Essai paru chez Verum Factum, BSN PRESS
lundi 20 janvier 2025 par Françoise Urban-MenningerPour imprimer
L’on connaissait les engagements artistiques et féministes de Barbara Polla, également médecin, écrivain, galeriste, "une femme hors norme", comme le suggère le titre de l’un de ses livres, on découvre dans cet essai, Véronique Caye, metteure en scène et vidéaste, écrivain, photographe qui signe avec elle ce tempétueux manifeste qui vise à "poétiser le réel".
D’emblée, le lecteur est invité à suivre ce conseil "Va vers toi-même pour exister ; va vers toi-même pour permettre aux autres d’exister à tes côtés."
Pour aller vers soi-même, il nous faut transposer le désir érotique dans chaque instant de la vie quotidienne. Car, poursuivent-elles, le désir transcende la rationalité tout en permettant "d’accéder au réel dans toutes ses tragédies-et ses joies aussi." Tout est déjà annoncé dans ce prélude qui n’est autre qu’un hymne à la vie et à son enchantement toujours renouvelé.
Aucune mièvrerie dans cette ode qui jaillit des profondeurs de l’être car "l’érotisme existentiel veut non seulement approuver la vie jusque dans la mort, plus encore désirer la vie jusque dans la mort." Et nos deux autrices de décliner ce à quoi fait appel l’érotisme existentiel, à savoir l’érotisme sexuel, " temps de l’entre-deux, entre vie et mort" mais aussi l’amour qui n’est autre que l’essence de l’érotisme existentiel.
Si Barbara Polla et Véronique Caye ne nous donnent pas de recette du bonheur, elles mettent à notre disposition "une boîte à outils". Le voyage est l’une des options possibles car il nous entraîne dans le réel et dans l’intemporel et dans "ce qui nous arrache à la mort".
Mais outre l’écoute d’autrui, "l’altérité est le coeur de tout", écrivent-elles, on retiendra le choix de l’émerveillement qui a tout naturellement partie liée avec la poésie qui est "une arme de combat". Et c’est sans doute dans ce cri surgi des profondeurs que fusionnent le désir, la jouissance, la désobéissance, dans cette vie qui nous anime, au sens d’une âme qui nous meut et nous émeut car "la poésie comme l’érotisme existentiel porte en son essence une puissance pacifiste".
Et de déclarer dans une forme de clairvoyance absolue où le corps prend la parole "Personne ne devrait pouvoir envoyer ce corps à la guerre, ni à la mort."
Nul doute que ce mince opuscule n’en n’est pas moins riche et débordant de réflexions qui donnent tout leur poids aux mots en leur octroyant cette légèreté qui procure au lecteur un sentiment d’extrême liberté, de reconnaissance et d’estime de soi dans un monde où chacun semble être en mal de repères et d’identité.
Françoise Urban-Menninger
toute reproduction ne peut se faire sans l'autorisation de l'auteur de la Note ET lien avec Exigence: Littérature