dimanche 4 avril 2010 par Catherine Nohales
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Je ne surprendrai personne en écrivant ici que ce film m’a bouleversée tant la souffrance de Precious semble sans fin. Comment peut-on survivre lorsque l’on a pour mère un monstre qui vous frappe, vous massacre, bloc de haine sans répit ? Comment survivre à ces propos d’une extrême violence qui vous entament, vous corrodent ? Mais l’héroïne ne succombe pas car dans les moments les plus tragiques de son existence, surgit toujours le rêve de la princesse adulée, fêtée. C’est apparemment tout ce qui lui reste avec sa fille née d’un viol du père. Le mari, le père qui engrosse pour la deuxième fois Precious. Cette dernière n’a pas d’autre choix que de recourir à l’imaginaire pour fuir cet homme qui est en elle et l’indifférence, la passivité lâche d’une mère si peu mère.
C’est un film bouleversant car la violence sociale n’est nullement édulcorée. Elle explose à la figure du spectateur, ne le ménage pas dans les dernières certitudes qu’il pouvait avoir quant à l’amour maternel, par exemple. Precious subit, mange gloutonnement sur ordre de sa tortionnaire. Analphabète, elle s’ennuie en cours car elle ne comprend rien si ce n’est que son professeur de mathématiques, prince dérisoirement charmant, viendra bien un jour la sauver de cette misère morale et matérielle qui lui colle à la peau.
Or il est un mot qui fait fortune depuis quelques années, c’est le mot "résilience". Il désigne cette capacité qu’a l’individu à surmonter ses traumatismes, ses chocs. Ce qui va sauver, si l’on peut dire, Precious, c’est l’école mais une école différente, une école alternative qui redonne sa chance aux exclus du système. Pour que cela marche, il faut un professeur digne du défi à relever et Precious va découvrir à ses côtés qu’elle est magnifique, intelligente, capable. Elle va apprendre à lire, à écrire et donc s’émanciper de la folie aigrie de sa mère. C’est une petite lueur d’espoir. L’école comme outil d’émancipation et de liberté. La liberté grâce à l’école.
Ce serait encore une banalité que d’écrire que les acteurs sont tout simplement extraordinaires mais je l’écris quand même. Pour tout dire, je ne connaissais que Mariah Carey, la chanteuse capricieuse, qui est méconnaissable dans le rôle de l’assistante sociale tentant de venir en aide à Precious. Elle renonce à la fin lorsqu’elle entend les horreurs de la mère. Sobre, sans maquillage, quelconque dans des vêtements passe-partout, elle se révèle une très bonne actrice.
C’est un très beau film qui fait mal car la haine d’une mère pour son enfant fait mal.
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