dimanche 6 février 2011 par penvins
Pour imprimer
J’aime aussi cette littérature-là, pour ce qu’elle est, une littérature efficace, à mi-chemin du roman policier et du roman érotique, raison pour laquelle sans doute l’ouvrage a été admis dans cette collection alors que les nombreuses descriptions qu’il comporte participent toutes à l’intrigue, sans complaisance. On est tout de suite embarqué dans cette recherche avec l’héroïne puisque elle-même ne sait pas ce qui lui est arrivé et que l’on comprend petit à petit qu’il s’agit de quelque chose de grave, voire d’un crime. L’intérêt ne faiblit pas jusqu’ aux dernières pages, une lutte sans concessions s’engage entre Margot et Loïc, lutte dont aucun des deux époux ne peut sortir vainqueur parce qu’il y va pour chacun d’eux de son identité, tout au moins de son identité sociale. C’est aussi ce qui fait que cette littérature est efficace, elle s’appuie sur un consensus, elle tend même à le renforcer ; pour que le roman fonctionne, il faut que les préférences homosexuelles de Loïc soient inaliénables et là-dessus il n’y a aucun doute même si le lecteur, avec Margot entretient parfois quelque espoir, il sait que le roman n’existe qu’en proportion de cette impasse. Plus Margot cherchera à ramener Loïc dans le cadre de son mariage, plus il résistera et considérera ses aventures homosexuelles comme un gage de sa liberté. Au point qu’il deviendra furieux lorsque Margot tentera d’empiéter sur son territoire.
L’enquêtrice, enquête sur elle-même, autrement dit le lecteur est amené à enquêter sur lui-même, ce léger décalage qui peut sembler anodin l’est sans doute bien moins qu’il n’y paraît puisque dans cette position le lecteur est amené à s’interroger sur son rapport à l’homosexualité ou plus précisément aux homosexuels. Avec Margot, il se prend à espérer normaliser Loïc. S’il y réussit, il dénoue le drame, sort l’héroïne de l’impasse dans laquelle elle a été, malgré elle, engagée. D’une certaine façon Loïc en entrainant, contre son gré, Margot dans cette aventure : il ne lui a pas révélé son homosexualité, c’est elle qui la découvre alors qu’elle est déjà mariée, et en affirmant qu’il s’y tiendra et que cela ne l’empêchera pas d’aimer Margot, non seulement la contraint à lui reconnaître son orientation sexuelle, mais à l’accepter comme telle sans avoir à en discuter.
D’accord. Rien qu’une fois et après, on n’en parle pus jamais. Tu me laisses aller dans mes clubs de temps en temps, en échange tu fais ce que tu veux de tes soirées, tu vas voir ta mère ou tu vas au cinéma avec tes amies, peu importe, et tu ne me poses plus jamais de questions.
Traduction : l’homosexualité [de Loïc] est un fait qui n’a pas à être remis en question, tenter d’intervenir c’est bien sûr s’exposer aux pires des catastrophes et c’est ce qui arrivera. Laissons le lecteur découvrir comment.
On ne manquera pas toutefois de s’interroger sur l’attitude de cet homme qui prétend que l’on n’intervienne pas dans sa vie sexuelle et qui – même si c’est en faisant découvrir à Margot les arcanes du plaisir – n’hésite pas à bouleverser la vie de son épouse. Mais bien sûr il ne s’agit là que de personnages de roman et d’un roman qui ne prétend à rien d’autre qu’à obliger le lecteur à s’interroger sur ce qui a bien pu rendre Margot amnésique !
Livres du même auteur
et autres lectures...
Copyright e-litterature.net
toute reproduction ne peut se faire sans l'autorisation de l'auteur de la Note ET lien avec Exigence: Littérature