jeudi 21 mars 2019 par Jean-François Ponge
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Gallimard (collection Folio), 1986, 635 pp.
Aurélien est un jeune rentier, tout juste rentré, entier, de la Grande Guerre. Il vit une vie de plaisirs, grand amoureux des femmes, des flâneries nocturnes dans ce Paris des "beaux quartiers" encore nostalgique des splendeurs de la Belle Époque. Mais sa rencontre avec Bérénice, une jeune femme, mariée, pas si belle que ça mais aux antipodes de ses fréquentations habituelles, va bouleverser sa vie. Lorsque j’ai lu ce livre pour la première fois, il y a une cinquantaine d’années environ, j’en avais retenu la peinture d’une moyenne bourgeoisie avide d’argent, par la spéculation, et de pouvoir, par la politique. Je n’avais pas senti, ne les ayant pas encore vécues, la puissance de cette description des rapports amoureux. Avant "Aurélien", jamais l’amour n’avait été analysé dans ses intimes replis, ses déclinaisons tant physiques que psychologiques. "Aurélien", c’est aussi un formidable exercice de style, mêlant une expression très moderne du "parler vrai" à une langue alambiquée fleurant bon son dix-neuvième siècle. Roman féministe aussi, avec cette figure d’une femme qui décide de sa vie et se joue des conventions de son temps, assortie de quelques autres très beaux portraits féminins. On peut donc faire son marché dans ce récit aux multiples facettes, un des chefs-d’œuvre de la littérature en prose de Louis Aragon.
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