mardi 12 mai 2009 par penvins
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L’écriture de Françoise Urban-Menninger est une écriture classique, vocabulaire riche, syntaxe éprouvée, politesse de l’écrivain pour nous entraîner dans un univers qui n’a pas bonne réputation, celui de la vieillesse.
C’est cela bien sûr qui pose question : pourquoi s’attarder ainsi sur les petites vieilles, on notera au passage qu’il s’agit presque toujours de femmes ce qui en dit peut-être un peu plus long sur les relations que l’écrivain entretient avec ses personnages.
Quelle idée de s’intéresser à ce point - presque une obsession - à ces femmes au bord de la mort ? Comme un besoin irrépressible de l’apprivoiser. Et elle l’apprivoise la mort à la manière de ces petites vieilles qui ne savent pas si elle est déjà là ou si elle va venir. C’est le sort commun, bien sûr, mais peu osent s’y atteler !
On pourrait dire que Françoise Urban-Menninger ramène la mort dans la vie. Il y a, encore une fois, ces petites vieilles qui sont si proches de la mort que cela ne les effraie plus et qu’elles passent de l’autre côté sans vraiment s’en rendre compte, mais il y a aussi d’autres nouvelles plus étonnantes qui sembleraient à première lecture jouer sur un autre registre et qui pourtant sont une autre façon d’endormir la mort quand par exemple une petite fille entre dans un tableau et ne peut en ressortir ou lorsque des papillons représentés sur une tapisserie se révèlent vivants – épinglés vivants ! – il y a aussi, très troublantes, ces histoires où les héros passent du côté animal et n’en peuvent ressortir.
Tout cela est écrit à la manière de contes pour enfants, de ces contes que l’on vous fait lire à un âge où l’on n’a pas encore affronté la mort et où l’on vous raconte des histoires pour vous préparer à cette éventualité. De telle sorte que le sujet le plus grave qui soit est traité avec une infinie légèreté, mais aussi au fil des nouvelles avec une insistance telle que l’on ne peut douter de l’importance que lui accorde l’auteure.
A y regarder de plus près, on est ici en deçà de la perception de la mort, témoins ces enfants qui après avoir joué au pistolet à eau tuent pour de faux / mais pour de vrai sans se rendre compte de la gravité de leur geste. Cette nouvelle éclaire d’un jour particulier l’écriture de Françoise Urban-Menninger et j’invite le lecteur à s’y attarder, parce qu’un auteur adulte ne peut ignorer la réalité de ces coups de fusil meurtriers et que s’il s’aventure du côté de cette innocence perdue ce paradis de l’enfance mais aussi du côté l’innocence de la grand-mère qui n’a pas compris, comme un pont jeté entre les deux rives de la vie, ce ne peut être que pour nous dire plus que le bonheur d’ignorer, la souffrance insoutenable de savoir.
Lisez et relisez ces nouvelles toutes simples, derrière leur légèreté voulue il y a toute cette part de la vie que notre monde feint d’ignorer.
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