jeudi 8 mars 2012 par Jean-François Ponge
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10-18 (Domaine étranger), 2011, 441 pp., traduction de Françoise Rose
Une bombe ! On a beaucoup dit et écrit sur la Chine, surtout depuis les massacres de la place Tian’anmen, survenus à Pékin en 1989. Pourtant, la grogne faisait rage déjà depuis longtemps, et parfois loin de la capitale. Dans ce roman de Yiyun Li, magnifié par la traduction de Françoise Rose, nous sommes dans une petite ville de province, peu après la chute de la « bande des quatre », commandée par la veuve de MaoZedong. Après les ravages de la « Révolution culturelle », les aspirations à la démocratie se font jour même dans les endroits les plus reculés de l’empire. À l’occasion de la condamnation à mort de la jeune GuShan, une ex-garde rouge qui a osé critiquer le régime et demander pardon pour les atrocités qu’elle avait commises au nom de sa foi communiste, les consciences des villageois vont se réveiller. Pendant ce temps, dans la capitale, une lutte se joue entre deux clans opposés. Tel est l’arrière-plan de cette vaste fresque, qui peint le quotidien pour atteindre à l’universel. Les personnages sont nombreux, qu’il s’agisse de Nini, la jeune infirme avide d’amour, du professeur Gu, qui confond encore lâcheté et sagesse, de Kai, l’artiste à la voix d’or au service du Parti, de Kwen, Bashi, et tant d’autres, tous aussi attachants les uns que les autres. Le temps de la lecture, nous vivons pleinement en compagnie des acteurs principaux du drame qui va se nouer. L’écriture est simple, sans artifices, il s’agit avant tout d’un témoignage, brutal, sur les ravages d’une pensée politique érigée en système mafieux.
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