lundi 10 janvier 2011 par penvins
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Assurément vous ne vous ennuierez pas à lire ce roman policier de Florent Couao-Zotti, aussi bien pour ce qui est de la langue que de l’intrigue, c’est rudement enlevé. La grande violence, la corruption, une sexualité qui ne recherche que les sensations fortes au mépris de toute relation humaine sont ici les signes d’une société en pleine décomposition où ne prévaut que la loi du plus fort, où seul s’en sort celui qui écrase les autres.
La misère bien sûr pourrait être une explication - j’allais dire, une justification - de ces comportements extrêmes, il est certain qu’elle y contribue, mais Couao-Zotti n’est pas dupe, il nous montre aussi le visage d’un peuple qui sait résister à la corruption tel ce chef de quartier qui refuse de se laisser acheter par une liasse de billets. Le contraste est saisissant entre une Afrique traditionnelle et ces individus corrompus par l’argent et la drogue qui donnent de Cotonou une image ambigüe.
Entre modernité et tradition la ville hésite :
Cotonou, ville trait dans la chaine des capitales ouest-africaines, coincé entre son désir de prendre son envol vers son avenir et son souci de s’adosser à son passé colonial et ses dieux voduns.
Loi du genre, bien sûr, la violence et le sexe donnent à ce polar toute sa force et l’humour de l’auteur, sa langue fortement imagée, une certaine légèreté qui ne doit pas tromper. En préambule l’auteur écrit : Cette histoire est tellement vraie que je l’ai totalement inventée et imaginée. Pas de doute que Florent Couao-Zotti prend son inspiration dans la réalité, que son humour et sa légèreté sont une politesse pour décrire une situation difficile.
Ce qui porte ce roman, c’est la langue, une langue populaire truffée de dictons et d’allusions sexuelles qui ne manquent pas de truculence, qui vous emporte de page en page sans rien prendre au sérieux, pas même - surtout pas - ce qui fait chez nous beaucoup réfléchir, d’ailleurs pour se venger de Smaïn, Sylvana ne dit-elle pas : Si je dois faire la danse du ventre avec toi, tu ne pourrais jamais être à la hauteur. Parce que les blancs c’est pas ma tasse. Ils savent pas faire la chose.
Le titre du roman le laissait entendre, Cotonou n’est certes pas un modèle de vertu, mais ce n’est pas au Libanais de le dire. Le blanc est tout sauf à même de juger d’une situation qu’il contribue largement à entretenir. Ce pourrait être la morale de cette histoire qui n’en a pas besoin et qui aura permis à Florent Couao-Zotti de se laisser aller encore une fois à un grand éclat de rire.
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