mardi 2 avril 2019 par Jean-François Ponge
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10-18, 2016, 336 pp., traduction de Guillaume-Jean Milan
Un roman-récit qui décoiffe. Une écriture qui colle étroitement à son sujet : la vie (la première moitié de la vie) de l’auteure. D’abord le cri, un cri de souffrance. Le sexe, souvent assorti de sévices corporels, la drogue, l’alcool, la mise en danger, de soi et d’autrui. Pour oublier un père qui "touche" ses filles, une mère qui préfère s’évader dans l’alcool plutôt que d’affronter la réalité. Et l’eau, omniprésente, l’eau chlorée des piscines qui nettoie tout jusque dans les moindres replis de l’âme. L’écriture, hachée, désarticulée, sans repères narratifs, reproduit cette vie au quotidien, cette quête permanente d’une cessation de la souffrance, en la recouvrant d’une souffrance plus grande encore mais librement consentie. Et le lecteur souffre, lui aussi. Se demande s’il ne va pas devoir aller au-delà du supportable. Et puis soudain, tout change, lorsque… l’enfant paraît ! L’écriture devient alors fluide, se resserre sur la description des mille et un plaisirs quotidiens d’une vie où l’amour est, enfin, présent. La franchise est totale, y compris lorsque l’auteure avoue que l’écriture est mensonge dès lors que l’on prétend raconter les choses. Un grand moment de partage, avec un des meilleurs témoins de notre fin de civilisation…
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