mardi 13 avril 2010 par Josy Malet-Praud
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Editions ACTE SUD (Poche/Babel Noir-2009)
Si l’on s’en tient au résumé, ce Polar brésilien est doté de tous les ingrédients indispensables au genre : « Fraîchement promu commissaire, le flegmatique inspecteur Espinosa se transforme en homme d’action. Le voici, dans cette nouvelle enquête, tiraillé entre les enfants perdus qui hantent les nuits et les rues de Copacabana, la sulfureuse Flor et des collègues corrompus.
Rio. Extérieur. Nuit. Un gamin des rues, qui dort sur le trottoir dans une boîte en carton, est réveillé par le tapage d’un couple éméché. Un portefeuille qui glisse d’une poche est aussitôt intercepté par un individu que le gamin prend en filature.
Rio. Intérieur. Jour. Vieira, un policier à la retraite, se débat dans les brumes d’une amnésie éthylique quand le téléphone sonne. La voix d’un ex-collègue résonne à l’autre bout du fil : une prostituée à qui il assurait sa protection en échange de ses bons offices a été retrouvée morte. Vieira a perdu son portefeuille et c’est sa ceinture qu’il reconnaît bientôt autour des jambes du cadavre ».
A la lecture…pourtant, on déchante puis on soupire très souvent.
Les cadavres tombent comme des mouches autour d’un commissaire beau gosse et d’une intégrité trop admirable (Espinosa) ; un second commissaire (Viera), retraité, gros, alcoolique et moche, est forcément soupçonné de n’être pas très –clean- ; un gamin des rue finira occis sans qu’on comprenne clairement pourquoi ; une romance fleur-bleue flotte naïvement sur le beau commissaire et une artiste peintre à la plastique de top modèle. Bref… c’est à la sauce brésilienne : des très bons et des trop méchants, des trop moches et des très beaux... Le règne de la caricature.
Trois cents longues, longues, très longues pages imprimées en mini-caractères sur des lignes bien serrées, où malheureusement aussi, l’auteur estime nécessaire de rappeler toutes les dix pages (j’exagère, mais si peu..), via les interrogations déroutées du commissaire-beau-gosse, la précarité des indices qu’il ne parvient pas à articuler entre eux et l’absence de relation entre les crimes qui se multiplient comme des petits pains…On se demande alors pourquoi, car le lecteur, lui, devine assez rapidement sur qui on peut pointer un doigt accusateur.
Fatalement, l’effet délayage agace, les répétitions fatiguent, et l’on trépigne : c’est long, ça traine, ça tourne en rond. Il faudra attendre les cinquante dernières pages des trois cents du bouquin avant de n’avoir plus tout à fait envie de le fermer pour de bon.
Autre faiblesse : le style est plutôt décevant, voire maladroit. Bonne fille et fidèle à mes attachements brésiliens, j’ai placé ces carences sur le compte d’une traduction approximative. Enfin, peut-être…
Un point positif tout de même : si l’on connaît la très belle ville de Rio de Janeiro, l’esprit et la culture des cariocas, on trouvera ici une exacte description des lieux, des ambiances, des comportements, notamment ceux qui échappent aux touristes. Comme moi, on pourra alors, au moins, sentir vibrer la « saudade do Brasil ». C’est toujours ça…
Josy Malet-Praud- 03/2010
www.lascavia.com
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