mardi 2 août 2022 par Jean-François Ponge
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Le Livre de Poche, 2014, 456 pp., traduction de Sébastien Cagnoli
Trois époques, un même lieu : l’Estonie, ce petit pays balte situé à quelques encablures de la Finlande, avec laquelle il partage une même culture malgré les vicissitudes de l’histoire. Le récit se déroule sur une période allant de 1941 à 1966, couvrant la période soviétique précédant la Seconde Guerre Mondiale, l’annexion de l’Estonie par le Troisième Reich et sa reprise par le régime soviétique en 1944, sacralisée par les accords de Yalta jusqu’à la chute du Rideau de Fer. Sur les pas des trois personnages principaux, Juudit, Edgar son mari, et Roland, un cousin d’Edgar (du moins j’ai cru le comprendre), c’est une histoire tourmentée qui va défiler sous nos yeux. Des êtres marqués par le destin, dont les voies vont s’éloigner en fonction de leur personnalité, de leur histoire personnelle et des occasions, réussies ou ratées, qui vont se présenter à eux. La structure du roman est complexe, la narration volontairement non-linéaire, et l’auteure utilise un certain nombre d’artifices, relevant hélas plus d’une mode récente que d’une nécessité de l’écriture romanesque, pour induire le lecteur en erreur et susciter de temps en temps la surprise. Le message que veut faire passer Sofi Oksanen est assez flou, en dehors de l’exaltation d’un nationalisme estonien victime des méchants bolcheviks et qui a cru un temps à sa libération par les armées hitlériennes. Reste l’intérêt d’une reconstitution du puzzle qui relie ces personnages, notamment la vérité sur le "suicide" de Rosalie, la fiancée de Roland, dont la mort inexpliquée et profondément injuste va le précipiter vers l’action armée. Hélas, certains "mystères" demeurent à jamais enfouis, laissant le lecteur quelque peu sur sa faim…
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