Editions Lux, 2019
mercredi 16 octobre 2019 par Alice GrangerPour imprimer
Alors que les puissances mondiales actuelles ont un potentiel destructeur qui fait craindre la fin de l’aventure humaine car le compte à rebours est déjà très avancé, Noam Chomsky l’Américain attire notre attention sur le fait que les populations ne comptent pas dans les décisions des maîtres du monde, qui entretiennent le temps de guerre à la seule fin de l’argent, de leurs intérêts personnels à la maîtrise des territoires où se trouvent les ressources de la planète dont profite presqu’exclusivement une minorité de plus en plus riche. Les populations mondiales ont beau, très majoritairement, être pour le travail de la paix, pour une solution trouvée diplomatiquement aux conflits, pour une avancée de la démocratie, leur voix ne compte pas, leurs vies sont sacrifiables puisqu’elles sont les premières et principales victimes des guerres dont le but secret, toujours avec le prétexte d’éliminer une menace pour la paix mondiale bien sûr, est la maîtrise de territoires où sont les ressources mondiales. Les maîtres du monde sont aussi les maîtres de l’humanité, qui l’occidentalisent en faisant croire que c’est la paix, et qu’il faut faire la guerre à tout ce qui s’y oppose et qui serait l’ennemi de la démocratie.
En lisant « Qui mène le monde ? », on est frappé par cette impuissance des populations, par leur passivité, comme si cette humanité n’était pas encore arrivée à terme. Et même que sa gestation émancipatrice n’avait pas vraiment commencé, faute d’un travailleur de la paix dont le sens de l’œuvre n’a pas encore pu prendre tout son sens, qui est de donner enfin aux humains les armes intérieures, intellectuelles, immunitaires, pour savoir se débrouiller dans un monde aussi violent, aussi impermanent, des armes éducatives par accès aux connaissances mais aussi à ce qui est sans prix en soi. Un travailleur de la paix dont l’œuvre émancipatrice, où le passeur conduirait à terme, à la naissance, en ramenant les humains à cet amont où se trouve pour chacun la flamme sédentaire, la source singulière de vie et d’inspiration qui peut rythmer comme une respiration la vie. Mais tout, dans ce monde de tous les dangers que nous décrit Noam Chomsky, en nous racontant pas à pas l’histoire qui nous a fait arriver à un tel degré de menace, semble arrimer les humains réduits à la passivité dans une immédiateté d’élevage d’animaux sacrifiables pour les besoins de la guerre et domesticables pour produire et donc pour l’argent ! Cette curieuse passivité des populations, c’est ça le plus important qui ressort de ce livre si courageux, de la part d’un Américain qui ose parler, résister, et aussi donner voix aux sans voix qui semblent, par lui, et d’autres, avancer dans l’ombre qui les sous-estime !
Est-ce que cela a à voir avec les principes et les valeurs qui mènent le monde ? Est-ce parce que tout semble vouloir empêcher que les populations s’éduquent, acquièrent une capacité critique, et une fidélité à la flamme de sédentarité qui est en eux, distinguant chacun, et opposant la mémoire de paix au temps de guerre, capable de faire front au temps de guerre ? Si oui, nous comprenons, avec Noam Chomsky, que toute velléité de démocratisation dans le monde, vu comme une dissidence inacceptable aux dominants, a toujours été combattue comme une menace au seul modèle occidental de démocratie dont l’emprise messianique devait s’imposer à toute la planète, telle l’américanisation. Noam Chomsky évoque les intellectuels, et leur responsabilité. Toni Morrison, dans son livre « La source de l’amour-propre », évoque « l’oppression sociale qui fonctionne comme un coma sur la population, coma que les despotes qualifient de ‘paix’, et étanchent le flux des guerres qui émoustille rapaces et profiteurs » ! Coma, passivité de la population, impuissance… Comment les maîtres du monde sont-ils arrivés à avoir une telle toute-puissance sur l’humain ? Comment tirer l’humain du coma, l’amener au sursaut ?
Noam Chomsky avertit que la réponse n’est pas simple, à cause de la complexité du monde. Mais il part du constat que seule une poignée d’acteurs exercent une influence sur les affaires du monde. Et parmi ceux-ci, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis restent les premiers. Ils président au débat international autour de tous les conflits, israélo-palestinien, Iran, terrorisme, organisation de l’économie mondiale, les droits et la justice. Et bien sûr, ils président aussi le débat sur la question de la survie de l’humanité, doublement menacée par la guerre nucléaire et la destruction de l’environnement. Or, cette influence prépondérante reste inchangée alors même que depuis 1945, la puissance des Etats-Unis ne cesse de diminuer. Donc, on sent que quelque chose avance, que le monde tremble…
L’influence des populations sur les décisions politiques reste minime même dans les démocraties les plus avancées. Par exemple aux Etats-Unis, « la vaste majorité de la population, au plus bas de l’échelle, se voit de fait exclue du système politique… alors qu’une mince couche de la population jouit d’une influence démesurée ». La population réagit par l’apathie, s’abstient de voter. Puisque tout choix politique en faveur de l’ensemble de la population récolte peu d’estime ! Seuls comptent les intérêts des élites ! Les politiques obéissent en fait « à une poignée d’intérêts dominants », à ceux qui sont obnubilés par l’argent. Idem en Europe, où le déclin démocratique est évident, tandis que les bureaucrates et technocrates de Bruxelles ainsi que les instances financières prennent les décisions ! Depuis la naissance de l’Etat capitaliste moderne, et ensuite l’ère néolibérale, il y a une guerre unilatérale des classes. Tout ceci a fait monter en puissance deux menaces terribles, celle de la guerre nucléaire et celle de la destruction de l’environnement !
Donc, le temps nous est compté, et la question cruciale est celle de savoir comment « le bas peuple » « peut espérer triompher du pouvoir des affaires et du nationalisme pour devenir » vivant et apte à vivre ?
La première des questions est celle de la responsabilité des intellectuels, évidemment ! Noam se demande si ceux-ci appartiennent à la minorité inspirée par Zola au temps de l’affaire Dreyfus, ou bien « les immortels de l’Académie » ? C’est avec la Première Guerre mondiale que ces deux catégories se sont partagées. Une des deux classes était pour la guerre, et voulait l’entrée en guerre des Etats-Unis. En vérité, elle était sous l’influence « des manigances du ministère de l’information britannique et de ses visées secrètes » pour influencer l’opinion de la majeure partie du monde. Ce fut la guerre pour la démocratie du président Wilson. Evidemment, ceux qui se rangent derrière l’Etat reçoivent les honneurs, les autres sont punis parce qu’ils osent contester. Les intellectuels axés sur les politiques aident à la tâche constructive du façonnage des politiques des institutions et à l’endoctrinement de la jeunesse. Les revendications populaires se heurtent à ceux qu’Adam Smith nomme « les maîtres de l’espèce humaine » dont la maxime est « Tout pour nous rien pour les autres » ! Une Commission trilatérale américaine, au temps de Carter, étudiant la crise de la démocratie, appela à une modération démocratique, afin d’alléger la pression des intérêts particuliers de la population sur l’Etat ! Pour cela, il fallait que le pouvoir soit aux mains du meilleur genre de personnes, et non pas les pauvres gens.
Donc, voici deux genres d’intellectuels : d’un côté ceux dont la responsabilité est axée sur l’humain et qui sont vaincus, et les intellectuels technocrates axés sur les politiques, ceux étant considérés par le pouvoir comme les vrais intellectuels ! Il faut prendre acte, pour la victoire du temps de guerre, cette force supérieure des intellectuels technocrates d’accord avec les politiques qui sont pour l’expansion, qui va s’avérer d’essence messianique, car elles sont habitées de la certitude d’incarner la voie démocratique à imposer militairement pour la bonne cause, et qui s’incarne comme modèle pour servir de carotte aux populations en visibilisant la vie paradisiaque de privilégiés ! Dans cette logique, qui ne peut pour s’imposer que mettre en acte une politique guerrière dans le monde entier afin d’imposer par la force la seule solution messianique possible, à laquelle nombreux adhèrent par séduction irrésistible car trouvant résonance intime en eux, Mandela le résistant, qui oppose une voie de paix différente, ne peut qu’être considéré par les Etats-Unis comme un terroriste jusqu’en 2008 ! De même, en Amérique latine, des prêtres jésuites, intellectuels de renom au Salvador, ont été assassinés au lendemain de la chute du mur de Berlin par un bataillon d’élite armé par les Etats-Unis pour leur choix différent, qui obéit à la liberté démocratique d’être différent, avec une histoire différente, une flamme de sédentarité en soi qui insuffle un souffle de déviation, un clinamen inacceptable aux yeux de ceux qui croient à une forme unique planétaire de ce qu’ils pensent être la démocratie, qu’ils défendent donc par la guerre, et dont le but secret est la maîtrise des ressources planétaires. Tant d’autres assassinats, coups d’Etat, guerres déclenchées qui déstabilisent dangereusement des régions comme le Moyen-Orient en particulier les frontières de l’Irak et celles de la Syrie et de l’Irak, toujours téléguidés par les Etats-Unis, obéissent toujours au motif messianique initial, qui ne tolère aucune déviation pourtant démocratique, partant de cette flamme de sédentarité en soi qui est forcément différente dans chaque culture, chaque pays, chaque civilisation, chaque humain, ce qui fait qu’une fois ça reconnu sans exclusion pour personne, se constitue une mémoire de paix et de tolérance, et il y a de la place pour tout le monde dans un monde multipolaire. Mais hélas, la force militaire hégémonique des Etats Unis, au service de la colonisation messianique, continuant comme si le monde était le territoire vu comme espace vierge du temps de Christophe Colomb et des conquérants européens, est si forte que la liste des victimes s’allonge encore sans fin de nos jours. Ceci semble découler, comme le souligne Noam Chomsky, du déni américain concernant le massacre des autochtones qui avaient pourtant des civilisations avancées, par Christophe Colomb et les premiers colonisateurs, qui ne voyaient qu’un espace vierge et illimité ! Cet espace sembla s’étendre à la terre entière ! Rien n’a vraiment changé depuis. Les populations passives, dans le coma, n’attendant plus rien des politiques et donc semblant les laisser faire, mais résistant dans l’ombre en si grand nombre en semblant vaincues, font croire à leur passivité, à une sorte d’adhésion de masse à l’américanisation de la planète, à la libération de l’individu.
Le 11 septembre a vraiment changé le monde, écrit Noam Chomsky ! Car il a permis au président Bush de relancer comme jamais la guerre contre le terrorisme ! Ceci légitimant l’invasion de l’Afghanistan, puis de l’Irak, et dans la foulée de plusieurs autres pays de la région. Or, Noam Chomsky fait une lecture très différente du 11 septembre, et de ses conséquences, montrant que dans l’ombre, on avance pour amoindrir… la force militaire américaine elle-même, selon une technique de la guérilla. Un journaliste montre que « la seule façon de chasser les Etats-Unis du monde musulman et de renverser leurs satrapes était de pousser les Américains à s’engager dans une série de guerres de faibles intensités, mais coûteuses, qui finiraient par causer leur faillite » ! Bush fils, Obama, ont foncé droit dans le piège ! Les dépenses militaires gigantesques accroissent la dépendance à la dette des Etats-Unis. Paradoxalement, les Etats-Unis furent donc en vérité les alliés de Ben-Laden ! Alors que les auteurs des attentats du 11 septembre auraient pu par une opération internationale être appréhendés autrement !
Déjà, le 11 septembre 1973, les Etats-Unis de Nixon étaient parvenus à renverser le gouvernement démocratique du Chili de Salvator Allende, pour mettre à la place Pinochet et son régime sanguinaire, parce qu’il fallait « tuer dans l’œuf le virus » chilien pouvant susciter une contagion en Amérique latine de leur processus d’indépendance, ce qui aurait nui aux Etats-Unis car les Chiliens auraient pris le contrôle de leurs propres ressources et entrepris une politique indépendante de développement ! Mais hélas, ce premier 11 septembre n’avait pas changé le monde ! Et même, il a modifié « la mission des militaires d’Amérique latine » afin que ceux-ci se consacrent à la « sécurité intérieure » ! Et, dans le monde, les intellectuels conformistes passent sous silence les crimes. Tandis que ceux qui condamnent les crimes des puissants, les dissidents, ont provoqué « colère et acrimonie parmi l’élite de l’époque ». Le monde pourtant « se prononçait largement en faveur de mesures diplomatiques et juridiques, que ’le monde’ a balayées du revers de la main » !
Le terrorisme au Moyen-Orient a légitimé les actions guerrières des Etats-Unis. Mais aussi, bien sûr, il les a piégés par les dépenses militaires… Le 13 février 2008, un commandant supérieur du Hezbollah est abattu à Damas, car il était responsable de la mort de beaucoup d’Israéliens et d’Américains ! Il y avait en vigueur dans la région une nomenclature anglo-américaine selon laquelle le monde se résumait à la clause politique de Washington et de Londres, afin de maintenir leur position par rapport « à certains enjeux ». L’homme du Hezbollah avait été abattu sans autres raisons que ces « enjeux »… Sous le prétexte d’attaques terroristes, Perez et Schultz bombardent Tunis, or ensuite il était apparu que ces attaques terroristes n’avaient aucun lien avec la Tunisie… Et en tout cas, elles étaient des représailles contre les détournements commis par Israël dans les eaux internationales… Et l’accent n’est bien sûr jamais mis sur la « terreur militaro-coloniale et d’humiliation délibérée » par exemple en Cisjordanie en décembre 1982. Car les enjeux restent bien sûr post-coloniaux dans la région. Et l’armée a bien le droit de piétiner « les droits de gens innocents sous prétexte que ce sont des ‘Araboushim’ vivant sur les territoires qui nous ont été promis par Dieu ». Lorsque ceux-ci allaient plus tard relever la tête, la brutalité militaire sera bien pire.
Donc, des atrocités sont commises aux Moyen-Orient pour « d’autres enjeux », et sous prétexte de punir le terrorisme sous toutes ses formes. Par exemple, en 1985, année terrible, l’attentat à la voiture piégée dans une mosquée de Beyrouth, visant un dignitaire chiite, « a été commandité par la CIA de Reagan et ses alliés saoudiens ». La même année Shimon Peres mena des opérations terribles contre les « villageois terroristes » dans les territoires du Liban Sud occupés par Israël. En 1982, les Etats-Unis avaient soutenu l’invasion du Liban par Israël. Peu importaient les dizaines de milliers de morts et qu’une partie importante de Beyrouth soit en ruines ! L’invasion avait eu pour prétexte des attaques terroristes à la frontière avec Israël, mais dans l’année écoulée, « les abords de la frontière n’avaient connu aucun incident »… Le seul objectif était de « consolider l’emprise d’Israël sur la Cisjordanie. » La propagande grossière, écrit Noam Chomsky, est que « l’invasion israélienne avait pour motif les attaques lancées par l’OLP depuis le Liban ». Le monde, dit Chomsky, aimerait en savoir davantage… Evidemment, réplique de l’Hezbollah aux crimes israéliens par des mortiers, ce qui justifie l’invasion du Liban ordonnée par Rabin. Peu importe l’impact dramatique immense sur la population ! L’important, c’était l’objectif, la destruction complète de villages importants pour leur population chiite, à rayer de la carte ! Ce sont, écrit Noam Chomsky, des meurtres « commis en connaissance de cause, mais sans dessein précis de tuer la population », celle-ci semble un dommage collatéral inévitable… Les décideurs ne peuvent pourtant ignorer la crise humanitaire terrible, le bilan humain atroce. Mais « Washington et ses apologistes voyaient plutôt les Africains comme des fourmis que l’on écrase en marchant dans la rue ». Ils n’avaient pas l’intention de les tuer, mais de toute manière, ils ne méritent pas qu’on s’arrête sur leur sort ! C’est ça qui est terrible ! Des enjeux qui remontent à la fin du colonialisme dans la région, touchant à la conservation des intérêts des anciens colonisateurs dans la région et ceux des Etats-Unis ainsi que de leurs alliés pour le but à sauvegarder, font que la population n’est rien ! Et le rouleau compresseur de la guerre au terrorisme est encore plus inhumain à l’égard des populations !
En 2009, à la Maison-Blanche, raconte Noam Chomsky, on a fait des efforts désespérés pour trouver un lien entre l’Irak et Al-Qaïda ! La torture… Qui est une pratique courante « depuis les premières années de la conquête du territoire américain », pour servir « les visées expansionnistes de ‘l’empire naissant’ » ! Les Etats-Unis avaient l’ambition transcendante d’instaurer la paix et la liberté dans le pays et partout ailleurs… une ambition si grande justifiait bien… la torture ! L’Amérique des origines est encore là ! Déjà les colons Britanniques étaient de « bienveillants humanistes répondant à l’appel de misérables Autochtones ne rêvant que d’échapper à leur triste sort païen » ! Alors, la colonisation prend sens d’intervention humanitaire… Et tous les Indiens ont été exterminés… Ce fut moins destructeurs au Mexique et au Pérou, par les Espagnols… Le colonialisme de peuplement est une forme très cruelle d’impérialisme ! Ainsi, les Etats-Unis ont envahi Cuba, qui était en train de se libérer de l’Espagne, faisant de l’île leur pseudo-colonie jusqu’à la révolution de 1959. Mais ensuite, pour remettre à sa place une Cuba qui pouvait être contagieuse pour l’Amérique latine, la guerre économique américaine a été terrible, afin de punir la population fidèle à Castro. Kennedy voulait faire subir à Cuba « toute la terreur de la terre » !
Partout dans le monde, depuis 1940, des victimes endurent le protocole de torture de la CIA. Confiée à des sous-traitants, elle est très coûteuse, à cause de ses innovations. Obama n’y a pas mis fin ! Au Vietnam la torture était infligée par alliés interposés. Et par exemple, en Amérique latine ce sont les gouvernements latino-américains à la botte des Etats-Unis qui tortureront leurs citoyens. L’aide américaine va davantage aux pays propices à leurs affaires, où on procède à l’assassinat de syndicalistes, de militants paysans, de défenseurs des droits des personnes. Bref, toujours un cynisme à l’égard des populations, qui ne méritent pas qu’on se penche sur leur sort ! La torture peut se sophistiquer en torture psychologique, plus efficace « pour transformer les gens en abrutis dociles » ! A Guantanamo, on peut « faire disparaître à jamais, sans procédure judiciaire », des personnes. Sans le moindre droit ! Mais au nom du rouleau compresseur de la lutte contre le terrorisme. Et bien sûr, le terrorisme des Etats-Unis est en ce sens « bienveillant » !
En vérité, Noam Chomsky révèle que la torture comme technique sophistiquée d’interrogatoire non seulement n’a pas permis d’obtenir des renseignements utiles, mais aurait entraîné autant de mort de soldats américains qu’il y a eu de tués lors de l’attentat du 11 septembre ! Car des combattants étrangers venaient en Irak en réaction aux sévices infligés à Guantanamo, et avec leurs alliés locaux commettaient des attentats suicides, tuant des soldats américains en nombre aussi important que les victimes civiles du 11 septembre ! En bref, la torture suscite des vocations terroristes très meurtrières !
La guerre contre le terrorisme, déclenchée après le 11 septembre où pour la première fois les armes se sont retournées contre les Etats-Unis, fait que le droit international est dépassé ! Mais Noam Chomsky souligne que les Etats-Unis ne sont pas une exception en la matière, puisque toutes les puissances impériales ont fait de même avant, par exemple la France qui, dans sa mission civilisatrice, eut un ministre qui appela à l’extermination de la population indigène » d’Algérie, les Britanniques commirent des atrocités en Inde en 1857 dans le seul but de s’arroger le monopole du commerce de l’opium et forcer la Chine « à accepter les produits britanniques »…
Mais, écrit Noam Chomsky, « l’invasion de l’Irak est un crime bien pire » ! La France, avec le président Chirac et le discours de Dominique de Villepin à l’ONU en 2003, a voté contre !
Les forces populaires arabes, par leurs soulèvements démocratiques, ont manifesté qu’elles étaient vivantes et déterminées ! En même temps, souligne Chomsky, il y eu aussi aux Etats-Unis une mobilisation de la population en faveur des travailleurs et de la démocratie ! Au Caire par exemple. Ces révoltes étaient un échantillon de ce qui bougeait dans la société mondialisée ! Cela aurait-il des retombées sur le cœur industriel du pays le plus riche et le plus puissant de la planète ? Et dans cette région du monde, le Moyen-Orient, qui était pour Eisenhower en 1940 la région du monde la plus importante du point de vue stratégique et le plus beau joyau économique du monde sur le plan des investissements extérieurs ? Les Etats-Unis et leurs alliés, bien sûr, entendaient « conserver la mainmise au sein du nouvel ordre mondial qui se dessinait alors ». Car selon Roosevelt, cette mainmise « sur les considérables réserves énergétiques du Moyen-Orient donnerait aux Etats-Unis la ‘réelle maîtrise du monde’ » ! Donc, pas question de perdre le contrôle dans cette région, alors que depuis la Seconde guerre mondiale les Etats-Unis s’étaient lancés dans le projet de domination planétaire, anticipée depuis 1939 ! C’était l’Empire britannique qui dominait les ressources en énergie au Moyen-Orient jusque-là. Et ensuite, il n’était pas question que l’Union soviétique contrarie le projet ! D’où l’OTAN ! Dans l’après-guerre, les Etats-Unis ont délimité une Grande Région, l’hémisphère occidental, l’Extrême Orient et l’ancien Empire britannique et ses ressources énergétiques ! La doctrine de la Grande Région est depuis lors d’employer la force militaire pour s’assurer l’accès illimité aux marchés clés, à l’approvisionnement énergétique et aux ressources stratégiques. Bien sûr, les populations sont oubliées dans cette doctrine ! L’invasion de l’Irak obéit à ces principes ! Les troupes américaines dans le pays pour une durée indéterminée permettaient d’offrir « le pays sur un plateau à des investisseurs américains triés sur le volet », et la mainmise américaine sur les ressources pétrolières de l’Irak. Mais la résistance irakienne en a décidé autrement ! En Tunisie et en Egypte, certes il y a eu des soulèvements populaires importants, mais pas vraiment de changements dans l’élite gouvernante et du système ! En tout cas, il est clair, souligne Noam Chomsky, que ni les Etats-Unis, ni leurs alliés occidentaux, ne laisseront faire « l’émergence d’une véritable démocratie dans le monde arabe » !
Dans le monde réel, en vérité l’élite « voue à la démocratie une haine profonde » ! Déjà en 1958, la population arabe pensait que les Etats-Unis « soutiennent des dictatures et entravent la démocratie et le développement afin de s’arroger la mainmise sur les ressources de la région » ! C’est toujours valable aujourd’hui ! Déjà le pouvoir britannique avait veillé à ce que l’Egypte n’aspire pas à une voie indépendante ! Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont pris la place de l’Angleterre au rang de la première puissance mondiale, et ils ont refusé d’aider l’Egypte à prendre son indépendance avec son coton.
L’hostilité occidentale envers la démocratie dans le monde arabe reste intacte, écrit Chomsky. Et le printemps arabe n’est pas comme la chute du mur de Berlin, tolérée par Moscou. Persiste la doctrine de la Grande Région ! Et donc, l’Iran est considéré « comme la plus grande menace à l’ordre mondial », parce qu’il pourrait avoir la bombe nucléaire, afin de se protéger contre une invasion telle que l’Irak l’a connue ! L’Europe et les Etats-Unis sont minoritaires dans le monde pour s’opposer à ce que l’Iran enrichisse l’uranium. La Turquie, le Brésil, la Chine, sont contre les sanctions contre l’Iran. La Chine renforce déjà « son rôle dominant dans l’industrie énergétique iranienne ». Les Etats-Unis ont demandé à la Chine de ne pas manquer à ses responsabilités internationales, qui sont… « obéir aux ordres des Etats-Unis ». Les Etats-Unis se disent inquiets à propos de l’armée chinoise, mais cette armée est très inférieure à celle des Etats-Unis, et elle défend les côtes de la Chine, alors que les navires de guerre américains opèrent dans les eaux internationales tout près d’elles. Les voisins de la Chine ont, eux, réellement à s’inquiéter du pouvoir militaire et économique de la Chine. Cependant, ce qui peut inquiéter les Etats-Unis, c’est le déclin de leur puissance depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale où elle était à son apogée, la richesse mondiale étant alors entre ses mains ! C’est qu’au cours des années 1970, l’économie des Etats-Unis a subi un changement radical par la financiarisation et la délocalisation de sa production, ainsi que par le coût croissant des dépenses électorales, aux mains de l’industrie de la communication, pour des candidats grand-public, tel Reagan ! Obama, en remerciement, a confié les postes-clés de son administration à des dirigeants du monde des affaires. S’ensuit une concentration de la richesse et du pouvoir dans les mains d’une élite toujours plus réduite. Lorsque le système s’effondre, le plan de sauvetage bien sûr se fait au frais du contribuable, s’attaque aux fonctionnaires, aux enseignants, aux immigrants. Idem en Europe. Et la menace environnementale n’est pas prise au sérieux ! Noam Chomsky le martèle : « Aussi longtemps que l’ensemble de la population demeure passif, indifférent et distrait par le consumérisme et la haine envers les plus vulnérables, les puissants peuvent agir comme bon leur semble, et il ne restera plus aux survivants qu’à contempler le résultat ».
Noam Chomsky revient sur le déclin des Etats-Unis. Il ne pense pas que c’est la Chine qui prendra la place des Etats-Unis comme première puissance mondiale, mais qu’il y aura davantage de diversité, alors que l’hégémonie des Etats-Unis n’aura aucun concurrent sérieux dans le proche avenir. Car Ils ont toujours la mainmise sur la « Grande Région », où chaque territoire a sa fonction propre au sein du système planétaire ! En 1949, cette Grande Région s’était affaiblie par la perte de la Chine. Cependant, le déclin vient du fait que d’autres nations industrielles se reconstruisent et que la décolonisation, difficile, avance. Après l’effondrement de l’Union soviétique, les forces d’intervention sont toujours concentrées sur le Moyen-Orient. Les forces de l’Otan s’étendent vers l’Est. Alors qu’on s’était réjoui de la chute du mur de Berlin, peu à peu « l’hostilité grandissante de l’opinion planétaire pouvait difficilement être ignorée », notamment dans le monde arabe. Ensuite, les Etats-Unis ont poursuivi leur déclin en perdant l’Amérique du sud. Mais c’étaient les velléités d’indépendance au Moyen-Orient qui restaient aux yeux des Etats-Unis les plus préoccupantes. La création de véritables démocraties seraient désastreuses pour Washington, disent les démocrates de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ! Noam Chomsky analyse aussi l’idée selon laquelle les Etats-Unis eux-mêmes seraient responsables de leur déclin, à cause du nuage noir de la grande entreprise sur la société et la politique, qui repose sur le capital financier. Le déficit est la première préoccupation, sans compter le chômage. L’opinion publique veut une réduction… en matière de défense, évidemment ! L’Irak et l’Afghanistan ayant coûté si cher ! Le piège de Bel Laden à l’Amérique ! Mais, sourd à l’opinion publique, la crise du déficit sert d’arme pour saborder les programmes sociaux ! D’où l’impitoyable guerre de classes, et le sérieux problème de la dette ! la générosité va à Wall Street ! Et Les Républicains s’opposent à toute protection de l’environnement. Donc, on voit bien avancer l’horloge en matière de menace nucléaire et de destruction environnementale ! Le scenario est en train de virer au cauchemar ! Les maîtres de l’humanité ont préféré se concentrer sur les gains à court terme et les primes juteuses plutôt que se soucier du bien-être de leur société ! C’est ça, écrit Noam Chomsky, « la véritable mutation du pouvoir dans la société mondialisée » ! Et c’est en « saccageant les vestiges du régime démocratique » que les « institutions financières jettent les bases qui serviront à perpétuer le processus destructeur » ! Ceci « TANT QUE LEURS VICTIMES ACCEPTENT DE SOUFFRIR EN SILENCE ». On dirait que ces « victimes » n’ont pas non plus conscience du scenario suicidaire en train de se jouer !
C’est que le silence dure depuis longtemps sur les actions militaires américaine ! La plus meurtrière depuis l’après-guerre fut l’invasion du Vietnam du Sud et de l’Indochine, le Cambodge, attaquant tout ce qui bouge, les paysans. Tout cela répondait à des plans géostratégiques, dissimulés derrière des chimères visant à faire peur. Le président avait déclenché tout cela parce que « nous sommes aux prises avec une conspiration mondiale, d’un bloc monolithique et implacable qui repose essentiellement sur des moyens secrets pour étendre sa sphère d’influence » ! Et détruire cette prétendue conspiration mondiale valut bien le massacre le plus meurtrier d’après-guerre ! Tout ce qui bougeait ! Et au temps de Kennedy, la terreur américaine était l’indépendance de Cuba !
Noam Chomsky continue à analyser le déclin, bien réel, des Etats-Unis. Il souligne d’abord que pour eux, « toute brèche dans sa domination absolue s’apparente à une véritable catastrophe » ! Mais, si la Chine est le premier centre manufacturier du monde, si elle se développe en matière d’innovation, elle a de graves problèmes démographiques. Idem pour l’Inde. Donc, pour Chomsky, les Etats-Unis garderont leur hégémonie mondiale pour tout ce siècle, par l’extraction du combustible fossile chez eux.
Donc, la perte de la Chine a été la première étape du déclin des Etats-Unis, lors de son indépendance en 1949. Une prise d’indépendance ! Et il ne fallait pas perdre, alors, le Vietnam, etc… La Chine pouvait être le virus entrainant une contagion d’indépendance ! Il fallait détruire le virus Vietnam, et vacciner tout pays présentant les mêmes symptômes ! Puis il fallut faire de même en Amérique latine. Etc.
Et pourtant, les Etats-Unis ont continué leur déclin. Délocalisation de la production dans les années 1970 pour augmenter les bénéfices par une main-d’œuvre bon marché. Cercle vicieux. Perte de savoir-faire. Donc perte pour l’innovation. Préoccupation pour les travailleurs et les classes moyennes ! Pendant ce temps, à l’étranger, en acquérant des savoir-faire, on se libère de la domination occidentale, on avance dans l’ombre ! Des pays se sont même débarrassés des bases militaires américaines sur leur sol. Ainsi, le déclin américain. Alors, ce serait encore plus grave de perdre aussi des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ! D’où le danger du printemps arabe…
Alors, se demande Noam Chomsky, quel est l’autre enjeu, celui du conflit israélo-palestinien ? C’est là que la phobie de la démocratie des Etats-Unis est la plus éloquente, écrit-il. Les Etats-Unis soutiennent « la démocratie si, et seulement si, elle s’accorde avec leurs objectifs stratégiques et économiques » ! Donc, depuis quarante ans, ils prônent le refus dans le conflit israélo-palestinien, en faisant obstacle à un consensus international en faveur d’un règlement politique ! Parce que la condition préalable réelle est que Washington supervise ces négociations, évidemment ! Alors que cette supervision devrait être confiée à un pays neutre ! Par exemple le Brésil, propose Chomsky. Et la deuxième condition préalable réelle est qu’Israël puisse avoir le droit de poursuivre son expansion illégale en Cisjordanie, tandis que les Etats-Unis feignent d’être contre tout en ne cessant jamais son soutien économique, diplomatique et militaire à Israël. Pour les Etats-Unis, les droits des Palestiniens n’ont qu’une place marginale ! Puisqu’ils n’ont ni pouvoir ni richesse, rien qui puisse intéresser les Américains ! Alors qu’Israël est depuis longtemps un allié stratégique et militaire de grande valeur, ayant éliminé le virus Nasser… De plus, il y a une valeur culturelle puisque, avant le sionisme juif, il y avait en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis un sionisme chrétien parmi l’élite riche, et que le peuple élu revienne sur la Terre promise par Dieu était comme une croisade réussie « sans précédent dans l’histoire de l’humanité ». Comme par hasard, le christianisme évangélique est un mouvement de masse aux Etats-Unis, et a gagné en importance depuis Reagan, et depuis c’est un dévouement « quasi absolu à servir les super riches et le monde des affaires ». De plus, le monde anglo-saxon « est composé de sociétés fondées par des colonies de peuplement et bâties sur les cendres de populations autochtones anéanties ou pratiquement exterminées ». Donc, même logique…. Les « Etats-Unis disposent du droit de dominer la plus grande partie du monde, leur sécurité exigeant une mainmise quasi absolue sur celui-ci ». Or, le monde est désormais multipolaire ! Mais rien n’a encore dissipé les deux nuages noirs, celui de la guerre nucléaire et de la catastrophe environnementale, qui s’aggravent avec le temps, et de là peut-être le sursaut des populations viendra-t-il ?
Alors Noam Chomsky nous rappelle que l’établissement des droits de la personne date de la Magna Carta, qui a mille ans ! Il faudrait qu’elle revienne d’urgence à l’ordre du jour ! Alors qu’elle ne cesse au contraire d’être mise en pièces chaque jour ! C’est un jurisconsulte anglais, William Blackstone, qui l’avait publiée. En fait, c’étaient deux chartes, dont d’abord la Charte des libertés, qui était « la pierre angulaire des droits fondamentaux des peuples de langue anglaise ». La Loi d’Habeas Corpus, en 1679, l’avait renforcée. La charte complémentaire était la Charte de la forêt, qui « stipulait que les ressources communes devaient être protégées de tout pouvoir extérieur » ! Car c’était la source de subsistance pour la population en général, combustibles, nourriture, matériaux de construction, nécessaire pour sa survie. Cette Charte de la forêt limitait donc la privatisation ! Mais, à partir du XVIIe siècle, l’économie marchande et les principes capitalistes mirent à mal cette Charte, et donc les droits du peuple ! C’est l’essor du système capitaliste qui a provoqué « une refonte radicale de la gestion des ressources communes » ! L’avidité individuelle va, par les colonies de peuplement anglo-saxonnes, expulser les populations autochtones, voire les exterminer ! Par exemple les Indiens ! Noam Chomsky souligne que dans les usines et champs d’Angleterre et parmi les travailleurs américains, les opposants les plus virulents « à la destruction des droits et de la dignité des gens libres aux mains du système industriel capitaliste », il y avait beaucoup de femmes d’origine paysanne !
La limitation de l’aspiration démocratique s’est faite, depuis plus de cent cinquante ans par la création de l’envie, le marketing maintenant, c’est-à-dire amener les gens vers les choses superficielles de la vie, la consommation. Ainsi atomisés, et le mot est si juste et fort, c’est-à-dire séparés les uns des autres et guidés seulement par la seule quête de gain personnel, « détournés de toute inclinaison à penser par eux-mêmes et à remettre en question l’autorité » ! Façonnage d’opinion ! D’autre part, il fallait marginaliser cette population, la remettre à sa place, celle de l’ignorance et de la stupidité l’empêchant d’être capable de prendre des décisions, et alors seule la minorité intelligente pouvait prendre ces décisions, et donc vivre à l’abri, bien sûr ! Dans la société démocratique ainsi redéfinie, la population était spectatrice, non participante ! Et c’est surtout en matière de politique étrangère que ce troupeau ne doit pas mettre son nez ! Ainsi, les grandes sociétés vont faire de manière ostentatoire leurs bonnes œuvres, afin d’occulter « les énormes bénéfices que leur avait accordés l’Etat providence ». Désormais, le contrôle des opinions se fait par des méthodes sophistiquées ! Chomsky souligne que la destruction de la Charte de la forêt, sa disparition des mémoires, est en étroite relation avec « la démarche visant progressivement à restreindre les engagements de la Charte des libertés ». D’une part, les biens communs devaient devenir sources de profits, et d’autre part il fallait empêcher que la Charte des libertés inspire « des citoyens libres de décider de leur propre sort ». Bien sûr, pour un temps, les luttes populaires ont remporté des victoires, mais aux Etats-Unis, si les personnes avaient des droits, encore fallait-il être reconnu une personne, ce que n’était pas un Noir, et à peine les femmes, qui étaient la propriété du père ou du mari et ne purent siéger dans des jurys qu’à partir de 1975. Après la guerre de Sécession, les Afro-Américains sont devenus des individus, et furent de la main-d’œuvre bon marché. Mais à partir de 1970, la population noire est à nouveau criminalisée. Les grandes sociétés ont acquis des droits comme une nouvelle catégorie de personnes ! Donc, étant donné leur envergure, elles ont eu des droits bien plus grands que celui des personnes ! Par exemple le droit de poursuivre un Etat ! La liste des terroristes selon les Etats-Unis est très instructive en matière de restriction de la Charte des libertés ! L’Etat peut porter de tels jugements sans avoir à en rendre compte !
Alors que la menace environnementale est de plus en plus catastrophique, et fait craindre le point de non-retour, Chomsky martèle que ce sont les privatisations par de grandes sociétés prédatrices épaulées par l’Etat qui ont détruit et continuent de le faire la Charte de la forêt dont la vocation était de « protéger la source de subsistance de la population, les ressources communes, de tout pouvoir extérieur, soit d’abord la noblesse » etc. Aujourd’hui, le Sud mondialisé connaît hélas la conversion de biens publics en propriété privée, une privatisation de l’environnement naturel ! Plus que jamais, la politique est une entreprise lucrative ! En Afrique, désormais la Chine et les Etats-Unis s’emploient à la même destruction de l’environnement. Et il est clair que la dépendance aux combustibles fossiles mène droit au désastre planétaire ! En première ligne pour faire face à cette crise, il y a les communautés autochtones, par exemple boliviennes, qui défendent ardemment la Charte de la forêt ! Ce pays qui fut le plus avancé de l’ère précolombienne est devenu le plus pauvre de l’Amérique latine après des siècles de destructions par les Occidentaux, martèle Noam Chomsky. La Bolivie, à la Conférence mondiale des peuples à Copenhague en 2009, a permis l’Accord des peuples pour déterminer les droits de la planète comme revendication essentielle des communautés indigènes mondiales. Les Occidentaux raffinés leur ont ri au nez !
Puis Noam Chomsky parle de la menace nucléaire. Les documents ayant été déclassifiés, nous en savons maintenant plus sur la très grave crise des missiles de Cuba en 1962, où la survie de la civilisation humaine aurait pu se jouer. La guerre nucléaire aurait détruit l’hémisphère Nord. En réponse à des grenades sous-marines américaines sur des submersibles soviétiques, ceux-ci voulaient répliquer par une torpille nucléaire, et l’on sait par les archives de Moscou que cela a été annulé à la dernière minute par la décision d’un officier. On a frôlé la guerre nucléaire. De plus, il y avait absence de règles de commandements et de contrôle, selon le témoignage d’un pilote de l’OTAN, Don Clawson, qui dit que ses supérieurs « ne disposaient pas du pouvoir d’empêcher des membres d’équipage voyous d’armer et de lancer leurs armes thermonucléaires ». Et aucun « des systèmes n’était muni de dispositif de sécurité ». L’arsenal américain était, au temps des missiles de Cuba, d’une puissance inégalée, « dirigé vers un ennemi soviétique faible et vulnérable, ne pouvant être perçu comme une menace pour la paix ». On a longtemps ignoré qu’à ce moment-là, les Etats-Unis « avaient secrètement déployé sur l’île d’Okinawa des missiles en tous points comparables à ceux que l’Union soviétiques enverrait à Cuba » qui étaient pointés vers la Chine, de manière offensive, alors qu’à Cuba les missiles soviétiques étaient défensifs ! A propos de Cuba, la raison secrète de la « crise », c’était qu’elle devait cesser sa subversion politique en Amérique latine. Car Castro incarne « une opposition réussie à l’égard des Etats-Unis ». Et « Le droit de dominer des Etats-Unis constitue un principe directeur de la politique étrangère américaine dans la plupart des situations », ce qui est bien sûr masqué par « une rhétorique défensive ». Par exemple, le coup d’Etat fomenté par les Etats-Unis et l’Angleterre contre le régime parlementaire de l’Iran en 1953 (qui a porté le Shah au pouvoir), à la lumière de l’analyse minutieuse de sources internes, met à mal la version officielle de la guerre froide, et même l’accès au pétrole, car il a eu lieu par l’exigence des Etats-Unis d’avoir la mainmise globale, qui était compromise par le nationalisme indépendant iranien ! La crise des missiles de Cuba a pris fin en donnant l’air d’une « humiliante défaite pour la diplomatie soviétique », tandis que les Soviétiques soulignent leur sagesse, qui a sauvé le monde de la destruction nucléaire. Et c’est vrai que la capitulation de Khrouchtchev pouvait être de la sagesse. On sait maintenant que « l’explication qu’a donnée initialement Khrouchtchev pour l’envoi des missiles à Cuba était fondamentalement exact : le dirigeant soviétique n’avait jamais eu l’intention de menacer la sécurité des Etats-Unis, mais considérait plutôt leur déploiement comme une manœuvre défensive visant à protéger ses alliés cubains d’attaques américaines, dans une tentative désespérée de donner du poids à l’Union soviétique dans l’équilibre des forces nucléaires ». Mais ce n’était pas fini pour Cuba. En 1969, Nixon ordonne encore à la CIA d’intensifier les opérations secrètes contre Cuba. Après l’épisode de la baie des Cochons, il s’ensuivit une sorte d’hystérie, qui disait que seuls les forts survivraient, en ayant recours à la terreur à grande échelle ! Au lendemain de la crise des missiles, Kennedy a décidé un embargo pour punir « les Cubains pour avoir mis en échec une invasion américaine » ! En dépit de sa faiblesse, l’Union soviétique avait gagné, en empêchant cette invasion ! Mais Kennedy, comme si finalement il avait réussi à garder son sang-froid, n’en continue pas moins le déploiement à grande échelle par les Etats-Unis de forces offensives partout dans le monde. Et aujourd’hui encore, la principale accusation contre l’Iran vise sa capacité dissuasive à s’opposer aux forces américaines et israéliennes ! Et en privé, les frères Kennedy parlent de leurs craintes « que les missiles cubains dissuadent les Etats-Unis d’envahir le Venezuela »… Toute cette logique court encore et fait plus que jamais courir le risque d’une guerre nucléaire. Depuis lors, nous dit Noam Chomsky, « L’Inde et le Pakistan ont frôlé la guerre nucléaire à plusieurs reprises et les causes de leur conflit demeurent inchangées. Les deux pays, à l’instar d’Israël, ont refusé de signer le TPN (Traité de non-prolifération) et bénéficient du soutien des Etats-Unis pour le développement de leur programme nucléaire ». La sagesse de Khrouchtchev en 1962 risque de ne pas l’emporter indéfiniment !
Se penchant sur le conflit israélo-palestinien, Noam Chomsky dit que les accords d’Oslo en 1993, après des négociations évidemment amorcées par les Etats-Unis avec l’illusion d’une supervision internationale, sont toujours d’actualité. Ces accords, bien sûr, présentaient des Palestiniens qui jusque-là avaient toujours refusé les compromis, alors qu’en vérité, écrit Chomsky, « Bien sûr, les Etats-Unis et Israël étaient ceux qui avaient refusé la diplomatie, et l’OLP celle qui se disait disposée à des compromis depuis des années ». L’Antifada « ne réagissait pas uniquement à l’occupation. Elle représentait aussi une révolution sociale de la société palestinienne, brisant les schémas d’asservissement des femmes et d’autorité des notables, entre autres formes de hiérarchie et de domination ». Voilà qui est un éclairage très intéressant ! Au lendemain d’Oslo, évidemment, la colonisation a continué son programme d’encerclement des communautés palestiniennes. Les violations des accords d’Oslo n’ont jamais cessé ! Et les Palestiniens « pourraient dire adieu à tout espoir de droits nationaux, même limités ». Alors que les « intellectuels et les commentateurs occidentaux l’ont pourtant pratiquement érigé en dogme », c’est ignorance volontaire que de croire que le processus d’Oslo pouvait mener à la paix, écrit Noam Chomsky ! Une étude sérieuse mandatée par le ministre des Affaires étrangères de Norvège et analysant les documents internes du processus d’Oslo montre l’absence de comptes rendus de la période la plus cruciale des négociations ! Et conclut en disant que « pour les Palestiniens, il s’est traduit par un morcèlement de la Cisjordanie, le doublement du nombre de colons israéliens, l’érection d’un mur de séparation paralysant, un régime de barrière draconien sans précédent entre la bande de Gaza et la Cisjordanie » ! Pourtant, l’opinion occidentale éclairée pense que les négociations entre Palestiniens et Israéliens peuvent se dérouler avec les Etats-Unis dans le rôle d’intermédiaire impartial, alors que depuis quarante ans ils sont les alliés d’Israël « pour faire obstacle à une solution diplomatique bénéficiant d’un soutien quasi unanime » !
Noam Chomsky poursuit en nous disant qu’à plusieurs reprises encore, nous avons été à deux doigts de l’anéantissement. Et que fait l’humanité ? Ce sont les sociétés les moins développées qui, bizarrement, tentent de désamorcer les menaces ! Par exemple les menaces environnementales ! Bolivie, Venezuela, Equateur, Inde. On parle de « droit de la nature » ! Alors que les sociétés très développées redoublent d’ardeur pour détruire l’environnement ! Le monde des affaires, surtout, est indifférent à cette menace ! Le fossé s’élargit entre l’opinion publique et les politiques à la botte du monde des affaires !
La question nucléaire reste une menace d’une part avec l’Iran, perçu par l’Occident « comme la plus grande menace pour la paix dans le monde ». Or, à toutes les occasions qui se sont présentées pour « l’établissement progressif d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région », ce sont les Etats-Unis qui, contrairement à l’Iran, stoppent le processus, par exemple en 2012, lorsque Obama annula sa présence à la conférence internationale à Oslo, sous l’égide de l’ONU, alors que l’Iran accepte d’y assister. Il se passe la même chose avec la deuxième menace nucléaire, celle avec la Corée du Nord. Et Noam Chomsky nous rappelle qu’en 1993, aussi bien Israël que la Corée du Nord « étaient à deux doigts de conclure un accord en vertu duquel cette dernière cesserait son exportation de missiles ou de technologie militaire vers le Moyen-Orient, en échange de quoi Israël reconnaîtrait ce pays », mais Clinton s’y est opposé ! Alors, en guise de représailles, la Corée du Nord a procédé à un premier essai de missiles. C’est avec le militarisme virulent de Bush, et sa menace à la Corée du Nord, qui « ont poussé le pays à renouer avec son programme nucléaire ». D’autres occasions ultérieures d’accords ont aussi échoué. Sans doute le régime de la Corée du Nord peut-il inquiéter, mais ce n’est, écrit Chomsky, qu’une partie du problème !
Quant au conflit Israélo-palestinien, entre autres analyses détaillées, Chomsky souligne à quel point « Obama est le premier président des Etats-Unis à n’avoir imposé aucune limite aux agissements d’Israël ». En veillant toujours « à ne pas trop attirer l’attention de la communauté internationale ». Le « duo américano-israélien s’évertue à séparer les deux régions (Gaza et la Cisjordanie). L’un des effets notables est de priver toute entité palestinienne éventuelle d’un accès au monde extérieur ». Les efforts diplomatiques continuent à s’enliser, depuis 1970, « date à laquelle les Etats-Unis ont opposé leur veto à une autre résolution du conseil de sécurité, proposée par l’Egypte, la Jordanie et la Syrie et réclamant une solution à deux Etats selon les frontières internationalement reconnues… ainsi que des garanties pour la sécurité de chaque Etat à l’intérieur de frontières reconnues et stables ». Ainsi, sans « résolution du conflit israélo-palestinien, une solution de paix pour le Moyen-Orient a peu de chance de voir le jour. » Ceci a une conséquence considérable sur « le programme nucléaire iranien ». Cette menace, souligne Noam Chomsky, est une obsession occidentale, car la doctrine stratégique de l’Iran est uniquement défensive. Et, écrit-il, il est « difficile d’imaginer un pays ayant davantage besoin d’un moyen de dissuasion que l’Iran. Le pays subit le harcèlement sans relâche de l’Occident depuis… le coup d’Etat américano-britannique de 1953… ». Si le pouvoir de dissuasion de l’Iran augmentait, cela limiterait la capacité d’Israël et des Etats-Unis de contrôler la région ! C’est ça, la menace iranienne, en vérité ! Et il est très naïf de croire que les grandes puissances mondiales se préoccupent de la répression en Iran ! Israël, toujours, avec le soutien des Etats-Unis, « est le seul pays de la région à disposer d’un système d’armes nucléaires de conception avancée. » Le lien entre le conflit israélo-palestinien et la menace iranienne est évident, pour Chomsky.
Il souligne les similarités entre les années 1920 et notre époque. Ware avait en 1920 étudié les effets sur les vies des travailleurs et sur la société de la révolution industrielle, et cela reste aujourd’hui pertinent. Wilson, alors qu’un premier mouvement ouvrier américain né à la fin du XIX siècle était attaqué, avait brandi le péril rouge, bien sûr ! La société américaine moderne s’est bâtie sur les mouvements de protestation de ses travailleurs (Montgomery). Ensuite, par d’habiles propagandes et des méthodes antigrèves scientifiques, on imposa « la domination des grandes sociétés » ! Alors que depuis plus de cent ans, les travailleurs tentent de faire valoir leurs droits, donc n’étant pas si passifs que ça, la situation aujourd’hui reste celle de 1920 ! Les inégalités ont retrouvé leur niveau d’alors ! Ware avait écrit que si, dans les années 1840 et 1850, la révolution industrielle avait marqué un tournant majeur dans la vie américaine, et que cela peut paraître satisfaisant, « il s’avérait révoltant pour un segment incroyablement large de la population américaine d’alors » ! Avilissement de l’assujettissement. Aucune amélioration du statut matériel ne pouvait compenser ça ! Il y eut le passage du prix au salaire, et alors que le producteur, avant, vendait un produit à un prix, ensuite en vendant sa force de travail, il s’est vendu lui-même ! Il devenait un esclave salarié ! Les maîtres tentèrent d’imposer à leurs sujets le nouvel esprit du temps, « faire fortune en ne pensant qu’à soi », alors qu’ils savaient très bien que « la fortune disponible demeurerait inaccessible » !
Noam Chomsky écrit que pour comprendre les affaires internationales, il faut savoir ce qui détermine la politique étrangère. Est-ce que « la vocation première des gouvernements est de nature sécuritaire ? » Donc, est-ce que la menace soviétique, dans le cas des Etats-Unis, était le souci primordial pour eux et leurs alliés après 1945 ? La réponse est non ! Après la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin, les Etats-Unis ont envahi le Panama, sans que cela soit légitimé par la menace soviétique ! Si Bush père a continué par une nouvelle politique sécuritaire, les prétextes changèrent. Etait évoquée la sophistication technologique des puissances du tiers-monde… Par exemple, au Moyen-Orient, le « principal souci dans la région n’était pas les Soviétiques, mais ce qu’on a appelé le ‘nationalisme radical’, soit le nationalisme indépendant échappant à la maîtrise des Etats-Unis ».
Alors que les Etats-Unis ont imposé une Charte économique pour éradiquer le nationalisme économique, ils s’en sont exemptés, puisque leur économie « dépend massivement des aides du gouvernement » ! Et cette Charte visait l’élimination du nationalisme économique prédominant en Amérique du Sud ! Car les premiers bénéficiaires ne devaient être, bien sûr, que les investisseurs américains en Amérique latine ! C’est pour cette raison que tant de coups d’Etat téléguidés par les Etats-Unis eurent lieu. Il s’agissait, et il s’agit toujours de s’attaquer aux pauvres, qui ont, c’est bien connu, toujours voulu détrousser les riches ! Comme Cuba, le Chili de Salvador Allende et son nationalisme indépendant fut détruit en tant que virus capable de contagion en Amérique latine, car il était la preuve qu’il pourrait « exister une voie parlementaire vers une forme de démocratie socialiste » ! De même, en 1967, la relation actuelle entre Les Etats-Unis et Israël s’est mise en place alors qu’Israël « a porté un coup décisif à l’Egypte, cœur du nationalisme arabe. Ce faisant, il protégeait l’Arabie saoudite, alliée des Etats-Unis, alors engagée dans un conflit militaire avec l’Egypte au Yémen » !
Alors, on comprend bien que « l’un des soucis premiers du gouvernement est la sécurité du pouvoir vis-à-vis de la population » ! C’est fou comme en vérité, l’ennemi secret est… la population ! « Le pouvoir d’Etat doit se protéger contre son ennemi intérieur ; à l’opposé, la population ne jouit d’aucune protection contre le pouvoir d’Etat » !
Alors, se demande Noam Chomsky, la civilisation humaine vit-elle son dernier siècle ? Nous voyons la concentration des intérêts privés contre la population ! Moins que jamais la sécurité de la population ne représente un enjeu. Noam Chomsky évoque des catastrophes aériennes, l’avion de ligne abattu au-dessus de l’Ukraine, l’avion de ligne d’Iran Air abattu alors qu’un croiseur lance-missiles USS naviguait dans les eaux iraniennes, etc… Que faisait le navire lance-missiles dans les eaux iraniennes ? Il « épaulait Saddam Hussein… dans son agression meurtrière contre l’Iran »… Bref, peu importaient les civils tués par ces attaques d’avions… Idem l’avion de ligne libyen… Et d’autres crimes de guerre, par exemple dans le conflit israélo-palestinien, un Etat palestinien ne devant voir le jour à aucun prix ! Cependant, Noam Chomsky continue à penser qu’il n’est pas impossible que la politique des Etats-Unis puisse changer ! Par exemple concernant les Palestiniens.
Le compte à rebours jusqu’à minuit a commencé. Nous sommes à moins de minuit moins trois ! Alors que nous avons frôlé la catastrophe nucléaire plusieurs fois depuis 1962 ! Encore après la fin de la guerre froide, les Etats-Unis continuent de s’arroger « le droit de recourir ‘unilatéralement à la puissance militaire’ afin de s’assurer ‘un accès illimité aux marchés clés, à l’approvisionnement énergétiques et aux ressources stratégiques’ » ! Donc, ils doivent conserver le droit de déclencher la première frappe ! Avoir constamment prêtes à être utilisées des armes nucléaires ! Avec des cibles potentielles ! Et en jouant avec le feu ! Au Pakistan, on s’inquiète « d’une possible infiltration djihadiste dans leur système de sécurité » concernant leurs armes nucléaires ! On joue très dangereusement avec le feu ! Et au Moyen-Orient, des accords de cessez-le-feu entre Israël et les Palestiniens (par exemple en 2014) sont constamment rompus.
Bref, Noam Chomsky en déduit « que dans la culture politique occidentale, il est considéré comme tout à fait naturel et juste qu’un Etat terroriste voyou occupe la place de chef du monde libre et fasse publiquement état de sa supériorité en matière de crimes. » Et même le prix Nobel peut le distinguer ! Alors que les sondages internationaux montrent que « les Etats-Unis sont perçus de très loin comme la principale menace à la paix dans le monde ».
Y a-t-il, dans tout ça, une trahison des intellectuels ? De leur esprit critique ? Par exemple, quand « les Etats-Unis envahissent l’Irak, en ravagent la majeure partie et déclenchent des conflits sectaires qui déchirent le pays et désormais l’ensemble de la région, le discours officiels (et donc les médias) parle de ‘stabilisation’. Lorsque l’Iran appuie des milices résistant à l’agression, il s’agit de ‘déstabilisation’ ». Et, ironiquement, Noam Chomsky s’écrie : « on ne peut concevoir crime plus odieux que le meurtre de soldats américains se livrant à l’attaque de votre maison » ! Noam Chomsky est un intellectuel qui conserve son esprit critique, qui ne trahit pas. Et son regard n’a pas peur, lorsqu’il désigne l’Etat voyou.
Cependant, peut-être l’horloge de la fin du monde va-t-elle provoquer le sursaut en nous tirant du coma qu’est notre propre soumission à l’américanisation du monde, ce mode de vie individualiste qui ignore que c’est tout pour nous et plus rien pour les générations futures, et alors notre responsabilité à propos de la menace environnementale déjà engagée dans le compte à rebours nous rendra-t-elle moins indifférents à la vérité ? Car ne faisons-nous pas le jeu des maîtres de l’humanité en soutenant leurs affaires par notre consommation parfaitement programmée par eux ? Il s’agit de savoir quelles sont les valeurs qui doivent vraiment gouverner le monde !
Comme toujours, Noam Chomsky l’Américain nous fait le cadeau très courageux de pouvoir être maître de notre esprit critique !
Alice Granger Guitard
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