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Sphère - Didier Ayres

Ouvrage paru aux Editions La rumeur libre

mercredi 26 février 2025 par Françoise Urban-Menninger

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Dans ce recueil à la couverture d’un bleu délavé qui renvoie peut-être à l’usure du temps, de courts poèmes tamisent le chagrin du monde que Didier Ayres identifie telle "Cette menace de l’être/ où parfois se perdre/ Dans l’absence/ Et la joie d’avoir vécu".
Des écrits, fondus sur eux-mêmes, se dévoilent tels les fragments lumineux d’un kaléidoscope, ils nous donnent à voir, sentir, appréhender du bout de l’âme des images qui traversent la mémoire de l’auteur pour se poser délicatement tels des papillons de nuit sur la page blanche "Mon père descend toujours la Sombre/ Ma soeur dans sa barque." Tout est dit dans ces deux vers que le poète extrait des "Zones aqueuses qui abritent les deuils."

Ces "Zones aqueuses" renvoient, pour une part, à celles de l’enfance car Didier Ayres confie "Dès lors je me détruis/ En glissant vers le houx de mon enfance/", cette évocation a déjà partie liée avec la douleur d’être au monde, les épines du houx font songer indubitablement à la couronne christique. Et l’auteur de reprendre dans Le récit l’image du Cycle d’épines "Disais-tu que l’éternité était une simple couronne".
La mort serait-elle une consolation ? La question revient insinuante, force les pages du recueil, le traverse, on lit dans Pouvoir "Pour mon coeur clos d’une croix/ Sorte de lac anéanti où l’angoisse n’existe plus/ Dormir m’est venu."
La solitude, la lenteur, l’attente se fraient un chemin vers cette mort inéluctable qui s’apparente à une quête, celle que le poète entreprend dans une errance intérieure, à la recherche de lui-même et qui l’amène à s’interroger "Le labyrinthe/ Mes yeux vers mes yeux ?"
L’écriture accompagne cette quête de soi, ce questionnement sans réponse "Quand la mort ressemble à un rêve." La disparition du père plane sur ce recueil où son ombre tutélaire fait dire au poète dans Au-Delà "Mon père mon père/ Tu gis dans les grands jardins effrayants". Et de revenir à Soi pour affirmer "Mourir ne demande rien" et de prolonger, peut-être, enfin apaisé, le Silence car "Depuis si longtemps/ Se développe la mort/ Absinthe/ Contenant un nouveau repos/ Qui n’est ni livre ni rêve."
Ce "nouveau repos" ramène l’être dans cette Sphère où l’origine et la finitude confinent et que le poète qualifie de Cycle d’épines mais "Qui sait ?, ajoute-t-il ailleurs"...
Didier Ayres, poète, dramaturge, critique littéraire, universitaire, possède cette grâce qui, derrière la légèreté apparente de ses écrits, fait frissonner l’âme quand on lit
"Mes mains pareilles à des fleurs brûlées/ Luttèrent/ Contre la noyade dans l’encre nocturne". Car "l’encre nocturne", comme l’outrenoir du peintre Pierre Soulages, irradie d’une lumière qui transcende l’oeuvre et qui "Parfois étoiles que vous vous jetiez/ Dans les corbeilles des lacs" ont cette puissance éclairante qui fait vaciller le ciel sur la page blanche lorsque Didier Ayres déclare "le ciel m’encercle".

Françoise Urban-Menninger



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