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Plus loin dans l’inachevé, poèmes de Pierre Dhainaut

Prix de Littérature Francophone Jean Arp 2010, ouvrage paru aux Editions Arfuyen

jeudi 8 avril 2010 par Françoise Urban-Menninger

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Dans son discours prononcé à Strasbourg lors de la remise de son prix, Pierre Dhainaut évoqua l’influence du surréalisme qui marqua ses premiers textes. Il s’en est très vite écarté pour être à l’écoute de ce qui parle en lui et se mettre "au service de l’acte d’écrire". Cette disponibilité totale l’aide à avancer vers "ce que l’on n’arrive pas à circonscrire".

L’auteur distingue le poème de la poésie qui se doit de le déborder car "les mots aspirent à une autre présence", quant à nous "nous restons dans leur aura".
C’est dans le silence que ce mouvement s’ébauche, il est ce lointain dans l’inachevé comme l’indique le titre lumineux du recueil. Composé de trois parties : Perpétuelle éphéméride, Rituel de l’imprévoyance et A toi ce qui commence, il est prolongé et éclairé par le Journal des bords écrit en prose.
Pierre Dhainaut se tient sur une lisière, celle de l’écoute qui associe tous les sens dans une intuition qui précède la pensée raisonnée. Le poème, nous dit-il, est dans le même temps "une invite à rayonner" et "un regard qui écoute". Et c’est bien par le biais de cette écoute que le monde entre en relation avec le poète dans "une infusion lente", "un mûrissement"...On songe ici à Paul Valéry qui écrivait dans le même esprit :"Chaque atome de silence est la chance d’un fruit mûr"...
Aussi n’est-il pas surprenant que Pierre Dhainaut réponde à la question "Qui est le poète ?" par "L’écoute". Pour être au service de cette écoute, il faut retrouver "cette respiration inépuisable" dont sont dotés les enfants car "ils sont au monde et le monde est en eux". Bachelard ne nous signifiait pas autre chose lorsqu’il répétait que "les images de l’enfance sont des germes de poèmes".
Pierre Dhainaut, en puisant à la source même de cette écoute, renoue avec la pensée magique de son enfance :"terre, sans reflet,/ aucun enfant/ ne jugera la flaque :/ à genoux,/ il l’éclaire,/ il en fera/ une laisse de mer."
Cette "laisse de mer" rayonne en nous jusqu’à ces rives de l’âme, vers ces "terres augurales" où le poème cherche sa résonance. Car Pierre Dhainaut ne cesse de le rappeler "la poésie excède le poème", sans ce "débordement", le poème reste "un objet littéraire".
Dans son inlassable quête, le poète s’essaie à rendre aux choses "leur horizon sonore".
Mais cet horizon est sans limite, le poète n’a jamais le dernier mot, confie Pierre Dhainaut dans son Journal des bords. Et c’est paradoxalement pour l’auteur "l’un des bonheurs de l’écriture", car la seule "écriture tolérable" est celle qui comprend que "chaque jour elle doit renaître"...
Voilà pourquoi la place du poète ne peut se situer que dans "l’inachevé" car nul ne sait "où mènera le poème". La seule certitude qui habite la pensée du poète, c’est cette écoute qu’il associe à "un principe de vie" et que nous devons faire nôtre :" Ecouter, écouter jusqu’à ce que nous ne puissions plus dire le silence, jusqu’à ce que le silence soit aussi sensible que la rumeur des vagues".

Françoise Urban-Menninger



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