vendredi 10 février 2023 par Jean-François Ponge
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Gallimard (collection Folio), 1977, 302 pp., traduction de Jeanne Modigliani
Relégué dans une petite ville de Basilicate, dans le sud de l’Italie mussolinienne, l’auteur, antifasciste notoire, nous conte par le menu sa vie dans ce coin perdu, oublié de tous. Il va y découvrir une civilisation paysanne, remontant aux temps les plus lointains et ayant survécu à toutes les vicissitudes de la religion et de la politique. Dans un paysage de mauvaises terres infestées par la malaria (le paludisme), la population survit au prix d’un labeur effréné, avec comme seule médecine le savoir ancestral de quelques sorcières patentées. Carlo Levi, qui a abandonné l’exercice de la médecine, y exerce son activité favorite, la peinture. Devant la misère physique et morale des paysans et le désintérêt des villageois les plus aisés (les "seigneurs"), il va se mettre à les aider et leur apporter quelque réconfort, stoppant pour un temps la mortalité galopante qui ravage la population. Dans ce récit puissant, l’auteur nous délivre un message aux résonances tout actuelles. Que représente l’État, et ses affidés, lorsque l’on se sent collectivement mis au ban de la société ? La révolte, lorsque la situation devient insupportable, n’est-elle pas la seule façon de se faire entendre, même si l’on sait d’avance qu’elle est vouée à l’échec ? Hors des idéologies dominantes, qu’elles prônent la dictature ou la démocratie, Carlo Levi propose des solutions pour redonner leur honneur aux plus démunis. Puisse son message être entendu, en ces temps où s’effondrent les modèles politiques et économiques qui ont cru assurer le bonheur de l’humanité…
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