mercredi 1er juin 2011 par Jean-François Ponge
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Georg, 2000, 288 pp.
Ecrit dans la première moitié du dix-neuvième siècle par Rodolphe Töpffer, un pédagogue genevois, et paru en 1853 sept ans après sa mort, le « Voyage autour du Mont-Blanc » constitue une œuvre hors du commun, agréable à lire et pleine de mille détails sur l’art de vivre et de survivre en montagne à l’époque des diligences. Dans un français qui fleure plutôt son dix-huitième siècle, plein de libertés et de trouvailles de langage qui rappellent sans doute le français parlé de l’époque, l’auteur nous narre les pérégrinations du groupe de jeunes élèves qu’il emmène en randonnée autour du Mont-Blanc puis dans le Valais au pied des grands glaciers. Il est surprenant de constater que l’accueil des randonneurs et des randonneuses (il est accompagné de son épouse) était déjà fort bien organisé à cette époque, alors que le tourisme « de masse » était loin d’être né. Plus que la description des paysages, sur lesquels tout ce petit monde s’extasie mais sans plus, c’est la description des coutumes et du caractère du peuple suisse qui fait tout l’intérêt de ce récit. Avec une âme d’enfant ou paraissant telle le narrateur, qui parle de lui-même à la troisième personne (alors Mr Töpffer a dit...), nous fait partager ses surprises, bonnes ou mauvaises, ses satisfactions lorsque la table est bonne, ses ressentiments lorsque la couche est mauvaise, en prenant le lecteur à témoin de sa bonne ou de sa mauvaise foi. Des digressions moralisantes entachent parfois le récit (l’auteur ne cache pas ses idées, que l’on qualifierait aujourd’hui de « réactionnaires ») mais on les prend comme le reste, en appréciant sa franchise, et on en fait ce que l’on veut...
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