jeudi 31 mars 2011 par Jean-François Ponge
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10-18 (Domaine étranger), 2009, 159 pp. (traduction de Jean-Marie Saint-Lu)
Inspiré du fameux « Désert des Tartares » de Dino Buzzati, « Souvenirs de la guerre récente » nous conte les infortunes d’un jeune marié, recrûté de force par l’armée pour une lointaine campagne militaire aux confins de l’Uruguay, face à un ennemi que l’on ne verra jamais, même au bout de neuf longues années de campagne. Splendeurs et misères de la vie militaire, rien ne lui sera épargné de l’ennui quotidien et de l’absurdité d’une vie réglée comme papier à musique, pour un but imaginaire et sans cesse repoussé. Heureusement pour lui, déraciné brusquement d’un foyer qui venait tout juste de se construire, il va se sentir entouré, au sein d’un groupe où les rapports hiérarchiques reproduisent à l’infini le modèle familial. Sera-t-il capable un jour de vivre la vraie vie ? En forme de parabole absurde, Carlos Liscano, dans ce roman écrit lors de ses longues années de prison, dresse un portrait au vitriol, bien que non dénué d’humour, de l’univers carcéral, et plus généralement de l’univers concentrationnaire. Absurdité des situations créées de toute pièce, des ordres donnés de façon aussi péremptoire qu’anarchique, on retrouve là le délicieux cocktail qui permet d’asservir les humains et de les emmener aux confins de la folie...
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