vendredi 11 octobre 2019 par Jean-François Ponge
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Gallimard (collection Folio), 2018, 320 pp.
La Crau, une plaine longtemps laissée à la nature, dans l’ancien delta de la Durance, à l’est de la Camargue. Une nature contrôlée, où l’irrigation (dans la Crau "humide") permet de faire pousser un des meilleurs foins du monde, repéré par des chefs étoilés. Partout ailleurs, une steppe infertile (la Crau "sèche"), vouée de longue date au pastoralisme, point d’arrivée de la transhumance hivernale en provenance des Alpes de Haute-Provence. C’est dans ce cadre unique en Europe, aujourd’hui menacé, que vivent ou ont vécu les protagonistes de ce roman qui nous plonge au cœur des folles années où le sida était encore terra incognita. Les gens se souviennent de leur jeunesse insouciante, de leurs amours et de leur liberté. Les bergers se sont reconvertis, mais certains ont maintenu vaille que vaille la tradition. À partir de personnages que l’on suit entre présent et passé, au fil de leurs souvenirs, c’est toute une région qui revit sous nos yeux. On pense à Giono, bien sûr, avec sa description d’une nature souvent hostile, dont la rudesse rejaillit sur ceux qui l’habitent. Lorsqu’un berger affirme haut et fort que ceux qui protègent les loups méritent tous d’être pendus, ma main s’est lentement portée vers mon cou…
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