Du meurtre du père à celui… comme une traînée de poudre…

Une mère qui sera appelée la Dame sans qu’elle ait plus d’identité et ses trois enfants aux prénoms archaïques : Nanthilde, Marovée et Vénérande. A peine le père, maîtrisé par ses deux autres enfants, est-il abattu d’un coup de fusil par Nanthilde cet l’homme haï est remplacé par un inconnu qui se présente opportunément comme homme à tout faire. Waldebert ne tardera pas à prendre la place laissée vacante à la table familiale. Il devient ainsi une sorte de père de rechange autour de qui la Dame et ses trois enfants recomposent une famille sur laquelle pèse un lourd silence.

Ce silence comme un non-dit, un indicible porté par un texte où la langue (la Dame - qui perçoit toutes les sibilances de la matière sonore), la Dame qui pensait que ce qui se jouait hors de la maisonnée n’était pas de son ressort, un roman audacieux qui laisse peu de place à la transparence du récit, mais au contraire invite le lecteur à interpréter une langue toute de métaphores. On repèrera, sans doute, à propos de Waldebert la vision qu’en a Nanthilde [Et il y a cet homme aux yeux d’aube incolore et ses traits qui se brouillent parfois comme un palimpseste], on y verra la confirmation de la relation centrale du binôme Nanthilde-Waldebert. On retrouvera cette complicité dans l’aveu :

Vous avez fait de la prison ? lui demande Nanthilde Pour meurtre ? […] Moi aussi je devrais y croupir [….] Waldebert hésita un instant et dit : Je sais.

La juxtaposition de courts chapitres donne au texte un rythme qui contribue à détacher le récit de l’illusion romanesque. Le lecteur pris au piège se laisse entraîner par l’écriture de Bénédicte Heim jusqu’à la toute dernière page. Et bien malin qui prétendra avoir deviné la conclusion pourtant annoncée dès l’entrée en scène de Waldebert.

A vous de lire ce petit bijou. N’hésitez pas à rendre compte de votre lecture !