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Terminus et autres poèmes intimes - Edith Wharton,

parus chez Arfuyen - Choix, traduction et présentation de Jean Pavans

lundi 14 octobre 2024 par Françoise Urban-Menninger

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On connaissait Edith Wharton la romancière, auteure, entre autres des inénarrables New-Yorkaises et de leurs travers, on découvre aujourd’hui les poèmes de "la plus française des romancières américaines" traduits pour la première fois en français et c’est pour le lecteur un véritablement éblouissement, voire un enchantement.

Si Edith Wharton publie ses premiers poèmes à 16 ans en 1878 dans son recueil Verses, la plupart de ceux qui ont suivi ont été "éparpillés", selon Jean Pavas, dans ses correspondances et carnets. Pour comprendre Terminus, il nous faut appréhender la vie de l’auteure, née en 1862 à New York. Elle visite l’Europe en famille, apprend le français, l’allemand et l’italien, imagine peut-être rompre avec un milieu trop conventionnel en épousant en 1885 Edward Robbins Wharton dont elle finira par divorcer en 1913.
Mais Edith Wharton a une vie amoureuse secrète qui fait écrire à Jean Pavas que ses poèmes sont "les chambres closes de l’omission" car sa relation avec William Morton Fullerton rencontré, grâce à un ami commun et qui n’est autre que Henry James, nous donnent à lire des vers d’une sensualité empreinte d’érotisme.
Mais l’auteure n’est jamais aveuglée par l’amour, elle en anticipe la rupture en réservant une chambre dans l’hôtel de la gare de Charing Cross. L’on songe, dans un autre registre, bien évidemment, à la Princesse de Clèves quand on lit "le rêve de la fusion et de la temporalité ne reste qu’un rêve" , car ces deux femmes dépassent leur passion par le renoncement afin de ne pas connaître l’humiliation d’être quittée car chacune pressent l’impermanence du désir.
Terminus, poème au coeur de ce recueil s’inscrit dans une mélancolie douce-amère "Merveilleuse fut la longue nuit que tu me donnas, mon Amant," écrit l’auteure. L’amour physique y est évoqué "Au centre du miroir pivotant, cette glace qui avait vu/ Des visages innombrables et brouillés par l’infinie mécanique du voyage" . Lorsque Edith Wharton rédige ce poème, elle a déjà traversé le miroir, cette dernière nuit d’amour signe da plongée dans "l’oubli". Cette dernière nuit d’amour, qui n’est autre qu’une ultime petite mort, a bien sûr partie liée avec la mort qu’elle a approchée en se rendant dans les tranchées lorsque les Etats-Unis entrent en guerre en 1917.
Le poème qu’elle dédie à Walter Berry qui fut son "ami d’âme et d’esprit durant quarante-quatre ans", transcende les vers eux-mêmes car de l’autre côté des mots, la mort s’apparente à une renaissance "Je dirai, non pas que tu es mort, mais sue tu es répandu/ Comme les graines le sont par la brise d’automne, / Pour renouveler la vie là où tout semblait verrouillé et désolé..." Son ultime poème Trésor nous laisse entendre une derrière fois sa voix singulière qui se fond avec l’image intemporelle de son âme qui s’échappe telle une voile en partance pour le large. Le recueil à peine refermé, on repense à cette "quête obstinée d’un rivage fantôme" que seule la grâce de l’écriture unique d’Edith Wharton nous aura permis d’aborder.

Françoise Urban-Menninger



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