Le baroque révélé
mardi 27 décembre 2005 par Yvette Reynaud-KherlakianPour imprimer
L’extase de Thérèse d’Avila, telle qu’elle est représentée par le Bernin, est un bel exemple, particulièrement subtil, de l’imbrication de la sensibilité religieuse et de la sensibilité esthétique (malgré l’étymologie, l’accolement de ces deux derniers termes n’est ni pléonasme, ni redondance : l’art requiert une participation originale, spécifique de la sensibilité). Essayons de débrouiller l’écheveau des impressions qu’elle est susceptible de produire.
On voit d’emblée qu’elle sollicite l’attention à deux niveaux : il y a d’abord le bloc de l’expérience mystique dans la niche centrale ; il y a ensuite les personnages sculptés dans les parois latérales(censés figurer les proches du patriarche de Venise, le cardinal Federico Cornaro qui a donné son nom à la chapelle) et qui semblent commenter la scène...
Entre nuage porteur et rayons d’or qui tombent de la voûte, l’ange se tient debout au- dessus de la sainte -léger, aérien, rieur- et c’est bien sa grâce sans entrave qui aimante la lévitation, corrige en courbe ascendante l’abandon du corps terrassé et maintient les paupières mi-closes entre vision radieuse et sensations torrentielles. Le bras droit de l’ange est encore infléchi sur le retrait de la flèche qui a traversé le cœur de Thérèse et il suffit d’aller de ce geste sûr et sans poids à l’affaissement désordonné du vêtement monacal pour saisir la distance entre la grâce et la pesanteur et pressentir leur rencontre dans ce corps tumultueux et ravi...
L’art du Bernin nous donne à voir l’extase de Sainte Thérèse. Et il nous invite à tendre l’oreille aux commentaires qui en explorent la signification.
Car ces personnages qui parlent avec animation de part et d’autre du bloc central sont bien, à n’en pas douter, des commentateurs de la scène. Non qu’ils la regardent : placés comme ils le sont, ils ne peuvent la voir. Mais peu importe : la scène s’est produite -il était une fois- et, de l’intérieur de leurs loges de théâtre, ils sont, aujourd’hui comme hier, les spectateurs émus qui, à l’entracte, échangent leurs impressions. La sacrée conversation, - thème fréquent dans la peinture italienne-, quitte ici le centre du tableau (comme elle le fait déjà dans La flagellation de Piero della Francesca) pour laisser à la parole humaine sa part d’improvisation. Elle n’est plus l’écoute appliquée qui enregistre le message délivré par les personnages divins : elle est approche vivante, passionnée, partiale, donc toujours à reprendre, des manifestations du divin, qu’elles soient proches ou lointaines dans l’espace et dans le temps...
Dans l’Extase de Sainte Thérèse, le Bernin, volens nolens, nous délivre ce qui est peut-être l’essence de l’art baroque : aucune révélation n’épuise le mystère de l’Etre ; c’est l’évidence de ce mystère qui foudroie quelques élus ; il revient à l’artiste de retenir les palpitations de sa présence dans l’enroulement d’une volute ou le mouvement d’une phrase...
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Messages
1. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 7 février 2006, 11:31, par DUVERT
je voudrai savoir à propos de la sculpture de Thérèse , qui a écrit : "voyez comme elle jouit !"
1. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 14 février 2006, 19:10, par Yvette Reynaud-Kherlakian
Jacques Lacan (Séminaire Encore, 1972).
J’approuve le constat pourvu qu’il ne soit pas interprété comme une pauvre réduction de l’expérience mystique à une manifestation névrotique.
Depuis Le cantique des cantiques, nous savons que l’expérience mystique s’exprime volontiers en termes de jouissance érotique. La sculpture du Bernin est bien, à l’évidence, une représentation érotique, orgastique de l’union de l’être tout entier avec Dieu, partenaire invisible et "ravisseur".
Jean-Luc Marion, philosophe de son état et chrétien de surcroît, dit de Dieu (Le phénomène érotique dernière phrase) qu’il "nous surpasse au titre de meilleur amant" !
Bienheureuse Thérèse !
2. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 14 mai 2006, 20:30
Il y a en effet des liens entre le visage de sainte thèrèse et la flêche de l’ange qui symbolise un phallus. je ne sais plus quel pape a fait déménager la statue
3. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 20 mai 2006, 20:33
c’Urbain VIII
4. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 21 mai 2006, 12:26
urbain VIII était mort à cette époque !!!!!!!!
5. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 18 octobre 2006, 19:47
Je ne pense pas que l’on puisse parler d’érotisme dans cette oeuvre.
Ne pas confondre extase et érotisme...
6. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 22 novembre 2006, 19:23
je crois que cette oeuvre est le fruit d’un génie.le Bernin a su faire ressentir toute la finesse et l’intelligence de ce moment mystic dans cette sculpture.il n’est plus un grand maitre de l’art mais un vrai génie
7. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 20 janvier 2007, 21:34
a lire vos reflexions , je me pose une question , l’extase mystique si tant est qu’elle existe , ne serait elle pas proche d’une extase sensuelle ou sexuelle , et bien que je pense que le bernin fut un genie , il n’en est pas moins homme et il ne peut s’inspirer que ce qui est réel...L’art ne transfigure que ce que l’artiste voit pour nous montrer ce que l’on ne voit pas , du moins a cette epoque classique ...
8. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 14 mars 2007, 14:08, par Mope
L’extase est juste une sorte de transe finalement ..
9. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 5 avril 2007, 10:53, par Karen Vignoles
le vrai titre de l’oeuvre est "la Transfiguration de Ste Thérese" . c’est d’après les textes autobiographiques de Thérèse d’Avila l’expérience mystique de l ’amour de Dieu. Il est normal que le langage de l’amour physique serve à exprimer l’amour spirituel.
la beauté de la transfiguration mélée de plaisir et de douleur est la métaphore de la vérité : cette transfigurationest la preuve matérielle de l’expérience. C’est un spectacle à VOIR.
nous sommes au théâtre .le Bernin grand metteur en scène ferait aujourd’hui du cinéma grand spectacle.
10. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 5 avril 2007, 13:57, par Yvette Reynaud-Kherlakian
Transe physique-extase religieuse ; plaisir-douleur : il y a tout cela dans le témoignage de Thérèse d’Avila comme dans l’oeuvre du Bernin. Que l’on s’en indigne ou que l’on s’en émerveille, il y a là une expression particulièrement intense de la compénétration du corps et de l’esprit.
11. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 5 décembre 2007, 06:15
urbain viii
12. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 22 février 2008, 17:58
quelqu’un qui n’a pas peur de ce mot !
13. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 20 mai 2008, 14:18, par baleine
l’extase est avant tout l’élevation extraordinaire de l’esprit dans la contemplation de choses divines, je ne vois donc absolument pas le rapport extase/erotisme
14. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 21 août 2008, 21:30, par Naibed
J’imagine que ce doit être difficilement concevable pour des grenouilles (voire des baleines) de (grand) bénitier, mais
...l’intelligence est érotique.
Rien d’étonnant donc à ce que l’intelligence divine, lorsqu’elle est entraperçue, soit puissamment érotique, et que l’extase se transforme (comme ce fut le cas chez Sainte-Thérèse d’Avila) en orgasme.
Car c’est - à n’en pas douter - bien de ça qu’il s’agit. De ce qui transparait clairement de ses écrits eux-mêmes.
Et puis, comment un dieu (une déesse ?) infiniment parfait(e) dans chacun de ses attributs ne serait-il (elle) pas aussi infiniment érotique ?
Voir en ligne : Erotisme
15. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 7 septembre 2008, 19:09
Et... Bienheureuse moi ! Serais-je donc la seule à avoir fait
(et à faire encore) de semblables expériences ?
16. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 16 décembre 2008, 04:29
J’ai lu quelque part que c’es Bernin lui meme qui a demander a faire changer la statue d’endroit
17. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 12 janvier 2009, 22:24, par Oriane
J’aime bien votre commentaire !
18. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 19 avril 2009, 02:52, par mrs spock
il suffit de regarder cette oeuvre de plus pres pour savoir qu’il existe en effet une ambiguité ! la position relachée de sainte therese, ses yeux mis clos, sa bouche entre ouverte et le fait que l’ange souleve legerement le drapé qui la couvre pour planter la fleche permet de dire qu’il y a, en effet, de l’erotisme dans cette sculpture !!
19. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 9 août 2009, 11:08, par JPO
La connotation sexuelle trop explicite avait déplu au pape Urbain VIII,qui l’avait bannie du Vatican et l’avait fait remiser dans une obscure chapelle (Santa Maria della Vittoria). Le transfert avait bien été suggéré par Le Bernin : "Per suggerimento del artista"
Anges et Démons (Dan Brow)
2. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 24 février 2006, 10:14, par Catalina
moi je ne vois pas une oeuvre on a limage d’un ange qui fait l’amour avec la sainte Therese et le Bernin etait peut etre pervers et voulait cacher une scene erothique dans une sculpture religieuse et de plus j’ai retrouve des extraits ou ils decrivent precisement le acte "Avec sa fleche dore il lui transpersa le corps" et beaucoup d’autres
1. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 21 mai 2006, 17:36
Le Bernin s’est fait l’interprète du texte de la sainte ! Et oui c’est elle -même qui a des propos un peu ambigus... Pour cela il faut consulter le livre qu’elle a écrit en 1588 : Le livre de la vie. Le Bernin était profondément religieux, il n’a en aucun cas voulu choquer mais voulait amener le fidèle à la dévotion.
2. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 9 juin 2006, 19:41, par lauranne
franchement lisez "ange et démons" de dan brown...bcp de théories interessante sur le bernin...illuminatus ou pas ?
3. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 27 décembre 2006, 09:06
je suis justement en train de lire "anges et démons" et c’est ce livre qui m’a amené sur ce site
maintenant il faut que je lise le livre rédigé par thérèse
4. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 27 janvier 2007, 23:04, par ramses
en lisant Dan Brown, anges et démons, on fait un merveilleux voyage dans le baroque, énigmes à toutes les pages tant dans la conception de l’oeuvre que dans la pensée religieuse de l’époque.
5. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 8 mai 2007, 11:31
bonjour, moi aussi j’ai lu "anges et démon", qui est un roman intéressant, mais qui reste un roman. Quelqu’un sait-il si on peut trouver le fameux texte de Thérèse sur un site ou en bibliothèque ? Pour la petite histoire, allez à Rome, voir la statue, et faites-vous votre propre idée. Pour moi, c’est suffisamment explicite...
6. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 11 octobre 2007, 02:04
je pense que la veritable raison qui lui inspira la voie n etais pas du ressort d un clan seculier mais bien d une quete de verite universelle
3. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 28 mars 2007, 20:43, par islam
je suis en train de lire anges et démons ou l’on décrit l’extase de sainte-thérèse comme une sculpture érotique or je ne vois pas une si grande jouissance sur le visage de la sainte élément censé avoir dérangé les dirigeants du vatican de l’époque.
4. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 31 mars 2007, 10:39
L’extase mystique n’est qu’un cas particulier de l’extase. Qu’elle soit par contre essentiellement liée à l’érotisme et à sa gloire, me semble moins douteux.
5. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 27 septembre 2007, 15:41, par Armenté
Généralement, plus on parle d’une œuvre d’Art, plus on s’écarte de l’essentiel.
Ouvrir son cœur, regarder, et se laisser pénétrer par la beauté ... en silence ...
1. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 27 septembre 2007, 16:55, par Yvette Reynaud-Kherlakian
L’expérience esthétique est en effet intérieure et silencieuse mais le langage peut chercher à l’exprimer pour attirer l’attention sur l’oeuvre, éveiller le regard. La sensibilité à un art, quel qu’il soit, n’est pas pure affaire de spontanéité, elle demande une culture.
Ceci dit, pour être réceptif aux oeuvres, il faut se dégager d’un savoir, d’idées toutes faites. L’émotion esthétique est personnelle, intime.
Il y a à équilibrer la formation du goût par la culture et la disponibilité de la sensibilité à la présence des oeuvres:c’est là l’essentiel d’une éducation artistique.
2. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 1er mars 2008, 07:42, par Antoine
Qu’est-ce qu’il ne faut pas lire comme stupidités. Et le pompom c’est d’invoquer Dan Brown et ces extravangances pour expliquer le Bernin et sans doute Thérèse d’Avila. Si l’expérience mystique use du langage amoureux et érotique, c’est tout simplement parceque c’est une expérience amoureuse et érotique. Il n’y a pas mille et une façon, pour un être incarné, de parler d’amour, quelque soit l’objet de son amour, et que cela soit Dieu ne change rien, nous ne sommes pas des anges. Sainte Thérèse n’est pas la sainte lubrique dégoulinante de sensualité névrotique qu’on en fait parfois.
Quand au Bernin, pour arriver à cette sculpture, il s’est inspiré d’une gravure éditée au début du XVII eme siécle, ou pour la première fois on représente la "tranverbération" de manière plus violente, et où la sainte se tient presque couchée, tandis que jusque là elle se tenait debout. L’oeuvre du Bernin, est un aboutissement d’une iconographie. Ne parlons pas de son ange, car selon le récit de Thérèse il s’agissait d’un séraphim, l’or l’ange en question n’est visiblement pas un séraphim. Le résultat, au dépens du Bernin, lui-même, est une oeuvre, à la thématique religieuse, qui s’éloigne, primo de l’expérience thérésienne, et du récit de l’expérience par la sainte elle-même. Quant à dire, qu’il s’agir là d’une oeuvre révélant l’essence du Baroque, je n’en suis absolument pas persuadé. Baroque elle est oui, mais elle ne révèle qu’une des fonctions de cette catégorie esthétique.
Laisser donc Dan Brown où il mérite d’être : à la poubelle.
3. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 6 mars 2008, 11:45, par elisabeth
Oui Oui dan brown à la poubelle
Voir en ligne : Extase de Ste Thérèse
4. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 21 juillet 2008, 15:46, par FAM
Entièrement d’accord. Dan Brown est un affabulateur de premier ordre. Il surfe sur l’ignorance "religieuse" de notre société et se fait le chantre de mystères de pacotilles. Le mélange de fiction et de réalité marche bien et lui fait vendre de nombreux exemplaires de ses livres. Mais il ne reste qu’un auteur de roman de seconde zone.
5. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 28 octobre 2011, 03:14
Dan Brown n’a pas écrit dans le but de nous faire croire à son récit. Un roman reste une fiction qu’on peut tisser sur une base de faits réels. Donc il ne sert à rien de s’énerver. Pour ma part, j’apprécie ses livres en tant que divertissement.
6. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 12 janvier 2009, 22:21, par Oriane
Bonjour !
Pour ceux qui sont quelque peu familier avec les centres d’énergies du corps humain, que l’on nomme Chakras ; les 3 chakras supérieurs (énergie Ciel chez les chinois) et les 3 chakras inférieurs (énergie Terre) se rencontrent parfois lorsque l’ouverture de celui du Coeur est suffisante (ex : Sacré Coeur de Jésus) et permettent une extase qui n’est ni l’orgasme du physique, ni l’extase intellectuelle (impression de connecté avec l’Univers et/ou Dieu. Le Sage est celui qui recherche la Connaissance.
Le Saint est celui qui recherche l’Amour Inconditionnel
1. Le Bernin : L’extase de Sainte-Thérèse (chapelle Cornaro), 9 avril 2009, 09:58
L’oeuvre du Bernin intervient à un moment de l’histoire romaine durant laquelle Rome vit une crise religieuse et politique. Alors que la renaissance a laissé derrière elle des représentations jugées paganistes, que la ville est en ruine, le pouvoir pontifical est sommé sous la pression de la contre-réforme de réévaluer le dogme chrétien. Le baroque est avant tout un mouvement né sous l’impulsion d’une nouvelle conception de la relation au divin. L’oeuvre du Bernin est sur ce point exemplaire. Le génie du Bernin consiste justement dans cette faculté à synthétiser la forme et le fond, le désir d’une respiritualisation de l’art et une sensibilité individuelle qui transcende la nomenclature chrétienne. Cette incursion du dogme dans la représentation n’est pas récente. Le concile de Trente qui décide d’un nouveau code de conduite de l’image chrétienne se fait l’écho du concile de Nicée, dès lors on ne peut créditer le caractère érotique, qu’à partir du moment où se qui se montre dans l’oeuvre du Bernin échappe au déterminisme individuel. Il faut entendre par là que seule la psychanalyse ou la littérature philosophique peut établir un discours qui ne soit pas violence faite à l’oeuvre mais interprétation en marge comme confrontation du dit et du méconnu dans le dit. Il faut entendre par là qu’il n’est pas possible de prêter au Bernin un quelconque désir non chaste, alors même qu’il était reconnu comme très pieu, cette représentation est très canoniquement valable d’un point de vue formel.