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Et personne ne sait - Philippe Forest

Editions gallimard - 2024

lundi 17 mars 2025 par Alice Granger

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Un jeune peintre. Un roman écrit par un auteur américain et paru en 1940, et le film qui en a été tiré, qui pour Philippe Forest racontent une seule et même histoire. A vingt ans, dit-il, dans la vie d’avant la vie, l’hiver avec lequel tout commence, à cet âge il se disait qu’il redoutait que son existence s’y réduise. Mais il ne reconnaît pas le jeune qu’il a été. Sauf que l’histoire dont il parle le relie à ce jeune. Il raconte l’histoire, toujours la même histoire, la sienne, qui est toujours celle d’un autre. Donc, s’il raconte l’histoire d’un peintre, il faut que d’une manière ou d’une autre, ce soit aussi celle de l’écrivain ou de l’artiste qui la rapporte, et vice-versa, il faut que le livre réussisse à parler de chacun (parce qu’il fait vibrer de l’universel, touche l’être poétique universel en chacun). Ce qui est arrivé, dit-il, « chacun peut l’imaginer puisque cela lui est arrivé aussi ». Lorsque l’hiver, celui de l’esprit, est venu, « on se dit qu’un jour ou l’autre reviendra le printemps », celui que le peintre attend, mais aussi celui qui dit « je », Philippe Forest (mais c’est aussi un personnage). Cette attente est là jusqu’à la fin.
Metropolitan Museum of Art de New York. Emerveillement d’enfant dont les yeux s’ouvrent sur une féérie faite à sa mesure et à son intention, en accédant à l’aile du bâtiment où sont les collections concernant l’art américain. A l’intérieur de ce musée, à dimension réduite, il y a un autre musée, comme une maison de poupée grandeur nature, comme un manoir, où à différents étages sont reconstituées quelques maisons de toutes les époques en commençant par celles des premiers pionniers, jusqu’à celles de riches colons, celles des banquiers. On saute de siècle en siècle. Dans ce si vaste musée, il y a des horloges partout, mais elles marquent toutes à peu près la même heure : deux heures moins dix ou deux heures moins cinq. Le jeune peintre s’appelle Eben Adams. Lorsqu’il peint New York, il peint un autre monde, « le pays des merveilles, l’île du Grand jamais, la forêt enchantée avec ses elfes et ses fées… A sa manière il représente la réalité. Il lui donne juste l’apparence d’un rêve. Un rêve d’où s’efface toute trace de réalité ». Il se sent chez lui dans cet autre monde. Pour lui, la réalité rappelle son rêve, celui qui l’a précédée, celui qu’il faisait enfant ou même déjà dans le ventre de sa mère. Voilà : même dans le ventre de sa mère, son rêve est le sien, pas celui de sa mère, et, écrit Philippe Forest, « L’univers avec sa clarté toute relative fut conçu dans l’obscurité dont naquirent les êtres et les choses, une obscurité grosse de la somme de ses possibles et qui ainsi contenait déjà la somme de ses possibles et qui ainsi contenait déjà tout de la vie encore à venir ». Avant le temps qui commence à la naissance, il y a déjà eu un temps et que répète le temps, c’est-à-dire qu’il y a déjà eu un être dans l’obscurité dont le rêve fait de sensations, de mouvements, c’est-à-dire une aventure sensorielle de fœtus, le distinguait absolument du corps circonvenant de la mère, ce fœtus était déjà dissident du point de vue de l’aventure de ses sens, de son corps, aux commandes. Et Philipe Forest en parle comme d’un Aleph originaire, et comme le premier motif fractal, qui se reproduira dans la vie née à l’infini et à l’identique, c’est-à-dire du point de vue de celui qui vit l’aventure sensorielle, qui, comme le dit Pessoa, est toujours impatient de nouveau, donc c’est une vie qui, dans le même temps s’incarne joyeusement, fait des premiers pas qui sont des derniers pas, cet aleph, pour mieux renaître, ceci dans un rythme incessant. Alors, cette vie qui est vivante par ses premiers pas qui sont des derniers pas parce qu’elle est impatiente d’inconnu, c’est aussi comme une petite fille qui s’échappe d’un présent qui voudrait la retenir. Et qui veut la retenir croit qu’elle est morte car elle ne s’impatiente plus d’inconnu infiniment renouvelé. Si le présent invente le passé même le plus ancien, celui d’avant la naissance, - qui reste comme motif fractal initial même si celui qui l’a vécu l’a oublié – c’est pour qu’il advienne encore et encore dans le présent « où seul ce passé possède sa place », puisque seulement dans ce présent au contact direct des choses l’aventure sensorielle qui a commencé dans la nuit utérine où le fœtus se distinguait sensoriellement du corps de sa mère peut trouver à l’infini sa réserve d’inconnu, de merveilles. Adams, dit Philippe Forest, c’est ce monde-là qu’il peint. Il ne s’y sent chez lui qu’en s’y sentant étranger : il répète de manière fractale son vécu sensoriel utérin, où le corps maternel lui était étranger, et pourtant les stimulus sensoriels venaient de lui, mais n’avaient d’existence que parce que les cordes de ses sens à lui, en train de s’éveiller, les « nommaient ». Les images que peint le peintre donnent cette impression. Ainsi, il dit qu’il a renoncé à posséder ce monde (c’est-à-dire l’immobiliser par l’installation, devenant un assis, celui que Rimbaud fuyait). Ce qu’est le monde, personne ne le sait, c’est une énigme. C’est une réserve infinie d’inconnu, que les sens du poète espèrent, une réserve de merveilles. En ce sens, c’est la nuit qui sans cesse libère la matière.
Visite dans le musée. « Ambrose Andrews est le plus éminent de ces primitifs américains ». Peintre errant, artiste ambulant. Au moment de la déportation massive des Indiens d’Amérique. Le plus célèbre de ses tableaux est « The children of Nathan Starr ». Un tableau étrange. Une petite fille en robe blanche, deux petits garçons en costume noir, une jeune femme également en robe blanche qui doit être la sœur aînée, sur ses genoux, un petit garçon avec une robe de fille. On dirait que les cinq enfants sont le même enfant à des âges différents, tantôt garçons tantôt filles. L’étrange, c’est qu’ils ne se regardent pas les uns les autres, leurs yeux sont dans le vague : ils songent. Le petit garçon sur les genoux est l’enfant mort. Un cerceau symbolise le recommencement du temps, et une baguette désigne la direction dans le ciel où, à travers les nuages, passe un vol d’oiseaux blancs, personne ne sachant où ils vont. Bien sûr, puisque, où ils vont c’est là où la réserve d’inconnu, de merveilleux, reste infinie, infiniment renouvelée.
Le roman et le film dont parle Philippe Forest portent aussi le titre d’un portrait dont ils racontent l’histoire : « La Jeune Fille en robe noire », rimant avec le tableau du Titien, « Jeune Femme en robe noire ». Tableau peint par Adams. « La neige tombe sur le parc où le lac a gelé ». Elle fait un écran opaque, et bientôt « on n’y verra plus rien ». Comme le retour dans le ventre, circonvenu par la masse blanche dont parle Artaud ? Ces neiges indiquent le temps qui s’enfuit, qui s’écoule vers un vide au sein duquel « il verse sa blancheur vaine ». Donc, cette masse qui circonvient est vide, ce n’est pas elle qui donne du sens aux « objets », ce sont les sens qui leur en donnent en s’éveillant. Philippe Forest rappelle que la dernière fois qu’il a vu Paris sous la neige, c’était lorsqu’il a appris la maladie mortelle dont souffrait sa fille, dont elle allait mourir l’année d’après. Le jardin public, par cette neige, était recouvert par un linceul éclatant. La neige tombant toute la journée semble immaculée, comme si personne ne l’avait foulée. L’hiver revient, qui est, dit Philippe Forest, la saison de l’enfance. La neige recouvre de blanc. Un peu de neige, dit-il et chacun se retrouve l’enfant qu’il a été. Mais lui, depuis que sa fille est morte, à l’âge de quatre ans, ne fête plus Noël. L’enfance telle qu’il l’a en mémoire, celle de cette petite fille, avant sa maladie, la neige recouvrant de blanc cette maladie, le blanc de la protection paternelle ? Petite fille égarée de Lewis Carroll, qui sait que la réalité est différente. Le peintre est-il en deuil, lorsqu’il peint le tableau ? Ou bien est-ce Philippe Forest qui lui prête son histoire, qui donne ce sens au tableau qu’il regarde ? Mais lorsqu’on raconte, n’est-ce pas toujours le cas, ajoute-t-il. Donc, en ce soir de Noël, le peintre passe par ce parc, des tableaux sous le bras que tous les galéristes ont refusés, des paysages qui n’intéressent personne, cet autre monde que le monde. Il ne sait pas pourquoi, pour rentrer chez lui, il est passé par ce parc. Il cherche quelque chose. Qu’il a perdu. Quelqu’un ? Son chemin ? Ce soir-là, il s’enfonce encore plus profondément que d’habitude dans ce parc, où l’obscurité lui donne l’impression d’être ailleurs, qu’il est entré dans un autre monde qui n’appartient ni à la réalité, ni au rêve auquel il est habitué. Il n’y a personne, sauf une petite fille, aux vêtements démodés. Elle est seule, on dirait une enfant née de nulle part en cette nuit de Noël. Conçue par l’opération du Saint-Esprit. Des anges l’ont descendue du ciel, afin « d’y porter la possible bonne nouvelle qu’espèrent les hommes ». Elle chante une comptine inconnue, à la mélodie très simple et donc résonnant de manière familière. L’écoutant, le peintre se dit que, finalement, il l’a toujours sue. Les paroles : « D’où je viens / Personne ne le sait. / Où je vais / Tout s’en va. / Le vent se lève, / La vague déferle, / Et personne ne sait ». Personne ne sait, puisque c’est la réserve infinie et merveilleuses d’inconnu. La petite fille s’adresse au peintre avec une maturité inédite, et le peintre a l’impression d’être en présence d’une grande personne qui aurait pris les traits d’une enfant. Elle lui dit son nom : Jennie. Voyant ses tableaux de paysages, elle lui dit qu’il perd son temps, c’est elle qu’il doit peindre. Et elle lui dit que ce qu’elle aime le plus, c’est de faire des vœux. Cela semble à Philippe Forest un conte de fée, mais depuis qu’il ne peut plus les raconter à sa fille, il n’y croit plus. Songeant sans doute qu’il aurait aimé être le peintre, avec Jennie qui serait sa fille vivante, il les suit. « Je vais là où ils vont ».
Dans cette histoire, dit Philippe Forest, il n’est rien de réaliste, et tout respire une merveilleuse mélancolie. Il s’agit d’une « romance » à l’intrigue très sentimentale, d’un conte de fée, qui appartient comme tous les contes de fée à l’enfance au plus profond de laquelle puisent tous les récits, quel que soit l’âge de celui auquel il s’adresse. Elle se passe en 1938. A plusieurs reprises, le peintre Adams et Jennie se retrouvent. Bizarrement, la petite fille apparaît et disparaît sans qu’il sache d’où elle vient et où elle va, et le comment et le pourquoi de ça. Il ne conserve rien d’elle. Elle est un Aleph ? Ses premiers pas sont toujours des derniers pas, et ça se répète à l’identique ? Est-ce aussi, pour Philippe Forest qui est le lecteur de cette histoire – roman et film -, le rythme de retrouvailles avec sa fille disparue, qui incarne le rythme de la vie impatiente d’inconnu, qui vient lui témoigner que la vie c’est ça, et qu’une petite fille aussi, comme un petit garçon, y a droit, que déjà dans l’utérus elle aussi rêve, donc est dissidente, est un être sensoriel distinct du corps circonvenant de la mère ? Au vernissage, il croit l’apercevoir dans le public, et puis elle est déjà partie. L’être sensoriel, fille ou garçon, est impatient d’un monde inconnu des merveilles qui est toujours étranger et absolument singulier. L’histoire montre donc aussi le peintre en absence de Jennie : elle lui manque mystérieusement, mais il n’a aucun moyen de la retrouver. En somme, est-ce si différent de ce qu’il vit lui, depuis la disparition de sa fille ? Alors, le peintre semble avoir intériorisé cette absence, il peint des paysages vides, mais pas le même vide des paysages qu’il peignait avant. Ce sont des paysages qui sont vides de la présence qui leur manquait avant et que maintenant ils expriment à leur manière, même si c’est difficile de comprendre. Il s’agit du portrait de l’absence de Jennie. Une bonne étoile brille, celle sous laquelle lui et elles ont fait en même temps leur vœu. Alors, les paysages du peintre désormais ont du charme, et donc du prix, se vendent. Il se met à peindre de plus en plus d’autres tableaux, voulant rejoindre le dernier, qui peindrait vraiment la petite fille. Un peintre, un écrivain, ne peint, n’écrit, que pour que se manifeste cette autre réalité qui manque au monde. Une autre histoire, qu’on imagine, pour qu’elle ait lieu enfin. Ce n’est ni le présent, ni le passé. On « en appelle au futur. On le fait dans l’espoir qu’il arrive. » La rencontre. Adams peint Jennie pour la revoir, là où elle sera, là où ils seront. Mais d’abord, il ne peint que des paysages, et même son atelier vide. Ce serait comme cela que Philippe Forest peindrait aussi l’absence de sa fille. Il précise : la magie ne peut opérer que pour ceux qui s’abandonnent à leur rêve, celui qui a commencé avant la naissance, celui dont il ne faut pas se réveiller, mais accepter le merveilleux sensoriel, qui rime avec l’impatience d’inconnu. Donc, le peintre ne veut surtout pas que se dissipe le mystère des apparitions de Jennie, il ne demande rien à Jennie. Et ni sans doute Philippe Forest, s’il a l’impression de la voir réapparaître, sous la forme d’une petite fille qui a changé, qui a grandi à toute vitesse, l’enfant est devenu une jeune fille, puis une jeune femme, elle est dans sa vie, ainsi elle le met dans sa propre vie à lui, singulière car sensorielle, poétique. Adams éprouve le sentiment étrange que Jennie est sortie d’une vieille histoire, toujours la même, qu’il avait oubliée, qu’elle lui rappelle, et entre les lignes, en lisant, nous comprenons que c’est une histoire sensorielle que chacun vit, à la fois la même en tant qu’histoire poétique au rythme du renouvellement du sensible, et absolument singulière pour chacun ? Alors, le peintre admet que rien ne change plus vite qu’un enfant, et chaque image nouvelle de Jennie fait disparaître la précédente. La disparition de la petite fille, morte, devient une autre sorte de disparition : en vivant. En étant habitée par l’impatience d’inconnu. Son regard sur la petite fille morte change-t-il aussi ? Et le peintre lui-même n’est plus sûr que la jeune fille qu’il peint est bien la même que la petite fille qu’il avait peint et qui venait de perdre ses parents. En faisant son enquête, il ne trouve personne pour lui dire si c’est la même (et si c’est le cas, elle ne peut être qu’une petite fille universelle, qui aurait réussi à devenir libre). Mais comme il est un artiste, il sait que ce que lui doit comprendre, c’est que la petite fille et la jeune fille sont la même personne se présentant à lui à différents âges de la vie, jouant à la marelle « entre le Ciel et la Terre, se soustrayant au temps auquel les autres sont soumis et à l’intérieur duquel elle apparaît et disparaît, venue d’un passé depuis longtemps disparu et se précipitant à toute vitesse vers un futur que seule elle semble déjà connaître. » Plus qu’un fantôme – Adams, artiste, n’y croit pas -, elle est un être humain qui évolue dans une autre sorte de temps, une sorte d’univers parallèle dans lequel elle entre et elle sort à sa guise. Et alors, personne n’est plus vivante qu’elle, et lui, il rêve, et ne veut pas se réveiller. Car c’est la nuit, et en songe que reviennent ceux qui sont partis.
Philippe Forest l’affirme : il raconte l’histoire que le roman et le film racontent. Et c’est lui qui leur donne du sens. Par miracle ou par magie. Le vœu s’accomplit. Car lui, depuis le début, grâce à chacune des histoires qu’il raconte, il peint toujours le même portrait, avec l’idée que cela rendra la vie à ce qu’il a perdu. Autrement. Lui, le lecteur, comme le peintre, veut que son rêve se poursuive le plus loin possible. Le peintre a-t-il inventé Jennie, adolescent l’a-t-il rêvée. Ou bien l’a-t-il connue enfant ? Le récit n’évoque jamais qu’elle n’existe que dans le rêve. Peu importe, car à sa façon, il l’invente. C’est lui qui la fixe sur le papier, sur la toile. Elle n’existe plus que selon l’idée que lui s’en fait. Le rapport se renverse, c’est la réalité qui imite l’image. Philippe Forest veut croire que Jennie existe. Même si d’elle personne ne sait ni où elle va. En vérité, celui qui rêve sait qu’il n’a pas plus le moyen de retenir le rêve que de retenir la vie, tout vient et s’en va comme l’Aleph. Et dans le vide et le noir, le songe scintille.
Finalement, Philippe Forest arrive au jugement que cette histoire, plus qu’inquiéter, émerveille, car c’est une histoire d’amour, une idylle à laquelle il veut croire, « la splendeur des instants qu’ils passeront ensemble, rien ne fera qu’elle n’ait pas été ».
Alors, le vent se lève et chasse les nuages, leur lourd rideau noir et blanc « glisse sur le triangle invisible de l’horizon », laissant la place à l’azur, et il découvre « le formidable spectacle d’une ville héroïquement dressée vers le ciel », et de la musique presque cacophonique monte de la fosse de l’orchestre. Comme « Concerto pour la main gauche » de Ravel, où « Rhapsody in Blue » de Gershwin. Adams peint maintenant avec euphorie, et chaque couleur a du sens, comme le jaune est la couleur du printemps, et mieux, le blond, celui des blés, du pain, de la terre, le blond de tout ce qui est bon, ce qui fait du bien, qui se mêle à toutes « les couleurs puisqu’il est au fond la clarté que la lumière allume et avive en chacune lorsque le soleil se lève ou lorsqu’il se couche », ou la place qu’il occupe entre le matin et le soir. Adams pourrait passer sa vie à peindre le portrait de Jennie, à ce tableau dont tous les autres ne sont que les études préparatoires, et il ne sait pas s’il l’aura fini un jour. Peut-être faudrait-il lui laisser la fraicheur de l’ébauche, celle du printemps où elle est née ? Adams ne veut pas finir son portrait, car ce serait comme lui dire adieu. Quelle est son « autre » raison ? Un jour, alors que depuis longtemps il est sans nouvelle de Jennie, il va à sa galerie, et montre pour la première fois le tableau. Lui-même ne sait pas ce qu’il doit penser de cette œuvre, sauf que pour peindre ainsi, avec un tel entêtement, il faut être fou. Il faut la folie. Le peintre ne peut avoir une opinion. Il doit s’en remettre à l’avis d’autrui, il doit transmettre, tel l’ensemencement de la bonne nouvelle,- c’est-à-dire que la petite fille veut vivre, elle que la mère une éternité ne voulait pas séparer d‘elle et donc la colonisait par ses cellules immortelles de mère fantasmatique toute-puissante. On ne peut s’en faire une idée que d’après l’impression que le tableau, ou le roman, font sur ceux qui les découvrent et selon ce que ce récit leur en dit, à savoir le désir de vivre plus fort que la fixation la plus archaïque de l’humanité. On lui dit à l’unanimité que c’est un tel chef-d’œuvre qu’il ne peut être destiné qu’à un musée. Le tableau, le roman, existent alors. Le peintre n’en éprouve aucune vanité, la seule chose qui compte, c’est pour lui de vérifier que son rêve n’est pas totalement fou, que Jennie existe, puisque son portrait existe. Qu’est-ce alors un « chef-d’œuvre » ? Un Aleph ? « Une image qui quoique unique semble contenir toutes autres à la fois ». Alors, le peintre cède son tableau, qui était l’image de l’image qu’il se faisait de Jennie, au musée, il « sacrifie » l’œuvre à la jeune fille, il « la fait disparaître afin qu’elle cède la place à celle qu’elle représentait », parce qu’à son art, il préfère la vie, « sa vie à elle ». C’est Philippe Forest qui le dit : « j’ai toujours cru que la vie valait mieux que l’art ». Le lendemain du jour où il vend son tableau, Jennie rejoint le peintre, les conditions étant réunis pour qu’ils soient réunis, et c’est une magnifique journée de printemps, le vent « a soufflé les nuages au loin et, tous les deux, ils souhaitent aller voir où ils vont. Vers l’océan que baigne une lumière blonde et où ils pourront profiter ensemble de la splendeur du monde. Ils s’aiment, c’est sûr ». Ni le roman ni le film ne le montrant, tout restant poétiquement et pudiquement dans le vague. Dans un conte de fées, on ne se demande rien à propos de ceux qui vont vivre heureux, dans le domaine enchanté où ils ont trouvé asile où ne s’applique « aucune des lois de la vie » sinon celle qui sert leur plaisir. Donc, Philippe Forest ignore où ils vont. Là, une « seule journée s’écoule et elle les contient toute ». Voilà : un Aleph. Et, dit Jennie, « Demain sera toujours », et aussi « Hier sera toujours », ce qui veut tout dire et ce qui ne veut rien dire, puisque c’est « toujours aujourd’hui », ce qui ne veut rien dire non plus, mais pour eux, l’heure n’est plus à se poser des questions, la journée qu’ils passent ensemble leur suffit. « Ce qui a été et que conserve le présent, ce qui sera et que promet ce même présent, et aussi « ce qui n’a pas été, ce qui aurait pu être et qui ne sera pas mais qui, mystérieusement, existe cependant en même temps ». Car l’artiste, dans son tableau, « arrête le temps qui passe. Il choisit un moment mais qui raconte toute l’histoire… Une seule image mais qui vaut pour toutes les autres », parce qu’elle est transmission, elle est ensemencement, elle est vibration de la vie qui veut vivre et qui résonne dans l’universel. Un portrait représente qui on aime et « que l’on identifie au premier coup d’œil ». Le regard, lui, lui donne un visage toujours différent « sous la lumière blonde dans laquelle il baigne et qui l’affole de reflets. On ne sait plus lequel de ces visages est le vrai et s’ils appartiennent tous à la même personne qui n’est elle-même qu’une multitude de personnes qu’éparpille le temps, que disperse le vent et dans lesquelles c’est toujours une autre, un autre, pourtant le même, que chacun à son tour reconnaît ». C’est le regard qui reconnaît à l’œuvre si elle a atteint une universalité. Sa petite fille disparue est venue dire à Philippe Forest alias le peintre ou l’auteur du roman et du film qui en a été tiré que lorsque le portrait qui sera fait d’elle s’irradiera de son désir de vivre à travers la lumière blonde du printemps, réussissant à le faire sentir à l’infinité d’humains qui regarderont le tableau – ou liront le roman, ou verront le film – alors ce sera l’assomption de son désir de vivre à elle car résonnant pour la première fois avec la reconnaissance du désir de vivre de chaque humain, reconnaissant à celui-ci partout sur terre une importance collective. Sinon, dit la petite fille disparue, elle, elle ne peut pas vivre, et ni le garçon ne peut vivre, ils sont toujours prisonniers du ventre qui jouit de les reproduire et qui, seul, accaparerait cette importance collective comme la fixation la plus archaïque en aplomb de l’humanité (parce que depuis la nuit des temps perdure la fascination à l’égard du sexe féminin qui seul a le pouvoir de reproduire la vie, et cette toute-puissance biologique des femmes par leur corps différent castre les hommes, leur inflige une humiliation originaire comme si elles les menaçaient de ne jamais reproduire le garçon, et la petite fille non plus ne peut pas vivre puisqu’aussitôt elle est réduite à l’identité de mère toute-puissante, cette folie qui la reprend en arrière et la fait disparaître). Mais dans ce livre, « Et personne ne sait », cette petite fille disparue est venu demander à son père de faire le portrait de la petite fille qui veut vivre, et qui lui dit qu’elle ne le pourra que si l’œuvre réussit à faire résonner le désir universel de vivre, que si c’est l’humanité entière qui y entend vibrer, juste en le regardant, sa libération d’avec la fixation la plus archaïque, que si son blocage en adolescence dont parle Octavio Paz dans « Le labyrinthe de la solitude » est enfin détruit, libéré. Le peintre abandonne le tableau au musée parce que celui-ci a atteint un sens universel, vient faire vibrer de reconnaissance chaque cœur comme le désir victorieux de vivre.
Philippe Murray remarque que, curieusement, dans ce musée de New York, il y a beaucoup de portraits, surtout des femmes, dans une élégante société qui s’enchante de son image « complaisante ». Mais il y a aussi beaucoup de paysages, et ceux-ci montrent, en ce temps de colonisation où les Indiens disparaissent du visible, « la sauvagerie superbe d’un continent qu’aucun effort n’a encore réussi à civiliser tout à fait ». Or, poursuit-il, paysages et portraits ne s’opposent pas, un portrait donne de l’ampleur au paysage, et un « paysage n’a de force que si, à la nature, il accorde une âme et l’exprime ». Les peintres de cette époque ont peint une remontée de la rivière en s’aventurant parmi les vestiges d’une civilisation disparue (Indienne et autres ?) encore plus ancienne que les ruines de l’ancienne Europe (que les colons du Nouveau Monde ont laissée pour ne plus jamais revenir), les colons allant plus loin vers l’Ouest, peignant les hautes montagnes, ils « ont peint l’espace sublime au regard duquel le temps n’existe pas ». Ils ont peint la remontée vers la fixation la plus archaïque, et alors le temps de la naissance n’existe pas ? Pourtant, les artistes américains, c’est dans le Vieux Continent qu’ils viennent chercher une autre idée du plein air, celle de l’impressionnisme français. Et Ainsi, l’Amérique ressemble à l’Europe. Mais d’autres artistes ont inventé autre chose : les luministes. L’événement de cette lumière d’un autre monde après la traversée de l’hiver, le blond du printemps, de la naissance. Alors que la guerre de Sécession, « la première des grandes guerres modernes », va commencer. L’orage va éclater. « Sur l’anneau blond du rivage au milieu duquel brille la grande flaque noire de l’eau où se répète le ciel, la couleur resplendit d’autant mieux sous la lumière qui ne sait pas encore éteinte, dont on ne sait trop d’où elle vient et qui, mystérieusement, semble émaner de la terre ». La terre où les humains veulent vivre nés, et non plus retenus dans le liquide amniotique, dans ce tableau de la baie de Narragansett, qui forme une sorte de lac, dont l’eau est noire comme l’encre, un homme un peu voûté regardant l’océan.
Mais c’est à contrecœur que Philippe Forest livre la fin du roman dont il parle : la mort des amants. Le peintre Adams quitte New York, s’installe sur la côte, peint ce qu’il a sous les yeux, l’océan, sans en avoir jamais assez. Personne, dit-il, ne connait la vraie couleur de cet océan, et rien n’est plus difficile à peindre que l’eau. Seule la surface peut se représenter, à condition de laisser voir en transparence d’où lui vient sa vibration, la chair sous la semblance de la peau, la profondeur, l’épaisseur qui bouge. Mouvement de la marée, comme le flux et le reflux du sang dans les veines.
Observant le jeu des enfants sur la plage, il est témoin que, lorsque la vague va et vient, les enfants imaginent que son mouvement dépend de leurs jeux, et donc, ils s’amusent à faire apparaître et disparaitre le monde à mesure que l’eau couvre et découvre le sable sur la plage. Ils ont naïvement compris que la vague est indispensable à l’équilibre des choses, et pour celui-ci, il faut que s’en aille ce qui vient, et que revienne ce qui s’en va. C’est ça, l’impatience du nouveau, qui s’en va aussitôt si les choses s’immobilisent sur ce qui vient. Ainsi, dans le film et le roman, le peintre passe une dernière journée avec Jennie et une fois de plus elle a disparu, peut-être dans la lointaine Europe. Il peint « le pays où il a dit adieu à Jennie », il peint son tableau « comme un piège qu’il prépare et auquel il voudrait la prendre à nouveau. Afin de la forcer à revenir ». Les signes que le peintre ou l’écrivain prend au monde, dit Philippe Forest, « il s’en sert pour inventer un autre monde, imaginaire, afin que le monde, le monde réel, se conforme à l’apparence qu’il lui donne et qu’il se soumettre au désir que, secrètement, il exprime ». Le désir de vivre ? « Pour que l’histoire ne finisse pas et que reviennent à la vie ceux dont elle parle. Et tous les autres aussi qui, avec eux, viendront y reprendre leur place » ?
Jennie lui avait dit : « Demain sera toujours », « Hier sera toujours », « Le passé ne passe pas. Pas plus que l’avenir ne s’en va. Le premier ne se situe pas plus derrière soi que le second devant ». L’Aleph, dans son rythme de premiers pas qui sont aussi des derniers pas, garde infinie la réserve de choses sensibles inconnues dont est impatiente la vie se vivant. Le récit, de son commencement à sa conclusion doit donc donner « l’impression que toutes ses péripéties successives sont cependant simultanées et qu’on pourrait en modifier l’ordre sans rien y changer. Le point ainsi trouvé où tout s’équilibre et depuis lequel, dans une direction ou bien dans une autre, on peut tout contempler à sa guise. Si hier et demain seront toujours, il n’est aucun passé que le présent puisse modifier mais il n’est aussi aucun présent non plus dont ne naisse un avenir nouveau ».
Donc, le peintre peint pour que Jennie lui revienne, et on ne sait pas qui sauvera l’autre du vide dans lequel il vit, même si le peintre s’imagine que c’est lui qui aura le beau rôle, qu’il « arrachera la jeune femme aux limbes depuis lesquelles elle lui rend visite ». En effet, la femme n’existe pas encore, si elle est forclose en poupée-gigogne avec la fantasmatique mère toute-puissante de la fixation, si en tant que petite fille libre elle disparaît pour reproduire le destin de mère qui procure tant de sentiment de fantasmatique toute-puissance aux femmes. La femme est dans les limbes. Le peintre – alias Philippe Forest – s’imagine faire comme « quand, petite fille, il l’a prise par la main et lui a montré le chemin qui menait hors de la forêt, sombre et enneigée, où elle paraissait perdue. La délivrant du maléfice qui la condamnait à sa condition de fantôme. Comme dans un conte de fées ». La toute-puissance du nom-du-père, diraient les psys. La femme comme une éternelle mineure. Qui ne pourrait pas d’elle-même exister librement. Or, Philippe Forest arrive au jugement que c’est l’inverse, que c’est Jennie qui sauve le peintre, qui le délivre, c’est lui, plutôt que la petite fille, qui était perdu, qui, sans le savoir vraiment s’était égaré (comme Franz Kafka qui, dans « Le lettre au père » disait de lui qu’il était un égaré fondamental), silencieusement il attendait que quelqu’un vienne à son secours en faisant cesser l’hiver ensommeillé de sa vie (l’homme, par la castration originaire parce que la mère est seule toute-puissante, donnant la vie et lui non, est dans l’hiver éternel d’une non importance collective). « Jennie, mystérieusement, surgie de nulle part, est venue vers lui. Elle lui a rendu le goût de peindre et puis celui de vivre… Comme dans un conte de fées où c’est une fée aux allures de femme et d’enfant qui, d’un coup de sa baguette, fait s’effacer le cercle enchanté au sein duquel le magicien, maladroitement, s’était lui-même enfermé ». C’est lui, depuis le début de l’histoire, le fantôme, celui qui ne peut pas avoir d’importance collective, l’homme, qui est mort depuis le début de l’histoire. Dans un vrai roman, à la fin, l’histoire se retrouve à l’envers. On pourrait dire, un rebattage absolu des cartes.
Adams peint de grands paquebots, tandis que Jennie est partie pour l’Europe, en lui disant qu’elle reviendrait. Elle agite sa main, et on ne sait pas si ainsi elle annonce son retour ou lui dit adieu. Pour que l’histoire se termine, il faut que tout se termine avec elle. Un ouragan éclate, ce qui avait vocation à disparaître, il en délivre le monde afin de faire la place nette, le mauvais temps passé, restituant la nudité dévastée d’où pourra renaître la réalité. Un ouragan de cette ampleur, seuls les anciens s’en souviennent. C’est le tohu-bohu originel des Ecritures, ou le Déluge, le Créateur, mécontent de sa création où Eve a été créée à partir de la côte d’Adam, où il y a la chute à cause de la pomme, barbouille l’univers de noir et de bleu. Le ciel est zébré d’éclairs verts, d’une clarté lactescente révélant le défaut de lumière « qui gît au fond des apparences et qui se manifeste quand le monde se défait de tout ce qui lui donnait son éclat. Le vert « de tout ce qui se décompose et dont se retire la vie, le vert de la chair lorsque sur les cadavres elle prend l’allure du marbre, le vert de l’asphyxie et celui de la noyade ». On pourrait dire que les humains, entendant leur « désir de vivre non renonçable » en regardant le portrait de Jennie voient en même la couleur verte de la cadavérisation de leur vie jusque-là en réalité morte, non donnée à la lumière.
Alors, la fin de l’histoire est-elle celle où la vague déferlant sur le rivage rend la jeune fille à l’homme qu’elle aime ? Le peintre parcourt la côte, convaincu que Jennie est là, qui l’attend. Seul, le grand phare émerge de l’obscurité, le peintre gravit l’escalier en spirale pour d’en haut l’apercevoir. Mais nulle trace de celle qu’il cherche. Il redescend. En bas, s’accrochant comme elle peut aux rochers, il y a Jennie. Ils se disent que plus rien ne les séparera. Mais une lame plus forte que les autres, tandis qu’il essaie de sortir Jennie des eaux glacées, lui fait perdre conscience. Fin très mélodramatique. Jennie serait-elle en réalité morte depuis longtemps. Ou bien n’était-elle qu’un rêve ? Adams le peintre se réveille dans une cabane, on pense qu’il a toujours rêvé la jeune fille qu’il a peinte. Mais il ouvre sa main, et il montre le foulard froissé et trempé que Jennie, petite fille, portait lors de leur première rencontre. Comme preuve que son rêve était aussi vrai. Mais ne pourrait-on pas dire que c’est une jeune femme générique, celle qui depuis la nuit des temps veut vivre, et en même temps celle qui, en chaque femme, veut vivre ? Et que, si elle n’a encore jamais pu vivre, c’est en effet difficile de faire son portrait, puisqu’elle ne « sera née » que dans le futur, par la prodigieuse gerbe d’énergie d’une humanité désirant qu’elle vive, c’est-à-dire que la fantasmatique mère toute-puissante ne l’empêche plus de vivre, et donc, ne gèle plus l’humanité au stade adolescent ?
Dans le musée, un tableau du XXe siècle, mais curieusement pas dans l’aile américaine. Une toile de Edward Hopper, On ne voit pas l’océan, et le phare est une forteresse blanche juchée au sommet d’une colline, sur le faîte de la falaise, ses lignes se détachant sur le ciel. Sur une toile de Winslow Homer, un homme lutte contre les éléments, la mer, les secours ne venant pas. Sur une autre toile, une femme du peuple tient tête au flot menaçant, tandis que sur son navire de pêche, les hommes de sa famille se battent contre la tempête. Mais son tableau le plus connu et impressionnant est celui où il ne montre que la mer déchaînée. Au départ, il avait peint parait-il deux personnages, puis les a fait disparaître. Et reste seule la « mère » déchaînée ?
Il est préférable, dit Philippe Forest, à propos d’un tableau, d’en savoir le moins possible, de ne jamais se soucier de ce qu’il signifie, parce que ce « qui a été rêvé par un autre, chacun le rêve à son tour et c’est ce second rêve qui rend sa réalité au premier. Tant qu’il se trouvera quelqu’un pour rêver et ainsi pour faire en sorte que, même le dernier mot posé au bout du roman, même le dernier plan montré à la fin du film, même la dernière touche appliquée sur la toile… l’histoire, loin d’être terminée, recommencera pour chacun de ceux auxquels elle fut racontée par quelqu’un, pour chacun de ceux qui à la suite la raconteront à quelqu’un d’autre ? Si c’est bien, et je le crois cette fois, la seule leçon qui mérité d’être tirée ». Fil d’Ariane de la transmission d’un ensemencement du désir de vivre, qui « se sera débloqué » par le désir de vivre de la petite fille qui avait été condamnée à ne pas pouvoir vivre. Philippe Forest dit que, de livre en livre, il cherche désormais l’histoire la plus simple, qu’il appelle « l’histoire parfaite », qui ressemble plus à un conte de fées qu’à un roman, à une chanson que chantent les enfants. Bien sûr, dit-il, il échoue à la trouver. Peut-être parce que c’est à la petite fille qui veut vivre de la raconter, non pas son père, qui veut être son sauveur, n’ayant pas foi en ses propres forces à elle ? Il dit que personne ne sait rien de la vie ni de ce qu’elle signifie, mais que ce vide est vrai. Le vide est vrai, en regard de la masse blanche circonvenant comme la fixation la plus archaïque de l’humanité, et dont parle Antonin Artaud. Le vide raconte sa disparition.
Alice Granger



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