dimanche 15 novembre 2009 par penvins
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David Foenkinos signe ici un roman tout en finesse bien dans son style et en même temps nous désigne ce qu’il estime être l’essentiel. Tout commence par le bonheur, et puis le bonheur se meurt, 7 ans c’est généralement le temps que l’on donne au premier cycle de l’amour, c’est le temps qu’il faut pour que le drame se produise. François victime d’un accident de jogging laisse Nathalie veuve. Tout le livre sera désormais consacré au deuil de Nathalie. Nathalie qui s’était mariée une première fois avec un homme rencontré par hasard, qui avait savouré son bonheur un bonheur qui pouvait faire peur, nageant dans le romantisme, se trouve désormais confrontée à la vie se harassant de travail pour ne pas penser à François.
C’est à travers cette mise en scène de l’entreprise, une multinationale suédoise, que David Foenkinos exprime tout en finesse son échelle de valeurs. Il y aura en effet d’un côté Charles le patron prêt à toutes les bassesses pour coucher avec Nathalie et Markus le subordonné pris au piège de l’amour, d’un côté les entrepreneurs prêts à tout pour satisfaire les actionnaires et de l’autre la vie réelle, les humbles qui doutent toujours des sentiments que l’on éprouve pour eux. Personne n’est plus différent de Charles que Markus et inversement, le premier est vulgaire, il n’a aucune finesse, trop pressé d’agir, il se prend à chaque fois les pieds dans le tapis faisant preuve vis à vis de Nathalie dont le deuil tarde à se clore des pires maladresses tandis que le second en dépit de son air sinistre est tout en délicatesse.
« Est-ce que je peux vous embraser ? demanda-t-il » […] Nathalie avait tellement aimé qu’il lui pose la question. C’était une forme de délicatesse.
Tout l’esprit de Foenkinos semble s’être réfugié dans ce roman, son humour comme une politesse, une façon de ne pas s’appesantir sur les choses alors que ce qu’il dit, ce qu’il revendique est essentiel et que son absence conduit au désespoir : Personne ne le prenait jamais dans ses bras, personne ne manifestait jamais le moindre signe d’affection à son égard. Pourquoi était-ce ainsi ? Il avait oublié l’existence de la douceur. Il était exclu de la délicatesse. Tout un livre sur ce seul mot aux significations diverses puisqu’il peut vouloir dire « être en froid avec quelqu’un », mais évoque également « une grande finesse », « de la fragilité », « une situation périlleuse » ou « une grande sensibilité », comme le rappelle l’auteur en citant les définitions du dictionnaire. Tout un livre pour montrer que sans cette délicatesse non seulement il n’y a aucun espoir de conquérir le cœur blessé de Nathalie mais on court le risque comme Charles de ne plus rien comprendre et de perdre pied.
Bien sûr on peut être agacé de certaines formules un peu légères, on peut s’irriter comme certains de ce qui semble léger, si léger, de ces intermèdes un peu décalés qui viennent détourner un instant l’attention du lecteur, mais cette légèreté n’est-ce pas justement ce que revendique l’auteur, une certaine fragilité comme apparaît ce Suédois un peu triste mais si délicat sans laquelle la vie n’a pas de saveur, sans laquelle les Nathalie sont incapables de retrouver la force de vivre ?
Laissez-vous aller à la lecture de ce roman, prenez-y plaisir tout simplement et suivez le conseil implicite de Foenkinos, laissez de côté la performance et précipitation d’agir, vous ne vous en sentirez que mieux et comme à Markus la vie vous sourira
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