jeudi 13 avril 2017 par Jean-Paul Gavard-Perret
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Éditions Macula, 2017, 168 p., 26 €, 2017.
Jean-Claude Lebensztejn revient à ce qui fut la base de tout son travail : la tache. Mais pas n’importe laquelle. Si bien que son livre en devient corrosif et forcément drôle, fin et coruscant. L’eau-forte n’y est plus seulement une technique mais un état jaillissant auquel le traité de Jean-Claude Lebensztejn donne une introduction magistrale. Divers courants se mêlent de manière imprévue de Rabelais à Andres Serrano.
Le liquide urinaire gicle en un prolongement du moi ou de son reste dont il demeure esclave. Il était donc nécessaire de prolonger les recherches et la quête artistique et littéraire sur la tache en incluant celle du besoin naturel dans le processus créatif.Certes, cet « humain trop humain » est largement censuré même au sein d’un naturalisme souvent coincé.
Le florilège convoqué n’élimine pas forcément la métaphore. Mais dans tous les cas de tels jets sont troublants. En sortent des liens complexes qui évitent la simplification spiritualiste dont Gilles Berquet se moque à travers ses photos. L’auteur prouve que la miction dans l’art est plus considérable qu’on n’a voulu l’admettre jusque là, et qu’un artiste pouvait être pris au sérieux même en traitant ce thème ou cette situation. Il convient donc de considérer cet élément naturel comme normal en art : il doit se permettre non cette liberté mais cette nécessité.
La « pluie d’or » trouve ici un état fabuleux. Il ne s’agit plus d’évacuer l’invisible et de s’éloigner du mythe et des mythes. Il s’agit de les utiliser pour laisser plus de place à l’imagination en une invitation particulière pour parcourir l’humain à travers son corps et ne pas rater l’universalité du peu qu’il est.
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