mardi 4 mai 2021 par Jean-François Ponge
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Le Livre de Poche, 2007, 256 pp.
Jacques Rougeron redouble son CM2. Il bégaie et semble la risée de ses camarades. Heureusement, par le truchement de son fidèle Bonzi, qui le suit partout, il peut s’exprimer librement, loin du regard des autres. Tel est son terrible secret. Sur cette trame minimaliste, qui aurait pu faire l’objet d’une nouvelle délicatement ciselée, Sorj Chalandon a bâti un roman, court mais néanmoins d’un ennui profond. Les enfants y sont pourvus d’un langage peu crédible, même pour l’époque (1964). En fait, il s’agit d’un exercice de style, bavard, qui témoigne d’un mépris profond pour l’enfance, ses peurs, sa méconnaissance du monde des adultes, plus que d’une volonté de transcrire par les mots cet état en perpétuel devenir. D’autres ont essayé, avec succès, de se mettre dans la peau d’enfants ("Zazie dans le métro", "Alain et le nègre") ou d’handicapés mentaux ("Des souris et des hommes", "Le bruit et la fureur"), mais jamais n’ont ridiculisé les personnages dont ils tentaient de reproduire pensées et langage. Dommage, car il émane malgré tout une certaine poésie de ce récit digne de "La foire aux cancres".
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