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Confessées suivi de quelques lettres au milieu d’elle - Marie L.
samedi 24 mars 2012 par Jean-Paul Gavard-Perret

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MARIE L : BREVIAIRE DE FELIXITÉ

Marie L, « Confessées suivi de quelques lettres au milieu d’elle », Editions Cartouche, Paris, 264 pages, 18 E.

De la compilation des corps féminins Marie L. retient tout un jeu de dérives et de basculements d’échelle, d’impossibles perspectives et d’apesanteurs vertigineuses. Surgit plus que l’idée de l’amour une " espèce d’espace " (Michaux) littéraire, décentré, fragmentairement amoureux, dispersé. À une vision nostalgique et mélancolique de l’affect la créatrice répond par le mouvement d’une « geste » (comme on disait au Moyen Âge) de résistance. Elle sait que le corps amoureux n’est jamais débarrassé de ses ombres et qu’une écrivaine doit les fréquenter pour tenter de les expulser par la force de sa langue.

Face au quotidien qui tire par les pieds les hommes et les femmes Marie L. sait encore et malgré tout rêver l’amour. Son approche n’est pas une abstraction de la réalité mais au contraire sa confrontation. Déchirée entre la tradition qui l’a formée et le monde qui s’ouvre à elle à chacun de ses voyages amoureux, l’auteure cherche autant ouverture à l’autre que la préservation de sa liberté. Elle cherche sans cesse le trait qui projette dans diverses tonalités la grêle et le feu afin de changer le fleuve du quotidien en absinthe.

Sans cet espoir fou il n’existe pas de littérature qui vaille la peine. En sa quête obstinée et par ses choix, Marie L. rappelle quelque chose d’essentiel : ce n’est pas derrière nous qu’il convient de regarder. Il faut, toujours, défoncer les vantaux mystérieux de l’Impossible. Certains l’accuseront de cérébralisme tourmenté et décadent, mais on répondra simplement qu’elle reste au contraire la primitive d’une sensibilité décuplée par une écriture ivre de spontanéité, de puissance, de violence mais sans la moindre obscénité factice. Marie L n’est pas sensible à la fausse ivresse de la “ trouvaille ”. Elle préfère les approches qui opèrent un travail de fond. Celui qui - peut-être - sauvera l’être des excès de la spiritualité…



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