vendredi 29 mars 2024 par
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Léda Mansour, par l’entremise de la poésie, donne vie à des réflexions empreintes de sincérité et de profondeur. Sa plume interroge les mirages de la réalité, embrasse l’audace et n’hésite pas à franchir les frontières du risque. Docteure en littérature, elle a consacré sa thèse à l’analyse de la "Trilogie du Caire" de Naguib Mahfouz. En 2024, elle offre au monde littéraire son œuvre « Les formes libres de la vie », éditée par Le Lys Bleu Éditions. Du Liban, c’est en France qu’elle a posé ses valises et déploie son talent depuis l’aube de 2002.
Éditions le Lys bleu 2024
Dans le recueil « les formes libres de la vie » de Leda Mansour, nous assistons à une montée au poème sous forme d’un début d’abécédaire de poésie concrète et de grande volée anthropologique : un rappel plus que nécessaire dans notre époque troublée.
Est-il possible que depuis des millénaires, on n’ait rien vu, reconnu et dit de vivant et que l’on soit resté à la surface de la vie ?
Cette parole originaire est une adresse et une question intime mais réponse universelle à la question centrale de chaque être. Cette réponse immédiate du poème use et contourne les concepts pour aller directement vers l’écoute de la vie.
Le recueil de Leda crée une situation poétique légère à propos de thèmes très sérieux : le temps, l’amour, l’héritage, les peurs antiques etc. Léda écrit : « la poésie des songes vous enchante, une magie clandestine pénètre vos nuits ».
Cette magie s’accroche au concret de la vie, à la maladie et au désir et à la volonté de vivre. Le désir, Éros présent et central dans le recueil comme hymne « goulu de pain » jusqu’à l’anthropophagie… où il est question de mouvement, de course, de galop
« mon cheval est fatigué
Et quelque peu impatient de reprendre la route
Ainsi va la bataille de ma vie »
Platon dit que la poésie est un état de présence complètement incandescent, comme une partie de poker… des « dérobeuses subtiles… en robe bleue . Bleue comme une terre beaucoup travaillée ».
Or, du travail il y en a dans ce recueil où le poète tel Sisyphe œuvre à la condition terrestre et à la forme de la vie… au cœur « cocon du serpent » ? et à ce lot commun de la condition humaine qu’est l’exil « tu gouteras jusqu’à ce que tu mourras »
La mort…Leda la toise bravement dans le poème Lost land, elle exhorte chacune, chacun à l’affronter et à jouer avec elle…peut-être y trouver refuge pour encore plus de libertés dans « cet audacieux infini » où « nous sortons définitivement du texte pour improviser ».
La montée au poème de Leda Mansour part de la dévastation pour s’élever vers le vivant, sa poésie de concrète espérance permet de discerner la vérité de notre temps, fortement, généreusement, librement . Elle dit le vrai de la vie, plus encore elle nous dit d’inventer sa propre vie, de dire oui à l’entièreté de la vie, à ses ombres et à ses lumières, dans un moment de grand réveil, à la manière de Rilke, être prêt à la métamorphose.
Nicole Barrière
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