jeudi 19 novembre 2009 par penvins
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Vous n’en avez pas marre de ces critiques convenues, on dirait qu’elles se recopient les unes les autres, quand j’essaie de regarder ce qui se dit de L’Arabe d’Antoine Audouard sur internet j’ai l’impression de lire vingt fois le même article, on s’extasie sur la critique du racisme (vraiment original !), on parle de roman du Sud en faisant référence aux auteurs américains là où j’ai plutôt vu le sud de la France et le racisme de la misère et pour terminer histoire de remplir les lignes on raconte l’histoire. Est-ce vraiment cela la critique ? N’y a-t-il pas autre chose à dire sur ce roman ? Doit-on s’extasier devant un sujet aussi consensuel et rabâché traité de manière aussi attendue ? La littérature se doit de rester un lieu privilégié où l’on se bat pour dire l’indicible et franchement dans ce que je viens de lire aussi bien ce roman que les romans récompensés par les principaux prix littéraires ( je ne les ai pas encore tous lus ) j’ai plutôt l’impression que l’on nous sert de la soupe, de la nourriture prédigérée que l’on avalera avec plaisir (quel plaisir de manger ces hachis pour vieillards édentés !) sans trop se poser de question.
Le roman d’Antoine Audouard est bien écrit, il y a une atmosphère qui peut faire penser au cinéma américain, on ne s’ennuie pas un instant, ça ressemble presque à un roman policier, mais on se demande où est donc passé l’auteur ? Comme si le livre avait été écrit pour faire un bon film par une équipe de scénaristes, il manque l’essentiel l’exigence [ce qui est nécessaire, indispensable ] d’écrire, la nécessité absolue d’exprimer ce qui ne peut s’exprimer autrement que par la littérature. Parce que si ce livre a été écrit pour dénoncer le racisme, franchement il y a mille et un autres moyens de le faire, l’important n’étant pas de le dénoncer mais de comprendre comment il naît et se développe. Et là je n’ai pas l’impression d’avoir appris grand chose, les personnages sont caricaturaux ou bons ou méchants, la seule explication serait qu’ils n’appartiennent plus ni au monde ouvrier ni au monde paysan chacun au village se trouvait une occasion de se rattacher par la terre à des générations qui n’étaient plus paysannes depuis longtemps, mais ce déracinement n’est pas plus analysé que cela et l’on ne voit pas bien ce qui distingue les racistes des antiracistes sinon peut-être que ces derniers attachent plus d’importance au savoir des générations passées. Juste ne croyait qu’aux hommes dont on a connu le père, et de préférence le grand-père.
Pour le reste je remarque cette considération étonnante : Un lapin dans son terrier, voilà ce qu’il était entouré de notre belle jeunesse, débordante d’énergie à dépenser, un dimanche soir de fin de saison, quand les distractions commençaient à manquer et qu’on risquait l’ennui. Comme s’il n’y avait d’autres causes au racisme que l’ennui. Franchement le mécanisme du racisme me semble décrit de l’extérieur et non comme un fait de société, il y a des lieux du racisme, des époques du racisme, un certain degré de tolérance aux idées racistes qui doivent pouvoir s’expliquer autrement que par la bêtise des hommes comme le suggèrent nombre de commentaires. Si le Sud semble plus touché par ce phénomène il doit bien y avoir quelques raisons que l’on ne voit pas ici sinon peut-être – mais c’est à peine évoqué – dans les relations de la France avec l’Algérie.
On ne fait pas un bon roman avec de bons sentiments, peut-être tout au plus un bon feuilleton, c’est ce que me semble avoir fait Antoine Audouard et ce qui m’agace le plus c’est la réaction unanime des bien-pensants comme si le sujet appelait immédiatement le soutien inconditionnel dans des articles dont la plupart reprennent la quatrième de couverture comme si la critique était là pour relayer le message marketing : Un grand roman « sudiste ».
Si vous aimez les belles histoires bien menées le roman d’Antoine Audouard ne vous décevra pas, et sa morale ira tout à fait dans le sens de ce que vous pensez.
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