Sami Tchak, Place des fêtes, Gallimard, 2001
mardi 31 mai 2005 par ntchoufenPour imprimer
Ames sensibles, répétez-vous que tout romancier est un menteur qui s’essaie à la crédibilité avec sa vérité !
Du pur bonheur pour les sans-gêne de tout poil !
Sami Tchak pose de sérieux problèmes aux critiques africains, comme le fit en son temps Yambo Ouologuem. Car franchement il exagère, son personnage narrateur de pacotille, ectoplasme névrosé (et encore) qui brûle allègrement tous les feux rouges du politiquement correct et de la bienséance. Incestueux, irrévérencieux, grande gueule, sans vergogne, iconoclaste, l’ébauche de héros du roman est une caricature de la bâtardise la plus infecte qu’ait produit le mariage (manifestement raté et sans plan B) de l’Afrique et de l’Occident. Tout le monde en prend pour son grade, et au passage, l’oeil narquois du sociologue désabusé filigrane du discours baveux et sanieux du narrateur, pour lever des coins de voile sur les moeurs sexuelles, les rêves avortés et portatifs des Africains hors du continent. Si l’on adoube Angot, il faudrait couronner Tchak. Comment ne pas paraître outrancier si l’on ne refuse pas de prendre au pied de la lettre l’outrance de Sami Tchak pour envisager sa prose comme une forme de thérapie de choc. Cette vomissure littéraire est à manipuler avec des gants : la langue de l’auteur est un savant mélange de bébéisme, de sociolecte banlieusard et d’intellectualisme de pacotille. L’exercice de réécriture par le lecteur est incontournable, car Tchak n’est pas un farceur. Son aventure de la forme discursive est un pari d’acrobate fou ! A lire avec un antiémétique : l’idée que les écrivains sont d’habiles menteurs !
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