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Les ruines circulaires, Le Sud - Jorge Luis Borges

dans "Fictions", Editions Folio, nouvelle édition 2018

dimanche 12 janvier 2020 par Alice Granger

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Personne ne vit débarquer l’homme taciturne dans la nuit unanime. D’abord, en lisant, on ne peut s’empêcher de voir Borges pressentant sa cécité, cette autre sorte de nuit. Mais le mot « unanime », et le fait que son père était atteint de cécité comme maladie héréditaire, nous pousse à imaginer qu’il s’agit aussi d’autre chose, expérience que les hommes partagent, qui se transmet de père en fils, dans un jeu de reflet et de miroir, quelque chose d’œdipien, et qui rend aveugle. Dans la fiction « Tlön, Uqbar, Orbis Tertius », Borges évoque un article (fictif) de l’Encyclopédie qui disait qu’un gnostique parlant de l’illusion de l’univers visible avait déclaré que « Les miroirs et la paternité sont abominables ». Une phrase en anglais, avant que la fiction ne commence, semble mettre la puce à l’oreille : « And if he left off dreaming about you… Through the Looking-Glass ». Et s’il s’arrêtait de rêver de toi... À travers le miroir… Cela semble résonner avec « Alice de l’autre côté du miroir » de Lewis Carroll.
Alors, personne ne voit l’homme taciturne s’enfoncer avec son canot dans la fange sacrée. Scène sexuelle, et aussi canot de la métaphore paternelle, un contenant évoquant aussi de même que la nuit unanime ce qui est sacré dans l’œdipien, l’intérieur de la femme, le vagin, l’utérus, qui est aussi ce noir de l’avant d’où viennent de manière unanime chaque humain. La fange suggère la sexualité œdipienne dans laquelle s’enfonce l’homme, comme une maladie héréditaire. Le fils à la suite du père, et ainsi de suite en miroir au fil des générations. C’est pour cela que quelques jours plus tard, personne n’ignore que cet homme si taciturne qu’il fait silence sur sa lucidité et parce qu’il pressent quelque chose de vertigineux qui le laisse sans voix, vient du Sud. Où sa patrie est un village infini, sur le flanc violent de la montagne. Voilà le flanc violent de la sexualité, on imagine. Le flanc œdipien. Où la langue n’est pas contaminée par le grec : alors que pour Borges son père est l’homme du livre, de la bibliothèque, du labyrinthe, donc le grec, la langue maternelle est-ce autre chose que cette lucidité, est-ce une indépendance masquée par la sanctuarisation ? L’homme gris (la cécité qui s’annonce héréditaire s’accompagne de l’irruption du gris) baisa la fange ! Le Sud est sexuel. Mais c’est alors qu’il s’en écarte en devenant, on imagine, l’homme du labyrinthe, en montant sur la rive, ensanglanté par les roseaux qui lacèrent sa peau.
Mais, en lisant, il faut s’arrêter à ce Sud. Et prendre quelques instants ce sentier qui bifurque, qui mène à cette autre fiction de Borges, « Sud ». Il est question d’un homme dont le petit-fils, en 1939, travaillait dans une bibliothèque municipale, comme Borges lui-même, en 1938, le fit, à la mort de son père, et tandis que la cécité commençait à l’atteindre, après son père. Ce petit-fils, comme Borges, est un immigré argentin avec une double ascendance : militaire c’est-à-dire les hommes d’action, et celle de la bibliothèque, donc un homme du livre, mais tourné vers l’action violente. Le petit-fils, choisissant la lignée de l’épée, a gardé comme symbole du passé une maison dans le Sud, avec un lopin de terre. Longtemps, il se contenta de « l’idée abstraite de la possession et de la certitude que sa maison l’attendait ». Mais en février 1939 il arriva à ce petit-fils de la fiction le même accident qu’eut Borges réellement. Impatient de feuilleter l’exemplaire des « Mille et Une nuits » qu’il venait d’acheter, montant quatre à quatre les escaliers, quelque chose lui effleura le front dans l’obscurité. Le livre est donc dangereux, puisqu’il distrait… Il se demanda si c’était une chauve-souris ou un oiseau. Chauve-souris symbolisant le sexe féminin, et l’oiseau le sexe masculin ? En tout cas, effectivement, c’est une femme qui lui ouvre la porte, et elle est effrayée de voir son visage en sang, alors que lui s’était cru seulement effleuré. A l’aube, il se réveille et « la saveur de toute chose lui devint atroce ». Fièvre, cauchemars illustrés par les « Mille et Une Nuits ». On entend autre chose, ça concerne ces nuits, il découvre un monde de sensations, alors qu’avant il était dans l’abstraction des livres… Il est engourdi, sans force. Hospitalisé pour des examens, il se réveille, on ne sait après combien de temps (de même, après l’accident Borges avait sombré dans le coma) avec la nausée et l’impression d’être dans une cellule ressemblant à un puits. Comme s’il ne pouvait plus s’en sortir… A côté, jusque-là, c’était la banlieue de l’enfer… Dans sa bouche, pas de fraîcheur. Il frise la septicémie, il est torturé par les douleurs. Puis le chirurgien dit qu’il va mieux, et qu’il peut aller en convalescence dans sa maison du Sud. Mais c’est un Sud qu’il ne connaît pas vraiment, dont il n’a qu’une connaissance livresque. L’hôpital avait été comme l’oppression de l’enfer, et l’automne commençant lui « offrait le symbole de sa vie rachetée à la mort ». Partant à l’aube en taxi, la ville lui sembla une vieille maison, et il reconnaissait tout cela avec bonheur, et vertige. Tout lui est restitué de la vie, mais de manière mythique, passant à travers les souvenirs, revenant comme cela était dans l’enfance heureuse, comme les images que garde quelqu’un qui devient peu à peu aveugle. Mais en traversant pour aller à la gare, au Sud, déjà, on entre dans un monde plus ancien et plus ferme. Il cherche, parmi les constructions nouvelles, « la fenêtre grillée, le heurtoir, la porte voûtée, le vestibule, l’intime patio », bref tous ces signes d’une intériorité connue, et appartenant à un monde ancien. En avance pour le train, il entre dans un café où il se souvient d’avoir vu un chat, et le chat est encore là, symbole d’éternité. Cela résonne avec des retrouvailles, une familiarité. En même temps, il a l’impression d’une illusion, et que le chat et lui sont séparés par une plaque de verre. Dans le train, logiquement, c’est toujours les « Mille et Une Nuits », responsable de son accident, qu’il lit… ! Mais il est distrait de sa lecture par la vision des jardins et des villas qui se diluent aux fenêtres, et bientôt il ferme le livre et se laisse vivre, c’est plus fort que le livre. Il se sent double, celui qui voyage dans la géographie de son pays, et celui qui a été enfermé dans une clinique. Série d’anaphores : il vit des maisons, il vit des cavaliers, il vit des fossés, il vit de grands nuages lumineux, mais « son expérience de la campagne était fort inférieure à la connaissance nostalgique et littéraire qu’il en avait ». Il est donc confronté au fait d’une sorte de retrait, et d’être attiré dans la bibliothèque. S’endormant dans le train, commence le rêve. Le soleil blanc de midi devient jaune, puis rouge crépuscule. Le wagon s’allonge vers l’horizon, où ni villages ni manifestations humaines ne troublent le sol élémentaire. On dirait une sorte de rêve coma. « Tout était vaste, mais en même temps intime, en quelque manière, secret ». Et évidemment, puisqu’on va vers le Sud, « Dans la campagne immense, il n’y avait parfois rien d’autre qu’un taureau », sinon, la solitude parfaite, et hostile même. Le petit-fils, alias Borges, suppose qu’il ne voyage pas seulement vers le Sud, mais aussi vers le passé, et les paysages ont quelque chose des photographies du passé, et même de la pampa. L’hérédité de la cécité fait pressentir la vulnérabilité future, train qui ramène aux mains de la mère, ceci d’autant plus que le père vient de mourir. Le train s’arrête presque en rase-campagne. Il semble y avoir le passage d’un seuil de quelque chose d’autre, après la fin du voyage. Il doit partir à pieds à la recherche d’une voiture à louer, et peut goûter au « plaisir solennel » de « l’odeur de trèfle » comme odeur de la campagne. L’almacen, une boutique typique de l’Argentine dans laquelle il entre avait autrefois une couleur rouge violente, celle des fédéraux lors de la guerre civile du 19e siècle c’est-à-dire à l’époque des ancêtres militaires de Borges, combattant contre les Indiens, tempérée par les années. En entrant, il croit reconnaître le garçon, qui ressemble à un employé de la clinique où il était, d’où une étrange symétrie en train d’apparaître. Ne partant, en carriole, que le lendemain, il dîne dans l’almacen, et il remarque un vieillard qui est un gaucho typique (comme ceux que voyait enfant Borges, dans son quartier populaire), et il se dit « que des gauchos de cette espèce, il n’en existe plus que dans le Sud ». Indice de plus qu’il retourne au passé. Soudain, une boulette de mie de pain l’effleure, jetée par quelqu’un, comme le rappel de la réalité. Ne sachant pas qui l’avait lancée contre lui, il se replonge dans… les « Mille et Une Nuits », qui est le retour dans le livre. Le patron le nomme. Question d’honneur. Une deuxième boulette l’atteint, qui semble comme l’insistance et le retour de l’accident, qui fut sensation d’avoir été effleuré par quelque chose, chauve-souris ou oiseau. Trois clients se mettent à rire. Le jeune homme, pensant d’abord partir, s’adresse aux rieurs pour leur demander ce qu’ils veulent, et celui qui ressemble à un Indien (comme surgi du passé de Borges, dans son enfance populaire, avec des gauchos munis de couteaux, et surtout, il incarne le retour de l’ennemi ancestral, ce descendant des Indiens que combattaient les ancêtres militaires) se lève en titubant et l’injurie bruyamment, comme s’il était très loin ( de la distance d’avec le passé, comme si cette peur ancienne revenait), puis, bien sûr, lance en l’air un couteau, le rattrape, l’invite à se battre, comme si le Sud, c’était ce duel, et que Borges alias le jeune homme acceptait son identité venant d’une double ascendance, tout en choisissant la voie plus romantique, celle du livre, de la bibliothèque, qui est fixé au départ dans le personnage du bibliothécaire, mais aussi par la maladie héréditaire, cette cécité se transmettant de père en fils, qui semble avec le symbole du Sud être aussi quelque chose d’œdipien, puisque ce handicap fait revenir aux mains d’abord de la mère, comme par hasard libre de se consacrer à son fils après la mort du père aveugle, puis celle d’une Antigone accompagnant Œdipe à Colone, comme si dans le monde devenu gris, où seule la couleur jaune subsiste comme la lumière arrivant encore d’une étoile très lointaine et morte depuis longtemps, la ligne droite vers la mort était ralentie par le paradoxe de Zénon, l’infini du lièvre passant à travers le fini de la tortue étoile morte mais si lointaine que sa lumière est encore en train d’arriver comme si elle était vivante. Le patron fait remarquer que le jeune homme est sans arme. Mais le vieux gaucho extatique, symbole du Sud, lui lance un poignard, arme du Sud, comme si ce Sud avait décidé pour le jeune homme qu’il allait se battre. En ramassant ce poignard, le jeune homme comprend qu’il accepte de se battre, mais que, comme sa main est maladroite, cette arme ne servira qu’à justifier qu’on le tue, c’est-à-dire que cette bataille consiste à ne pas se battre, à se laisser être tué par le Sud, par la cécité, par la lumière lointaine de l’étoile morte qui, l’aspire dans l’ombre, dans le matriciel, la cécité future mais certaine entrant en résonance avec l’initiation sexuelle, et une sorte de reddition masculine s’exprimant par l’acceptation de s’en remettre comme l’aveugle Œdipe entre des mains de femmes qui le guident vers le tombeau, qui pour Borges, sa biographie le dira, sera un retour à Genève, où la famille s’installa pour fuir la guerre civile, et où le jeune Borges étudia. Les deux hommes sortent, mais le jeune homme, étrangement, n’a pas peur, puisqu’il s’en remet à son destin qu’il sait être certain. Mourir à ciel ouvert, dans un duel au couteau, en attaquant de son côté l’adversaire, « eût été pour lui, une libération, une félicité et une fête, quand on lui enfonça l’aiguille, la première nuit, à la clinique ». Superposition entre le coma à la clinique, avec l’aiguille plantée dans le bras, et la sortie dans la plaine, avec un couteau qu’il ne saura sans doute pas manier, ne pouvant échapper à un destin certain comme un cordon ombilical, un fil d’Ariane à l’envers le ramenant au Minotaure qui va le dévorer comme la passion des livres, au labyrinthe bibliothèque, au dedans livresque. En tout cas, à la suite de son accident et de son coma, Borges n’a plus écrit comme avant. Sud, argentinité. Sud mythique aussi. Le « Sud » épouse l’épopée argentine, avec l’importance du couteau des gauchos, et le jeune homme adolescent, telle une initiation, après l’accident qui semble l’effleurement par la pulsion sexuelle qui va s’avérer être un coma après lequel plus rien ne sera pareil, va se retrouver dans le Sud de ses ancêtres militaires se battant contre les Indiens en croyant que ce sera sa convalescence mais en fait ce sera sa mort, c’est-à-dire son impuissance à gagner sur sa cécité déjà certaine car héréditaire, tout comme la pulsion sexuelle qui est déterminée de manière œdipienne, des mains de la mère à celles d’Antigone ! L’ascendance militaire se fige sur cet ancêtre qui est mort au combat, lors de la guerre de l’indépendance, et reste à la fois comme le héros courageux, mais aussi comme le soupçon d’un suicide au front. Comme s’en remettre à ce qui est le plus fort, et contre lequel on ne peut rien. L’ennemi est le destin écrit comme la certitude du coup de couteau de la maladie paternelle héréditaire, mais aussi, entre les lignes, la sexualité qui tombe dessus comme une pulsion commandant tout. Le texte de Borges est un conte (qui en espagnol a un sens différent, a un contact avec la réalité), dans lequel se produit une bifurcation, qui est précédée comme par une hallucination, qui pourrait être ce qu’imagine Borges à propos des images du coma lors de son accident réel. La sortie de la clinique peut être sa propre sortie de l’hôpital, alors qu’il se sent être devenu quelqu’un d’autre, comme s’il avait conscience d’avoir bifurqué. L’accident à la fois fait accepter le double lignage, mais comme pour dire la certitude de la maladie héréditaire par le père, la cécité qui arrive comme le coup de couteau mortel séparant de la vie dans la réalité d’un dehors coloré où il pourrait vivre sans être accompagné par une femme mère qui guide, mais aussi la cécité sur le sexuel qui ramène aux femmes, au giron, à l’ombre qui est comme la fange évoquée dans « Les ruines circulaires ». L’ascendance militaire prend le sens du duel avec l’Indien, comme l’ancêtre militaire combattait l’ennemi indien et risquait la mort par la lame du couteau qu’il savait moins bien manier que cet Indien castrateur, qui semble aussi une sorte de pousse à jouir, de pousse à l’érection pour mieux le frapper par la lame de la jouissance. L’autre lignage, celui du livre, du romantisme, est choisi comme le paradoxe de Zénon, ou comment donner de l’infini à du fini. Le livre les « Mille et Une Nuits », c’est ça, c’est la mort que Shéhérazade sait renvoyer par d’infinies bifurcations, comme une bande de Moebius aussi. Ainsi, l’angoisse de castration que dit l’accident, et qui est aussi on imagine l’angoisse à la perspective de devenir aveugle par hérédité paternelle, est adoucie par l’éternité ouverte par le Sud, où le chat est un chat, voire le ça, où l’homme vit dans le temps et le magique animal. Borges est le contraire d’un homme engagé, au contraire d’un hispano-américain, car de par son ascendance émigrée et de son enfance où la famille a rejoint la paix en Suisse en fuyant la guerre civile argentine, il est international, donc il ne se bat pas, il est un écrivain qui s’incline devant la cécité, inutile de se battre comme Don Quichotte contre des moulins à vent, il s’incline et se remet entre les mains de la Dulcinée œdipienne, d’abord sa mère puis Antigone, il vit dans le labyrinthe des bifurcations où l’infini passe à travers le fini, c’est-à-dire que la ligne droite vers la mort prend un temps infini, en jouant avec les mots, les lettres finies qui peuvent se combiner à l’infini, pour faire des phrases, des récits, des contes, des romans. Borges reste de la caste des intellectuels, des livres, non pas vraiment du peuple, il est forcément conservateur, il est dans la bibliothèque comme dans une matrice élitiste jamais quittée, dans laquelle son père l’a introduit et éduqué. Borges n’est ainsi pas vraiment concerné par la politique, car il reste en quelque sorte en enfance, par le cordon ombilical de la cécité qui fait que sa réalité à lui est dans la mémoire bourgeoise de son enfance privilégiée, élitiste, parlant l’anglais, l’espagnol et le français. Il reste en lui le préjugé de la séparation de la ville et de la campagne. Il est la figure de l’intellectuel, le dieu du labyrinthe bibliothèque, et ceci advient à partir de son accident, à propos duquel sa mère elle-même a dit que quelque chose avait changé dans son cerveau, comme si cela avait été la rencontre tragique avec le destin de la cécité, et qu’ensuite toute l’œuvre est le combat pour vérifier que ses facultés intellectuelles sont intactes. Un schéma œdipien se met en place, tandis que la cécité est comme un châtiment, une culpabilité sexuelle, et que, peu à peu, ses yeux vont devenir ceux de sa mère, ceux d’Antigone. Donc, tandis que le père est mort en 1938, il est encore vivant à travers lui, dont la future cécité est certaine, et ce n’est pas par hasard si, en espagnol, c’est le même mot pour « duel » et « deuil ». « Le Sud »prend le sens du deuil d’avec l’autre homme qu’aurait été Borges si la cécité n’avait pas si tragiquement décidé de son destin, en le faisant le dieu du labyrinthe qu’est la bibliothèque, le dieu du conservatisme aussi, puisque là-dedans, c’est un schéma œdipien qui perdure, et qui s’écrit comme le paradoxe de Zénon, où comment le fini que signifie la cécité par rapport au monde ouvert du dehors, avec ses couleurs et ses humains, peut rester infini par les combinaisons infinies des mots faisant les contes, récits, histoires, comme dans le milieu éternisé de l’enfance livresque, entre histoire de couteaux gauchos et bibliothèque.
Donc, dans « Les ruines circulaires », « nul n’ignorait que l’homme taciturne venait du Sud » ! On se trouve dans un schéma œdipien. Ce qui est certain c’est que l’homme gris baisa la fange. Il arrive à une enceinte circulaire qui est un temple « dévoré par les incendies anciens et profané par la forêt paludéenne », et qui est surmonté par un tigre ou un cheval de pierre. Incendies anciens de l’amour œdipien pour la mère, et si la forêt est paludéenne, c’est parce que l’empreinte de cet amour ancien reste endémique parce que la forêt elle-même est fiévreuse de manière œdipienne, et cela provoque une intense et récurrente fièvre, comme le harcèlement de la pulsion sexuelle. L’aleph est pour Borges le tigre infini, donc pas par hasard dans ce conte. Ce tigre rappelle aussi l’enfance, le tigre du zoo où son père l’emmenait, et c’est le premier dessin de Borges, enfant, donc son animal fétiche, associé à une enfance heureuse. Le dieu de ce temple ne reçoit pas les honneurs des hommes. La tragédie de la cécité va couper des hommes ? Et l’étranger ne peut que s’allonger contre le piédestal ! Comme cet homme venu du Sud s’est déjà, comme l’ancêtre militaire sacrifié lors de la guerre d’indépendance, incliné devant son destin qui l’a ramené dans le labyrinthe, où Thésée est le vaincu et où le cordon ombilical est ce qui est plus fort que tout car protecteur pour celui qui est atteint de cécité, il note que ses blessures, c’est-à-dire son angoisse folle devant sa tragédie, se sont cicatrisées, il a accepté. Il peut fermer ses yeux pâles, c’est-à-dire commençant à s’aveugler, et il s’endort « par décision de la volonté ». Il est dans le lieu requis. Il sait que son devoir immédiat est de dormir. Il sait aussi que « les arbres incessants n’avaient pas réussi à étrangler, en aval, les ruines d’un autre temple propice, aux dieux incendiés et morts également ». Phrase énigmatique, mais qui semble une vision. Borges est déjà un intellectuel qui a une notoriété, et il sait, j’imagine, le pouvoir que cela donne. Donc, il pressent l’aval, alors que lui semble dans l’amont. C’est-dire que si lui dans ce labyrinthe circulaire est dans un schéma œdipien, où sont protectrices et vitales les mains de la mère pour le jeune homme que la cécité est déjà en train d’enfermer, il entrevoit déjà qu’Antigone prendra le relais de la mère lorsque celle-ci sera morte, pour guider le presqu’aveugle, qui parmi les couleurs perdues verra toujours le jaune de l’étoile qui guide vers Colone. Dans l’aval, où se trouve l’autre temple propice, les arbres ne peuvent rien pour séduire Antigone, qui reste à l’attendre déjà, cet intellectuel d’un genre nouveau, qui est à la hauteur des intellectuels européens, qui a une dimension internationale. « Vers minuit il fut réveillé par le cri inconsolable d’un oiseau ». L’oiseau de la liberté, de la langue libre, inconsolable de la perte du dehors coloré, et de la liberté. Il sent comme une menace terrible, envahi par le froid de la peur, l’appel à l’impossible dehors que signifie l’oiseau tels les hommes non aveugles de la région, alors que lui il doit en accepter le deuil. Alors, pour fuir la peur, au cœur de son deuil, de son renoncement, il « chercha dans la muraille dilapidée une niche sépulcrale et se couvrit de feuilles inconnues ». Celles de livres à la fois inconnus parce que les yeux pâles de la cécité commençante ne les liront pas directement, mais que d’autres yeux liront pour lui, qui viendront de cette niche sépulcrale, ce retour au dedans qui prend l’aspect de ruines circulaires et d’une bibliothèque labyrinthique éternelle semblable à celle dans laquelle Borges grâce à son père a grandi, et qui fait que cette niche symbolise le retour au passé. Mais, poursuit Borges dans son conte, le « dessein qui le guidait n’était pas impossible », même s’il était surnaturel. Celui qui se voit s’enfoncer dans la cécité a déjà, grâce à la bibliothèque et sans doute au statut élitiste de la famille d’où on imagine que Borges garde la sensation d’un certain entre-soi qui s’étend à l’international, le sentiment que cette tragédie n’empêche pas son dessein, et il « voulait rêver un homme ». Il peut le rêver car toute son enfance éduquée, cette bibliothèque paternelle, ces langues étrangères qui ouvrent les frontières, cette émigration en Suisse puis en Espagne avant de revenir en Argentine, nourrit sa vision de la place internationale ouverte au dieu de la bibliothèque labyrinthique. Donc, il « voulait le rêver avec une intégrité minutieuse et l’imposer à la réalité ». Comme un projet magique. Borges est l’enfant d’un milieu bourgeois élitiste tourné vers l’Europe, qui éduque ses enfants à l’international, ici livresque. Pendant ses trois années adolescentes à Genève, il découvre par exemple Kafka, qu’il traduit, et son conte a quelque chose de kafkaïen. Donc, avec cette perspective-là, le « temple inhabité et en ruine lui convenait, parce que c’était un minimum de monde visible ». Et, par rapport à ce milieu livresque, il y a « le voisinage des paysans », qui atteste du milieu privilégié par leur différence, et qui, alors, n’ont rien d’autre comme sens à leur pauvre vie que de « subvenir à ses besoins frugaux ». Et son corps à lui, comme redevenu enfant, est « consacré à la seule tâche de dormir et de rêver ». Si au début ses rêves sont chaotiques, bientôt ils deviennent dialectiques. Celui qui se voit s’enfoncer dans la cécité, comme sans savoir où il va, a aussi la vision de ce que son statut d’homme du livre rend possible, celui du sage vénérable aux cheveux argentés qui, par ses conversations, va attirer du monde, donc un rêve de nature dialectique. Le centre du temple incendié, de cette structure œdipienne dans laquelle il a trouvé, et comme retrouvé, sa niche sépulcrale, est un amphithéâtre circulaire. Son labyrinthe circulaire est aussi l’amphithéâtre de ses futures conversations internationales. Dans son rêve, le jeune homme voit de manière précise ces élèves taciturnes nombreux comme des nuées, mais comme à des siècles de distance et à une hauteur stellaire, comme dans une vision de la célébrité du dieu de la bibliothèque qu’il voit qu’il sera. Mais ils sont encore des fantômes, parmi lesquels il « cherchait une âme qui méritât de participer à l’univers ». Il est déjà, en rêve, tel un père qui se cherche un fils ! Mais, au bout de neuf ou dix nuits, il comprend qu’il n’y a rien à espérer, parce que ces élèves reçoivent sa doctrine de manière passive, sans vraiment de « contradiction raisonnable ». Alors, « il licencia pour toujours le vaste collège illusoire et resta avec un seul élève ». Evidemment, il se retrouve lui-même dans cet élève, comme lui était devant son père, on l’imagine. Il y en effet miroir, et une remontée du temps. C’est « un garçon taciturne, mélancolique, parfois rebelle », traits qui répètent ceux de son rêveur. Déjà l’idée d’une répétition à l’infini, de père en fils ! Logiquement, les progrès de cet élève étonnent le maître ! Comme autrefois sans doute le jeune Borges si bien éduqué dans cette bibliothèque paternelle devait étonner le père. Mais la catastrophe survint. Car comment vraiment rêver un fils ? « L’homme, un jour, émergea du rêve comme d’un désert visqueux… et il comprit qu’il n’avait pas rêvé ». Borges n’aura en effet jamais d’enfant, se maria très tard, pressé par sa mère qui sans doute pressentant sa mort voulait une femme pour prendre sa place protectrice auprès de son fils, mais le divorce advint trois ans plus tard, Borges revenant vivre auprès de sa mère, et à la mort de celle-ci, son assistante, Maria Kodama, prendra le relais, et il l’épousera quelques mois avant sa mort. Donc, reste une question, à propos du désir d’un fils auquel passer le flambeau, et « l’intolérable lucidité de l’insomnie s’abattit sur lui ». C’est-à-dire que le dieu du labyrinthe circulaire, du livre, pour l’être vraiment, a un besoin vital d’une sorte de lecteur avide de son enseignement, du passage de flambeau. « Dans sa veille presque perpétuelle de colère, des larmes de colère brûlaient ses yeux pleins d’âge ». C’est très intéressant que ce conte de Borges présente donc un homme dont les yeux sont pleins d’âge, un homme sage et vénérable, qui symbolise l’enchaînement des générations d’hommes, en miroir, et qui, soudain, se demande avec colère comment ça peut se transmettre à l’infini, alors qu’il a le sentiment que cela s’est arrêté. Borges se demandant peut-être, tandis qu’il résiste, on l’imagine, à la voie normale et œdipienne du mariage, comment la transmission filiale peut se faire autrement, c’est-à-dire uniquement par les livres, et pourtant d’homme à homme, de père en fils, comme l’hérédité de la cécité que son père lui a transmis, à côté de celle du labyrinthe circulaire. Alors, « Il comprit que l’entreprise de modeler la matière incohérente et vertigineuse dont se composent les rêves est la plus ardue que puisse tenter l’homme… Il comprit qu’un échec initial était inévitable. Il jura d’oublier l’énorme hallucination qui l’avait égaré au début et chercha une autre méthode de travail. » Il décide d’abandonner toute préméditation du rêve. Un fils, ça ne se rêve pas. Alors, il peut dormir. Et c’est lorsque la lune est pleine qu’il peut reprendre son travail. Comme si la gestation du fils était en cette lune… Et lui-même, comme se rappelant de quelle lune pleine il venait, « il se purifia dans les eaux du fleuve… prononça les syllabes licites d’un nom puissant et s’endormit. » Licites ! Le nom du père, plutôt, de sa virilité, en regard de cette pleine lune. Structure œdipienne. « Presque immédiatement, il rêva d’un cœur qui battait ». Celui d’un fils en gestation dans la pleine lune ? Alors, il peut vraiment rêver de ce cœur, il « le rêva actif, chaud, secret, de la grosseur d’un poing fermé, grenat dans la pénombre d’un corps humain sans visage ni sexe ». Exactement comme le début d’une gestation. Ce rêve est un minutieux amour. Il s’agit du rêve de yeux sans âge, donc ce rêve d’une gestation s’étend à l’infini des générations, et ne touche pas l’être en formation (comme le fut en enfance privilégiée Borges, dans une sorte de matrice labyrinthique) dont il ne fait qu’attester l’existence, et il « le percevait, le vivait du fond de multiples distances et sus de nombreux angles ». Cette gestation formation éducation semble, avec ce labyrinthe circulaire bibliothèque, se faire dans une autre matrice que celle d’une mère. A un moment donné, il fait l’examen de l’avancée de cette gestation, et s’aperçoit qu’il a rêvé d’un « homme entier, un jeune homme », mais que celui-ci ne parle pas encore. « Nuit après nuit, il le rêvait endormi ». C’est une sorte d’Adam que les nuits du magicien avaient fabriqué. Borges évoque là aussi la tâche adamique d’une Amérique du Sud qui se réinvente après la chute du grand Empire colonial dans la tâche de nommer les choses, comme revenant à l’époque précolombienne, et cette domination doit, pour devenir universelle, se faire à partir de l’Europe, sinon ça ne tient pas debout. Donc, le conte fait aussi état d’une sorte de préhistoire de la littérature sud-américaine. Alors, il n’arrive pas à le mettre debout, l’homme, et un après-midi, il le détruit, et le regrette aussitôt. De désespoir, il se jette au pied de l’effigie, peut-être un tigre, peut-être un poulain, et « implora un secours inconnu ». Au crépuscule, « il rêva de la statue ». « Il la rêva vivante, frémissante ». On dirait que, comme l’écrit Octavio Paz, l’homme donne une forme à la femme, rend vivante une statue. Et ce « n’était pas un atroce bâtard de tigre et de poulain, mais ces deux créatures véhémentes à la fois et aussi un taureau, une rose, une tempête ». Tigre, poulain, c’est encore, entre père et fils, le temps du zoo, de l’enfance. Mais avec la statue qui devient une forme de femme vivante et frémissante, c’est le taureau qui est réveillé, la virilité, la sexualité, la tempête, et évidemment le culte de la femme, la rose, la fleur. Le « dieu multiple », est-ce celui de la sexualité, lui « révèle que son nom terrestre était Feu, que dans ce temple circulaire (et dans d’autres semblables) on lui avait offert des sacrifices et qu’il animerait magiquement le fantôme rêvé », que toutes les créatures, sauf le Feu et le rêveur, prendraient « pour un homme en chair et en os ». Le « dieu multiple » ordonne au rêveur d’envoyer, une fois instruit, cet homme qui semble en chair et os dans un « autre temple en ruine » pour « qu’une voix le glorifiât dans cet édifice désert ». Comme un recommencement par cet homme rêvé… Mais alors, dans le rêve de l’homme qui rêvait, c’est l’homme rêvé qui se réveille ! Il se réveille en train de s’apercevoir qu’il est dans le rêve de son père ? Donc, puisqu’il est réveillé, le magicien peut lui faire découvrir « les arcanes de l’univers et du culte du feu. » C’est-à-dire les arcanes œdipiens. C’est-à-dire comme le père mort laissa le fils commençant à voir les premiers signes de la cécité entre les mains de la mère. Le père atteint de cécité, dont sa femme était les yeux, lorsqu’il meurt, c’est le fils en train d’hériter du père la cécité qui a pour yeux ceux de sa mère. Voilà les arcanes : les yeux de la mère construisent, pour le mari, puis pour le fils, l’édifice intérieur, le labyrinthe. Le magicien « souffrait intimement de se séparer de lui ». Et surtout, « parfois, il était tourmenté par l’impression que tout cela était déjà arrivé » ! Et oui, de père à fils le long des générations, le père aveugle, c’est-à-dire œdipien, s’efface, meurt, pour laisser la place au fils dont la mère sera les yeux après avoir été les yeux du mari, initiant son fils à être aveugle. Et bien sûr, le magicien se console en pensant, « Maintenant je serai avec mon fils », puisqu’il y a fusion par la même cécité du père et du fils pour lesquels les yeux sont ceux d’une même femme, la mère. C’est une sorte d’initiation œdipienne. Le père qui ferme les yeux sur l’amour œdipien de la mère et du fils, le fils voyant les choses par les yeux de sa mère, dont il est la prunelle. Et c’est ainsi que ce magicien qui ferme les yeux sur cet amour œdipien « l’accoutuma graduellement à la réalité » ! Et alors, il ordonna à ce fils « de dresser un drapeau sur une cime lointaine ». Préparation, une fois bien initié, à aller vers une autre femme. D’abord, ce fils s’exerce en plantant le drapeau sur d’autres cimes, avec audace. Le magicien « comprit avec une certaine amertume que son enfant était prêt à naître… et peut-être impatient ». Et alors, cette nuit-là, il « l’envoya dans l’autre temple dont les vestiges blanchoient en aval, à un grand nombre de lieues de forêt inextricables et de marécages ». On sent bien que ce sera impossible pour lui de revenir. Mais il faut que ce jeune homme ne sache jamais qu’il n’est qu’un fantôme ! Il doit se croire un homme comme les autres ! Alors que la cécité en a fait à jamais un homme différent, pour lequel ses yeux sont en vérité ceux de sa mère, laquelle fut déjà les yeux du père aveugle, donc les ruines circulaires sont le labyrinthe du livre dont le fils ne peut jamais sortir, où il a été éduqué par le père, où il a reçu le coup de couteau fatal de la nature héréditaire de la cécité. Donc, le magicien infuse chez son fils « l’oubli total de ses années d’apprentissage ». Et, resté seul, ce magicien s’ennuie, ce qui ternit sa victoire et sa paix. Alors même que le dessein de sa vie, avoir bien formé, éduqué, son fils, dans le labyrinthe circulaire, a été comblé. Alors, à minuit, il est réveillé par deux rameurs, qui lui « parlèrent d’un magicien du Nord, capable de marcher sur le feu et de ne pas se brûler ». Bref, d’échapper à l’œdipien, et rendre possible que la femme largue aussi les amarres, habitant sa propre flamme de sédentarité ! Alors, il se rappelle ce qu’avait dit le dieu, à savoir que « de toutes les créatures du globe, le feu était la seule qui savait que son fils était un fantôme » ! Bref, le fantasme de ses parents ! D’abord, il est tourmenté, parce qu’il a peur que son fils médite sur son privilège anormal et découvre « sa condition de pur simulacre. Ne pas être un homme, être la projection du rêve d’un autre homme, quelle humiliation incomparable, quel vertige ! » C’est en effet un vertige humiliant de réaliser qu’on n’est que le rêve mis sur nous par les parents, et même accompli à la perfection, et n’être rien par nous-mêmes ! « Tout père s’intéresse aux enfants qu’il a procréés (qu’il a permis) dans une pure confusion ou dans le bonheur ». Mais le but, est-ce que ce soit une copie conforme à soi, qui est exportée dans un autre temps également copie conforme du temple familial œdipien quitté ? Mais le « terme de ses réflexions fut brusque », annoncé par des signes : « un nuage lointain sur une colline, léger comme un oiseau ». Un oiseau, symbole de la langue libre, de l’émancipation, et aussi d’une sexualité larguant les amarres d’avec l’œdipien. Les oiseaux sont très importants chez Borges ! Un autre signe est, vers le Sud justement, le ciel, qui prend la couleur rose de la gencive des léopards (encore le zoo de l’enfance ?) ; puis des fumées, ensuite « la fuite panique des bêtes ». On devine que l’instinct sexuel animal fuit son temple… Et on sait que les « ruines du sanctuaire du dieu du feu furent détruites par le feu. Dans une aube sans oiseaux, le magicien vit fondre sur les murs l’incendie concentrique ». Le sanctuaire en ruines symbolise la matrice qui n’a plus de fonction, mais qui garda jusque-là par son empreinte tout son pouvoir maternel œdipien, se transmettant de père en fils restant attachés à ce sanctuaire, et même assurant cette illusion. Le feu de la vérité détruit tout cela. Et le feu de la pulsion de vie s’en désinvestit. Il n’y a plus d’oiseaux dans ce sanctuaire, pour le célébrer. L’oiseau de la langue vivante a largué les amarres. Le magicien marche sur les lambeaux de feu, et comprend que lui-aussi était une apparence, « qu’un autre était en train de le rêver ». Quel vertige humiliant, ce choc frontal avec la vérité, se croire être un homme, viril comme dieu du labyrinthe, dans l’enchaînement d’une génération de bibliothécaires aveugles, œdipiens, alors qu’ils ne sont que des reflets dans le miroir renvoyé par un autre miroir, et ainsi de suite, c’est-à-dire n’être que le rêve d’un autre, sa répétition à l’identique. La lucidité aboutit à ce que le feu de la vie brûle son sanctuaire, et les animaux et les oiseaux s’enfuient ! Borges s’avère un vrai Voyant ! A souligner qu’il disait de sa mère qu’elle n’était pas une intellectuelle. Borges arrive à libérer les oiseaux, tandis qu’il semble redonner son feu indépendant à ce qu’il avait transformé en sanctuaire, dans la vision d’une femme devenant par elle-même intellectuelle.
Alice Granger Guitard



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