dimanche 21 mars 2010 par Tarrou
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Nous sommes à Amsterdam dans un petit bistrot proche du port. Un Français se voit proposer de l’aide par un autre français, Clamence, pour répondre au patron hollandais dont il ne comprend pas un mot. Clamence vit à Amsterdam depuis quelques années et les deux hommes vont engager une longue conversation. C’est surtout Clamence qui va parler.
Il était un très grand avocat à Paris, très connu. Il menait une vie mondaine, était célibataire et, surtout, avait beaucoup d’estime pour lui-même. Un jour, il a tout abandonné, tout rejeté, et s’est réfugié ici, à Amsterdam, dans ce bar minable et un peu louche, le Mexico City. Pourquoi ? Il va directement toucher à l’essentiel.
Un pont en hiver, une eau glacée, noire, et quelqu’un qui se jette à l’eau avec un grand « Plouf ». L’aider ? Pas l’aider ? " Il ne l’aidera pas et « Les plongeons rentrés laissent parfois d’étranges courbatures. " dit-il. Il a perdu toute illusion sur lui-même !
Dans ce livre, nous trouverons des réflexions sur l’homme, la société, le péché, l’envie, la justice, le bonheur, Dieu, le Christ, la liberté. Clamence dit : " Au bout de toute liberté, il y a une sentence, voilà, pourquoi la liberté est trop lourde à porter… Ah ! mon cher, pour qui est seul, sans dieu et sans maître, le poids des jours est terrible. "
Comme Dostoïevski dans " les Frères Karamazov " et Rimbaud dans son poème " Soleil et chair ", il arrive à la conclusion que l’homme ne veut pas de la liberté. Alors quoi ? Dostoïevski avait imaginé l’homme remettant sa liberté entre les mains de quelques personnages, éclairés, en échange de son pain assuré et une vie heureuse. Camus voit l’homme se créer de nouveaux dieux, modernes, des dieux vivants et palpables à qui ils céderont leurs pouvoirs. C’est un peu la même chose, mais il faut avouer que Camus avait un avantage sur ses prédécesseurs : il avait vu les hommes à l’oeuvre avec Hitler et la soumission à Staline. Dostoïevski et Rimbaud, sous une autre forme, avaient deviné ce que la chute de Dieu pouvait entraîner.
Dois-je vous dire que j’ai adoré ce petit livre, vraiment pas difficile à lire. Deux heures de lecture, mais quelle lecture ! Un petit conseil ? Prenez de quoi souligner en le lisant. Cela vous permettra de vous régaler souvent de certaines phrases sans devoir relire tout le livre ou de perdre du temps pour les retrouver.
Vous ne serez pas très étonnés par le fait que ce livre n’est pas particulièrement optimiste. Par contre, à moi, il m’a semblé très réaliste.
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