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Petit Journal de bord des Frontières - Gazmend Kapllani
lundi 16 avril 2012 par penvins

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Le 15 janvier 1991 Gazmend Kapllani franchit la frontière albano-grecque et devient un émigré pour le restant de sa vie :
il faut avoir les reins solides pour prendre la décision de recommencer sa vie à partir de rien, de se confronter aux frontières et de tout reconstruire depuis le début
Et c’est l’histoire de ces frontières qui nous est racontée dans ce livre, frontière gardée par les policiers d’un régime totalitaire, celui d’Enver Hoxha qui enferme les Albanais dans leur pays et les isole du monde allant jusqu’à surveiller l’orientation des antennes de télévision de chaque immeuble, mais aussi frontières invisibles comme celle de la langue qui isole l’émigré dans le pays où il croyait trouver la liberté.
Gazmend Kapllani est aujourd’hui connu en Grèce comme écrivain et dramaturge, mais surtout comme éditorialiste dans le plus grand quotidien du pays : Ta Nea, il est connu également pour son engagement dans la défense des migrants. Ce livre est une sorte de tour d’horizon de la question.
S’entremêlent deux types d’écriture, l’une à la première personne qui est le récit de la vie en Albanie et de la fuite vers la Grèce jusqu’à l’arrivée à Athènes, même s’il s’agit d’un récit romancé on voit bien que Gazmend Kapllani y raconte son histoire, et l’autre plus impersonnelle qui met en scène les difficultés de l’émigré ou du futur émigré, de manière plus générale, issue bien entendu de l’expérience de l’auteur, mais qui élargit le propos, le sort de son contexte autobiographique et lui donne une portée universelle.
Ce sont ainsi deux histoires qui sont menées parallèlement, l’histoire des émigrés albanais de la fin du siècle dernier et l’histoire de tous les émigrés confrontés au passage des frontières. Gazmend Kapllani souligne que non seulement cette histoire-là ne s’arrêtera jamais mais qu’elle est une chance pour ceux qui la vivent, qu’elle suppose une détermination à prendre sa destinée en main sans laquelle le monde ne serait pas aussi riche que celui dans lequel nous vivons, manière de dire que cette expulsion volontaire hors de la terre natale l’a fait ce qu’il est.
Nous n’avions pas en français la chance de lire cet auteur qui écrit en grec, avec ce petit livre l’occasion nous est donnée d’apprécier son humour et de mesurer ce qu’il dit des liens qu’il entretient avec ses racines, il emploie pour imager cette relation à la mémoire les paroles d’une mélodie chantée par les immigrés grecs de Marseille : Sur mon chemin, j’ai rencontré la souffrance qui me pousse toujours plus avant. Ni oublié, ni mythifié, le passé est une force vivante et changeante qui permet d’affronter la vie.
La légèreté de ton, les anecdotes tragiques racontées avec la distance de la dérision font que ce texte qui aurait pu être une ennuyeuse histoire des malheurs de l’émigré se lit avec le sourire aux lèvres. Kapllani suscite l’empathie, on traverse avec lui en riant les épreuves imposées par un des pires régimes totalitaires qui fût. Les textes intermédiaires donnent le temps de prendre conscience de la dure réalité sans s’appesantir. Remercions les deux traducteurs [1] qui enrichissent ainsi notre perception de l’histoire de l’Europe et le découvreur [2] de ce texte qui a permis que s’ouvre une nouvelle fenêtre sur la Grèce et les relations qu’elle entretient avec ses frontières en même temps qu’il attire notre attention sur la réalité de la situation d’émigré en un temps où les fantasmes remplacent si souvent le regard sur les faits. On lira avec amusement ce chapitre où les Albanais « visitent » un supermarché grec et où les vigiles leur tombent dessus, sans découvrir le petit larcin que l’un d’eux n’a pu s’empêcher de commettre ! mais sans oublier non plus de leur infliger l’humiliation d’une fouille publique.


[1Françoise Bienfait et Jérôme Giovendo

[2Petros Diatsentos



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