon. Enfin, retrouvailles avec un père qui l’a tenue à l’écart jusqu’à quitter le giron familial après la mort de sa mère, survenue lorsqu’elle avait dix-huit mois. L’histoire est simple et peut se raconter sans préjudice pour le lecteur, car ce n’est pas un roman à suspense. L’intérêt principal réside dans la sincérité et la finesse de l’analyse psychologique. La narratrice dépeint ses sentiments et sa vision du monde extérieur avec une acuité rarement présente dans la littérature contemporaine. Le trouble est généré par le contraste entre les paroles qu’elle prononce et les pensées qu’elle garde bien cachées au fond de son cœur. Celles-ci apparaissent en italique, d’abord sous la forme de citations car c’est dans sa culture que l’adolescente parvient à trouver les mots pour le dire, puis elle met ses propres paroles à la place. Comme tout cela est vrai, comme tout cela nous ressemble, à tout un chacun ! Cerise sur le gâteau, la traduction de Claude Seban est remarquable. Un chef-d’œuvre !
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