mercredi 23 août 2023 par penvins
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Pourquoi ce roman qui met en scène un professeur de philosophie sans grande envergure confronté à des adolescents incultes est-il bien parti avec tant de lieux communs dans la course de la rentrée littéraire, non pas certes à côté des ouvrages qui doivent faire les meilleures ventes et ne se soucient que de cela mais à côté de ceux qui ambitionnent d´enrichir la littérature française ? Est-ce parce qu’il correspond à ce qu’attendent d’un roman les profs de français et en même temps au désir de vengeance des anciens élèves conscients de leurs lacunes. Mittelmann en bon personnage médiocre se moque des uns et des autres, de la belle littérature comme de la littérature d’idées.
Sans doute avec ce roman Éric Bonnargent sait-il s’adresser à un vaste public. Mittelmann, le personnage principal, reproche gentiment à Marc son ami éditeur une littérature de prof de français et préfère quant à lui une littérature qui remue la merde, qui se moque de nos vertus, qui fouille pour voir ce qui se cache derrière nos jolies postures. Tous les deux ambitionnent d’écrire des œuvres littéraires.
Bien sûr, Éric Bonnargent n’échappe sans doute pas au travers qu’il dénonce d’une littérature autofictionnelle, mais il reste dans le contrôle, l’autodérision, transcendant son histoire personnelle pour en faire plus qu’une analyse, un roman passionnant de bout en bout où l’on reconnaît la trame d’un vécu et d’où émerge le fantasme de dépasser (tuer) le père : l’éditeur. Pour dissiper tout malentendu quand une élève lui pose la question : dans quelle mesure le prof de philo te ressemble, il répond : c’est une fiction [...] il a dix ans de plus que moi, et s’il exprime parfois des choses que je pense, c’est de manière outrancière. Alors, oui, lui et moi sommes profs de philo, mais ça s’arrête là. Est-on obligé de le croire ?
Au plus près de l’actualité, celle du Covid par exemple, Éric Bonnargent reprend avec malice les paroles de chansons populaires. C’est le cœur léger et le bagage mince que Mittelmann monte étudier la philosophie à La Sorbonne. Plus tard, dépressif à la suite de son divorce il pensera que plus personne ne rêvait d’un autre monde, la lune ne serait plus jamais blonde et il y avait fort à parier que la vie serait de moins en moins féconde.
De même l’ami éditeur lui suggérera lors de la rupture d’une autre liaison que les histoires d’amour ne finissent pas forcément mal. Bientôt Mittelmann inquiet de vieillir promet à la mère de leur futur enfant : Bien sûr que je t’aime Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai, et quoi que tu fasses, l’amour est partout où tu regardes…
Un roman tout en légèreté où cohabitent et s’enrichissent langue et philosophie et où la vie se heurte à la raison en parfaite harmonie.
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