dimanche 2 février 2020 par Jean-François Ponge
Pour imprimer
Gallimard (collection Folio), 2012, 416 pp.
À onze ans, comment voit-on la vie devant soi ? Comment peut-on s’imaginer que celle-ci aura une fin, mais qu’avant cela bien des choses seront possibles, qu’on ne peut malheureusement pas réaliser. Aimer, être aimé, avoir de l’argent, de la notoriété, on oublie bien sûr que tout cela est loin d’être gagné d’avance et qu’il va falloir beaucoup d’efforts, et une bonne dose de chance, pour y arriver. Alain Mabanckou s’est glissé dans la peau de Michel, un jeune congolais vivant, comme lui-même l’a sans doute vécu, sous le régime marxiste-léniniste qui fit les beaux jours du Congo-Brazza dans les années postcoloniales. Ce savoureux récit d’enfance, fait des innombrables aventures et mésaventures de notre héros, jouant le candide au pays des mille diables (la croyance dans les pouvoirs des esprits est omniprésente), est aussi un astucieux artifice littéraire pour décrire au vitriol la duperie que constituent les idéologies lorsque règnent corruption et désordre généralisé. Un roman remarquable de fraîcheur et de sincérité, qui peut se lire à deux niveaux, l’un léger, l’autre d’une gravité allant bien au-delà de tous les essais que l’on a pu écrire sur l’Afrique noire.
toute reproduction ne peut se faire sans l'autorisation de l'auteur de la Note ET lien avec Exigence: Littérature