dimanche 7 novembre 2004 par Meleze
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Lors d’un passage a Berlin j’ai voulu profiter de ce film en première exclusivité. Je ne crois pas qu’il était sorti à Paris. J’en avais entendu parler dans les journaux. J’ai voulu pouvoir imaginer la ville au moment de la chute d’Hitler tout en marchant dans les rues 59 ans plus tard.
Je dois le dire d’emblée le niveau de la violence m’a fait tout de suite souffrir. Faisant partie d’une génération qui n’a jamais fait de guerres il m’est difficile de voir les actes commis par les Allemands comme par les Russes en quelques sortes sans réfléchir comme des réflexes résultant des conditionnements des deux camps.
Et pourtant l’objet du film est bien de nous demander de réfléchir. Ce film est conçu comme un jeu électronique. Les manettes nous font passer sur l’écran les personnages très connus qui entourent Hitler comme sa maîtresse Eva Braun, comme ses généraux, comme Albert Speer. Il ne reste que quelques jours, puis quelques heures : que faire ? Vous êtes aux commandes, vous connaissez les personnages, vous voulez mieux et autrement, donc vous allez prendre une décision. L’idée de la fin d’Hitler rejoint ainsi une catégorie de film a laquelle appartiennent aussi un film comme le Titanic ou le « Festen » de Vinterberg. On sent l’inluence de ce dernier qui filme la camera sur l’épaule ; comme on sent l’influence du seigneur des anneaux qui a su créer la même passion chez le spectateur quoiqu’il s’agisse de fiction.
En somme on aboutit à un regard, qu’on pourrait souhaiter, dans le sens ou ce regard sort l’événement de la banalisation. Si vous voulez jouer et jouer juste vous devez tout comprendre, tout savoir. Chacune des personnes entre dans un jeu de rôle ou les moindres détails de sa biographie compte. C’est le rêve du professeur d’histoire qui devient réalité. L’élève au lieu de se désintéresser de son programme entre au contraire avec passion dans le jeu des rôles.
A quoi joue-t’on ? A la survie : überleben comme disent les Allemands. Vous avez trois choix qui se reproduisent à plusieurs moment dans le film : combattre c’est le choix du fanatisme dans une situation numériquement inférieure et très dégradée ; le suicide, c’est le choix d’Hitler qui va mettre en scène avec soin son mariage son testament puis la disparition des corps ; la fuite c’est la réussite de l’héroïne qui va raconter les événements vécus dans un livre.
Si c’est cette dernière issue qui vous intéresse il n’est pas facile de décider comment vous y prendre et l’héroïne va passer par de nombreuses péripéties. En la suivant dans cette histoire vous penserez sans doute au « pianiste ». Mais bien sur ce qui vous intéresse par-dessus tout c’est le choix d’ Hitler le commandant en chef de ce naufrage. Il conduit son peuple au suicide. Maintenant vous devez interpréter son attitude : a-t’il peur d’être jugé comme le seront ses camarades qui auront capitulé ou se seront rendu ? Ou fait il preuve de courage physique ? Bien sur cette dernière tendance est une interprétation très favorable a l’extrême droite qui en combattant avec fanatisme une autre dictature celle du stalinisme qui n’est pas beaucoup plus propre que le régime hitlérien fait également preuve d’un grand courage physique.
Vous devrez alors admettre en bloc : 1) que l’humanité n’a pas change de nature ? 2) que les forces en présence sont à peu près les mêmes et cette fois à l’échelle du monde plus qu’à l’échelle de l’Europe ? 3) Que quoiqu’on pense de l’acteur Bruno Ganz qui joue le rôle d’Hitler l’axe général du film est d’espérer que la sur représentation (j’utiliserais bien le terme de surréalisme si son sens propre n’avait pas déjà été abandonné par la critique littéraire) conjurera les extrémismes ? 4) que l’Allemagne, ni nous d’ailleurs, ni même les Etats-Unis n’ont trouvé le moyen de se sortir des extrémismes dans la doctrine d’une démocratie affichant la transparence de ses décisions.
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Messages
1. > Der Untergang, le naufrage, 10 janvier 2005, 10:29, par Catherine NOHALES
Polémique ou pas, ce film ne m’a pas touchée. Beaucoup de bruit pour rien, semble-t-il...
J’ai néanmoins été sidérée par la performance de Bruno Ganz qui incarne un Hitler plus vrai que nature.
Alors, humain Adolf Hitler, l’homme des camps d’extermination ? Nullement et ce n’est pas parce qu’on le voit embrasser la frivole Eva Braun qu’il est humain.
Au tout début du film, on voit un Führer sélectionner sa secrétaire. Une fois celle-ci choisie, il la met à l’aise. Adolf bonhomme... Je me suis défendue contre ce qui se passait en moi...
Adolf caressant sa chienne. Humain, Adolf ?
Le Führer est un homme prisonnier de ses rêves fous, mégalomanes et le réalisateur montre cela tout au long du film. Hitler s’enferme dans un délire paranoïaque qui le conduit à croire en une victoire finale alors que l’Armée Rouge encercle Berlin, bombarde la ville. Prêt à tout sacrifier pour sauver le IIIème Reich en ruines.
Ce film, à peine vu, fut oublié. Pourquoi ?
Lorsque le réalisateur nous montre Hitler pleurant, on ne marche pas. Je ne marche pas. La caméra s’attarde sur cette larme. Adolf humain...Cette image est tellement ostentatoire, tellement appuyée qu’elle annule l’effet peut-être recherché par le réalisateur. Pourquoi montrer un Hitler qui pleure ? Quelle est l’intention cachée ou avouée du metteur en scène ? Hitler homme complexe ? Je ne peux souscrire à cette vision d’un homme complexe avec des relents humains quand on sait ce qu’il a fait. Opinion naïve, peut-être, mais elle est mienne.
Il en va de même lorsqu’il embrasse Eva Braun. Effet de caméra ostentatoire, appuyé qui est voué à l’échec. Adolf tendre et amoureux...C’est tellement gros que ça ne passe pas. Je ne sais s’il n’y a pas derrière tout cela une volonté de provoquer, elle doit bien exister mais c’est si évident, si grossier que là encore, ça ne marche pas. La sauce ne prend pas.
Pour le reste, Hitler s’enfonce dans sa mégalomanie, dans sa fureur meurtrière au point de vouloir sacrifier le peuple allemand tout entier.
En somme, un film qui tombe à plat, qui ne vaut la peine d’être vu que pour la performance de Bruno Ganz.
1. > Der Untergang, le naufrage, 12 janvier 2005, 22:55
Dans chaque monstre se cache un homme...
Je pense que l’auteur ne voulait pas provoquer en montrant ces scènes ou Hitler apparait comme un homme "tendre".
Personnellement, j’ai apprécié ce film et ce qui m’a choqué, c’est plus le chaos qui régnait à Berlin que de voir Hitler embrasser Eva.
Toute l’Europe à souffert de cette guerre, soldats comme civils, alliés comme allemands...
Hitler était fou et ce film le démontre entièrement...
2. > Der Untergang, le naufrage, 13 janvier 2005, 10:33, par Catherine NOHALES
Bonjour,
Il est où l’homme chez Hitler ? Il est où l’homme qui a décidé que les Juifs, Les Tziganes, les homosexuels, tous ceux qui étaient dangereux à ses yeux et aux yeux de sa clique, ne méritaient que la mort ? J’avoue que j’ai vraiment du mal à voir un homme en lui. Vraiment.
Il y a des choses qui m’échappent complètement...
Fou, Hitler ? Et Goebbels, ce fanatique répugnant ? Sa femme, d’une abjection qui dépasse les limites ?
Ce qui m’a choquée dans ce film, c’est cette terrible incapacité à voir que le IIIème Reich est fini, bel et bien à terre. Hitler sombre en même temps que ses "idéaux" ; sa haine absolue, sans aucune limite n’ a rien d’humain.
Par contre, j’ai trouvé les scènes de bombardement plutôt bien faites.
Une semaine après avoir vu ce film, il ne m’en reste rien.
3. > Der Untergang, le naufrage, 14 janvier 2005, 22:41
"Il est où l’homme chez Hitler ? Il est où l’homme qui a décidé que les Juifs, Les Tziganes, les homosexuels, tous ceux qui étaient dangereux à ses yeux et aux yeux de sa clique, ne méritaient que la mort ? J’avoue que j’ai vraiment du mal à voir un homme en lui."
C’est une très bonne question et je suis très étonné que quelqu’un qui a vu ce film ne connaisse pas la réponse.
Ou est l’homme chez Hitler :" dans son suicide".
Que ma contradictrice Catherine lise les memoires de Speer qu’on voit aussi longuement dans le film (meme qu’il parait que ce n’est pas tout a fait conforme a la vérité historique) Speer ne s’est pas suicidé. Il n’a pa eu peur d’etre arreté par les anglais. Il a passé un certain temps en prison jusqu’à la rémission de sa peine. De même de Goering.
Je ne vois aucun crimes de sang, et dieu sait si Hitler a les mains sales, qui l’empecherait d’avoir le courage de sa mort. Ce n’est pas rien. Representez vous Petain en train de se suicider parce qu’on l’oblige a signer l’amistice de Montoire ; il n’en a pas eu le courage. Tout chef militaire n’est pas nécéssairement un soldat.
4. > Der Untergang, le naufrage, 30 janvier 2005, 11:23, par Bruno Arsac
Je respecte votre point de vue, mais n’y souscrit pas. Je pense qu’il n’y a aucune intention de provoquer dans ce film, mais celle de representer ce qu’on put être les dernières heures d’Hitler, la chaos, la folie, l’extrême détresse dans laquelle le "guide" à entrainer ce peuple qui n’a à ses yeux aucune importance comme Ganz dans un Hitler extraordinaire le hurle dans une scène du film.
Vous n’êtes pas la seule à avoir été étonnée, voir choquée par des scènes où l’on pourrait penser que l’on veut "humaniser" Hitler, or je pense que l’erreur aurait été de faire le contraire, le montrer inhumain, c’est à dire vraiment différent de l’image que nous nous donnons de nous même. Il n’est certainement pas le seul dictateur à s’appitoyer sur son chien pendant qu’il assasine des milliers d’êtres humains ; les fous, les meurtriers sont parfois des personnes bien banales et il serait erroné de les représenter autrement. Peut-être serait-il même dangereux de le croire si différent. Dans notre histoire proche, d’odieux assassins comme Marc Dutroux ou Michel Fourniret vous paraissent-ils si différents de monsieur tout le monde ? non, et pourtant. Je pense justement que c’est par cette apparente humanité qu’un dictateur comme Hitler à pu séduire (et tromper) un peuple. Ce film traite d’un sujet original par rapport à beaucoup de film sur cette période et pour moi qui n’ai pas vécu cette période mais qui a eu la chance d’avoir beaucoup de témoignages de personnes l’ayant vécu il m’est apparu très "réel" et je pense que c’est un film qui fera date.
5. > Der Untergang, le naufrage, 11 février 2005, 23:42, par camille
Je suis etonnée que tout le monde ne réagisse que sur l’humanité ou non d’Hitler à travers la caméra d’un réalisateur. Pour moi, le débat n’a pas lieu d’être car Hitler est fou et donc à partir de là, il n’a pas d’esprit humain au sens où sa réflexion est éloignée de toute réalité, il ne vit pas sur la meme planète que ses hommes, d’autant plus qu’il reste enfermé dans un bunker, lieu où la lumière est artificielle donc éloignée de la vraie lumière, la Vérité.
A côté du personnage central qu’est et reste Hitler, il y a le peuple allemand qui souffre, c’est cette souffrance là qui reste la plus marquante... rappellez vous de la scène où Eva et Mme Goebbels tapent leur lettres personnels alors qu’en même temps, le peuple resté à Berlin subit les bombardements.Rappellez vous la scène d’adieux des deux professeurs, l’un les mains blanches l’autre les mains rouges du sang qui coule à cause d’Hitler. Qu’est ce que la folier d’Hitler face à la souffrance morale, physique, émotionnelle du peuple et des personnages secondaires ? Ce n’est rien et c’est tout en même temps. On ne peut pas résumer un film allemand qui a le courage de faire son mea culpa à un intérêt pour la performance de Bruno Ganz. L’intérêt du film va bien au delà de la vision d’Hitler que peut donner le réalisateur. Alors, effectivement, si l’on se cantonne au personnage d’Hitler, on ne retient pas grand chose du film.
6. > Der Untergang, le naufrage, 13 février 2005, 16:08, par didier robert
vous avez trouvé les scènes de bombardement bien faites !
extraordinnaire.
vous rendez-vous compte de ce que que c’est qu’n bombardement ?
je ne vous en veux pas, je m’étonne
7. > Der Untergang, le naufrage, 23 mars 2005, 23:42, par fafat91
Vous faite erreure. Dans ce film Speer ne dicte nullement ses mémoires.Il s’agit de guoebels qui s’est éffectivement suicidé avec sa femme après le meurtre de leurs enfants.Speer ne s’est nullement suicidé et d’ailleurs celà est dit à la fin du film : 20 ans de prison à Nuremberg. Il a ensuite vécut à Londre et a publié ses mémoires dans un livre trés interessant qui s’appèle "Les dessous du troisième reich". Ce qui est frappant dans son livre ; c’est qu’il se positionne d’une manière neutre en décrivant Hitler et sa clique comme une bande de branquignols à un tel point que l’on se demande comment l’armée allemande a pu être effective aussi longtemps .D’après le réalisateur ce film s’est voulu trés exacte à la réalité. Poser la question : Hitler verser une larme et ensuite dire on a du mal à y croire, revient à se poser la question : Le film est t’il conforme à la réalité. Hélas Frau traudle n’est plus là pour répondre à cette interrogation.......
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8. > Der Untergang, le naufrage, 14 août 2005, 07:37, par Karma
Il est peut être bon de savoir ue Hitler à effectivement embrassé Eva Braun devant tous le monde comme le montre le film et ue ceci avait "surpris" son entourage le sachant peu enclin à ce genre de chose.... Et puis montrer Hitler comme un être humain (ce qu’il était et donc qui rend le personnage encore plus infect, pas de folie derrière laquelle se cacher) est une bonne chose, celà nous montre que le monstre est en chacun de nous. Ce film est un chef d’oeuvre, tant par le jeu des acteurs, que par sa réalisation, même si, le Bunker n’a jamais été un palace 5 étoiles ou se bousculait tant de monde le film dépeint au mieux (du moins je le pensex) l’atmosphère "surrèaliste" qui primait en ces derniers jours d’un Reich qui aurait du durer 1000 ans comme l’avait affirmé Hitler en 1934... Bravo à l’équipe, dommage que Mr gans n’ait pas obtenu de prix pour son interpretation mais je suppose que la peur de primer un film qui parle d’Hitler ne sois pas encore possible. Toujours est il qu’en aucun cas ce film n’est complaisant envers ces hommes (à part peut être Speer...) et qu’on ne peut pas lui reprocher grand chose...